Le NPA prépare la trahison des luttes des travailleurs de l’automobile

Les entreprises automobiles utilisent les attaques draconiennes contre les travailleurs de l'automobile et l'augmentation d'usines automobiles en Europe de l'est, Asie et Afrique du nord, pour monter une offensive contre les travailleurs automobiles européens. Dans ses efforts pour baisser les salaires et les prestations des travailleurs automobiles internationalement, les patrons de l'automobile et les gouvernements nationaux comptent sur les services des dirigeants syndicaux et de leurs défenseurs politiques dans les partis de la classe moyenne tel le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France.

Les 28 et 29 mai s’est tenue une conférence européenne de l’automobile à Amsterdam regroupant plusieurs organisations syndicales et des représentants du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Y étaient présents le candidat du NPA à l'élection présidentielle française de 2012, Philippe Poutou du syndicats CGT-Ford, des bureaucrates du syndicat stalinien italien FIOM de chez Fiat, des représentants syndicaux polonais de Fiat et Opel et Diane Feely, une sympathisante du syndicat American United Auto Workers (UAW.)

Selon le document ressorti de la conférence d'Amsterdam et publié par le NPA, il y aura collaboration et échange permanents d’idées entre les différents syndicats et organisations présents à la réunion. Le document déclare : « Nous avons décidé de mettre en place un réseau permanent d’information ouvert à tous les courants et militants qui refusent d’accompagner la crise du patronat de l’automobile ».

Bien qu’adoptant un ton contestataire contre la dégradation du niveau de vie de la classe ouvrière dans différents pays, cette réunion n’était en fait rien d’autre que la préparation d’une attaque plus vaste contre les travailleurs de l’automobile en Europe. Son objectif était de préparer davantage de défaites en liant les travailleurs de l'automobile à la perspective consistant à subordonner les travailleurs aux bureaucraties syndicales corrompues afin d'empêcher une lutte politique de la classe ouvrière.

Cette réunion s'est tenue deux semaines avant l’annonce aux travailleurs du groupe PSA Peugeot Citroën que cette compagnie compte fermer 3 usines : celle d’Aulnay-sous-Bois (3600 salariés), l’usine de Sevel Nord (2800) et enfin l’usine de Madrid (3100 emplois).

Ces fermetures font partie d’un projet mondial élaboré par PSA, appelé « compactage des usines. » Il s'agit d'un projet de réorganisation massive de l’industrie automobile, dans une situation de concurrence impitoyable, exacerbée par la crise économique mondiale, notamment en France. Selon les statistiques de l’OICA (Organisation internationale des constructeurs automobiles), la production industrielle de véhicules en France a chuté de 3 015 854 en 2007 à 2 227 742 en 2010.

C’est le résultat d’une série de délocalisations et de fermetures d’usines en France, notamment après le krach financier de septembre 2008. Cette politique avait été planifiée lors des « Etats-Généraux de l’Automobile », organisés par le Président Nicolas Sarkozy avec des industriels et syndicalistes de l’automobile et des financiers français et arabes au début de 2009

Le NPA avait apporté son soutien à cette offensive des employeurs et des syndicats contre la classe ouvrière. En 2009, le NPA avait soutenu les primes de licenciement comme étant une victoire pour les travailleurs, même s'ils avaient perdu leur emploi. Le NPA s'était opposé à une lutte politique des travailleurs pour sauver leurs emplois. Une telle lutte n’aurait été possible que si elle était menée indépendamment de la CGT et contre elle.(Voir: France : Comment « l'extrême-gauche » trahit les travailleurs L'expérience de Goodyear et de Continental)

A présent, le NPA sera en discussion permanente avec des membres d’organisations qui mettent en place des attaques massives contre les travailleurs—un fait que la déclaration tente d’escamoter derrière un jargon diffus et pédant. Le NPA ne critique pas ces organisations et collabore avec elles parce qu’il cherche à perpétrer des attaques similaires en France.

Le silence sur le rôle de l'UAW aux Etats-Unis est particulièrement significatif. Feely est membre du groupe politique Solidarity et a oeuvré avec sa collègue Wendy Thompson, présidente du Local 235 à American Axle, pour lier la grève de 2008 chez American Axle à l'UAW international qui a poignardé la lutte dans le dos. Elle a ensuite participé à l'organisation Autoworkers Caravan qui prétendait que les travailleurs devraient lutter pour que le gouvernement Obama accorde un plus grand rôle à la bureaucratie de l'UAW lors de sa restructuration de l'industrie automobile américaine en 2008.

Son organisation continue à faire tout son possible dans les négociations actuelles de contrats de l'UAW pour bloquer toute rébellion contre l'UAW et une lutte politique de la classe ouvrière.

Le document du NPA sur la conférence d'Amsterdam ne souffle mot de la trahison du syndicat UAW, qui a collaboré à la restructuration de l’industrie automobile par le gouvernement Obama.

L’UAW a même profité de la déclaration de faillite de Chrysler pour devenir un actionnaire important de la firme américaine. L’UAW détient également 17,5 pour cent de GM (General Motors), ce qui en fait le deuxième actionnaire après l’Etat. Les actifs du syndicat sont eux, passés de 1.1 à 1.2 milliards de dollars. Selon le ministère américain du Travail, l’UAW a dépensé en 2009, 96 millions de dollars en salaires pour ses représentants, ses responsables régionaux, ses organisateurs et autres collaborateurs.

En échange de ces rentrées d’argent pour l’UAW, le syndicat a imposé la fermeture de dizaines d'usines GM aux Etats-Unis et internationalement, et la suppression de dizaines de milliers d'emplois. Il a donné son aval à une réduction de moitié des salaires des ouvriers nouvellement recrutés aux Etats-Unis.

La préoccupation principale de l’UAW est de mener une politique qui exclut toute lutte contre les patrons de l’automobile qui mènent l’exploitation féroce des ouvriers de l’automobile aux Etats-Unis. Toutes les tentatives de lutter contre les compagnies automobiles et contre l’UAW se sont heurtées à une opposition féroce de la part du syndicat.

En 2007, l’UAW International avait destitué en bloc le comité de négociation du Local 3520 de l’UAW à Cleveland et s’était arrangé pour que Freightliner les licencie pour avoir mené « une grève non autorisée. » La grève surprise – contre les baisses de salaires et de prestations sociales pour lesquelles l’UAW avait secrètement donné son accord – avait été décidée après que les membres du syndicat avaient voté à 98,4 pour cent en faveur de la grève.

Des responsables de l’UAW étaient alors venus pour briser la grève et n’ayant pas réussi à convaincre les ouvriers d’accepter ces baisses, ils avaient, avec la direction de l’usine, fait circuler des pétitions pour un nouveau vote. Utilisant la menace de licenciements, le contrat fut passé en force lors d'un second tour de scrutin.

Ces graves attaques ont des répercussions à l’échelle internationale. En Europe et en France, il y aura une offensive contre les travailleurs, résultant de la réaction de la bourgeoisie européenne à la restructuration de l’industrie automobile américaine.

La présence du syndicat italien FIOM à la conférence d'Amsterdam est particulièrement révélatrice. Ce syndicat a aidé Fiat, actionnaire important de Chrysler avec l’UAW, à importer en Italie le type d’attaques employées par Chrysler, l’UAW et Obama contre les travailleurs de Détroit.

Les contrats passés par FIOM et les autres syndicats dans les usines de Fiat comportent des mesures comme l’allongement de deux heures de la journée de travail sans contrepartie salariale ; le passage de 40 à 120 heures supplémentaires obligatoires par an ; et l’abolition de la négociation nationale pour entériner le principe d’une négociation dans chaque usine. Le PDG de Fiat, Sergio Marchionne, avait menacé de délocaliser l’activité de Fiat vers la Pologne si les travailleurs n’obtempéraient pas.

Le document du NPA déclare : « Les offensives patronales visent d’abord les syndicats qui affrontent directement leur politique, mais s’étend aujourd’hui à l’ensemble du droit du travail et des organisations syndicales. » En fait, ceci est un mensonge ; aucun syndicat de l’automobile n’a été brisé, ni en Italie ni aux USA. La direction de toutes les entreprises en question a collaboré avec les syndicats pour mettre en place des contrats attaquant massivement les salaires et les droits sociaux des travailleurs.

Les attaques par l’Etat et les entreprises automobiles ne sont pas dirigées contre les syndicats mais, avec la complicité des syndicats et du NPA, contre les travailleurs. Ceci souligne l’importance d’une lutte, à la fois politique et sur son lieu de travail, du prolétariat, indépendamment des syndicats et des partis politiques petit-bourgeois tel le NPA, pour faire tomber les gouvernements anti-ouvriers et nationaliser l’industrie automobile sous contrôle ouvrier.

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