La grève étudiante du Québec et la lutte mondiale pour défendre l’éducation

La grève partout à travers la province par les étudiants des universités et des cégeps (collégial et pré-universitaire) a reçu un grand appui populaire et a engendré des manifestations de solidarité dans des dizaines de villes à travers le Québec.

Les étudiants du Québec ont défié la loi 78, une loi antidémocratique, qui a pour but de criminaliser toute manifestation. Le gouvernement libéral de Jean Charest a répondu par la répression policière et l’arrestation de centaine d’étudiants. Le gouvernement se prépare maintenant pour une répression encore plus grande afin de briser la grève au moment même où la date butoir de la mi-août pour la reprise des cours approche à grands pas.

La lutte des étudiants au Québec fait partie d’une résistance grandissante contre l’assaut sur l’éducation publique à travers le monde. Dans les derniers jours, des dizaines de milliers d’étudiants ont été impliqués dans des manifestations au Mexique et au Chili contre des coupes dans le financement de l’éducation. En Grande-Bretagne, des centaines de milliers de personnes ont marché contre la multiplication par deux des frais universitaires. Aux Etats-Unis, des étudiants en Californie, à New York et dans d’autres états ont organisé des manifestations de masse.

Dans chaque pays, les élites du milieu des affaires et financier tentent de revenir en arrière, de ramener la société à la période sombre où seulement les fils et les filles des riches avaient accès à l’éducation publique et supérieure. Rien n’expose mieux la faillite du système capitaliste que son incapacité à fournir aux jeunes une éducation et un futur stable.

Dans les médias, il y a de plus en plus de référence à la « génération perdue » tandis que le chômage des jeunes en Grèce et en Espagne atteint maintenant plus de 50 pour cent et que les jeunes de tous niveaux d’éducation confondus partout dans le monde n’ont que peu ou pas de perspectives d’avenir. Aux Etats-Unis, la moitié de tous les diplômés des collèges sont sans-emploi ou sont contraints à travailler pour de bas salaires afin de payer leurs prêts étudiants. Des écoles sont fermées, des professeurs sont congédiés et l’éducation publique est de plus en plus subordonnée à la défense des profits.

Aux Etats-Unis, un éminent professeur à une école de commerce a récemment proposé que les étudiants collégiaux signent des contrats exécutoires avec des investisseurs privés pour financer leur éducation. En retour, les étudiants seraient obligés de payer à des capitaux-risqueurs une partie de leurs futurs salaires tels des serviteurs inféodés.

La destruction de l’éducation publique fait partie d’attaque plus large sur tous les gains arrachés à la classe dirigeante pendant plus d’un siècle de lutte par la classe ouvrière. Dans toutes les régions du monde, la santé, les retraites et les autres services sociaux essentiels sont coupés jusqu’à l’os. Que ce soit, Charest, Obama ou Hollande, le refrain est le même : « Il n’y a pas d’argent » pour les services essentiels ou un niveau de vie décent.

C’est un mensonge. Des billions ont été trouvés pour sauver les banques à travers le monde, gonfler les profits des entreprises majeures et financer la machine de guerre. Depuis le krach de Wall Street en 2008, les gouvernements capitalistes partout dans le monde ont organisé le plus grand transfert de richesse des masses vers les riches de toute l’histoire. Aujourd’hui, le 0,002 pour cent le plus riche de la population mondiale contrôle une richesse combinée qui est équivalente au produit intérieur brut du monde entier.

Les étudiants québécois ont insisté pour dire que l’éducation est un droit social. Mais, la lutte pour obtenir ce droit les place en conflit avec tout le système économique et politique. Si le capitalisme ne peut garantir le droit à un futur décent pour les jeunes et à un niveau de vie décent pour les travailleurs qui produisent la richesse de la société, il doit être jeté à la poubelle.

La seule force sociale capable de réaliser cette transformation révolutionnaire et de réorganiser la vie économique sur base des besoins humains et non du profit privé est la classe ouvrière. C’est pourquoi depuis le tout début de la lutte, toutes les ressources politiques et de propagandes de la classe dirigeante ont été mobilisées pour empêcher les étudiants de se tourner vers les travailleurs. Ce que la grande entreprise et ses serviteurs politiques craignent d’abord et avant tout est que la grève étudiante devienne le catalyseur pour un mouvement plus large des travailleurs contre les mesures d’austérité sauvages des gouvernements de Charest et Harper.

Les étudiants se sont fait répéter que les travailleurs sont indifférents et même hostiles à leur lutte. Rien n’est plus loin de la réalité. Les manifestations de masse qui ont suivi le passage de la loi 78 montrent que les travailleurs voient l’assaut sur les étudiants comme une attaque contre toute la classe ouvrière.

Mais, les syndicats sont opposés à une lutte contre le système de profit et les partis de la grande entreprise. Fonctionnant depuis longtemps comme une police des ouvriers pour le compte des entreprises et du gouvernement, les syndicats ont rejeté toute « grève sociale » pour défendre les étudiants. Plutôt, ils ont ordonné à leurs membres de respecter la loi 78. Au même moment, les syndicats soutiennent l’élection du Parti québécois sur la base du mensonge que ce parti capitaliste est une alternative aux libéraux. Lorsqu’il a été au pouvoir, cependant, le PQ a imposé des attaques sauvages contre les services sociaux et les travailleurs en grève.

Un tournant des étudiants vers la classe ouvrière signifie une lutte pour aider les travailleurs à rompre avec le contrôle de ces syndicats proentreprises et des partis qui défendent ces mêmes entreprises. Cela signifie une lutte pour mobiliser la force de la classe ouvrière au niveau politique et dans les lieux de travail et pour l’organiser de manière indépendante.

Le mouvement pour défendre l’éducation publique peut aller de l’avant seulement s’il devient un mouvement de la classe ouvrière en entier pour défendre et améliorer l’emploi, les salaires les soins de santé et les retraites. Les étudiants doivent lutter pour faire le lien entre leur lutte et les attaques sur l’ensemble de la classe ouvrière.

L’expérience des derniers mois a exposé la banqueroute de la perspective des associations étudiantes du Québec, incluant CLASSE, qui a tenté de limiter la lutte aux étudiants seulement et qui a accepté le cadre du nationalisme québécois et du système de profit. Leurs prétentions que des manifestations encore plus grandes forceraient Charest à reculer ont été prouvées comme étant fausses.

Avec la date butoir de la mi-août pour reprendre les cours qui approche à grands pas, il y a une reconnaissance de plus en plus grande parmi les étudiants qu’ils ne peuvent mener cette lutte seuls. Les étudiants doivent rejeter le nationalisme québécois et se tourner vers la classe ouvrière à travers le Canada, ainsi qu’aux Etats-Unis et internationalement.

La lutte pour défendre l’éducation peut aller de l’avant seulement comme une lutte pour le socialisme ; cela veut dire de retirer les banques et les entreprises des mains de la classe dirigeante et de les diriger démocratiquement. La défense des droits sociaux des travailleurs et des étudiants peut être réussie seulement sur la base de la lutte pour l’égalité sociale, la fin de la dictature économique des banques et la réorganisation rationnelle des ressources de la société.

L’Internationale étudiante pour l’égalité sociale se bat pour ce programme. Nous appelons tous les étudiants et les jeunes qui sont sincèrement dévoués à défendre l’éducation publique à se joindre à l’IEES et à entreprendre la lutte pour le socialisme.

Article original paru en anglais le 2 juillet 2012

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