Québec : La CLASSE et les fédérations étudiantes accueillent l’élection d’un gouvernement péquiste

L’élection d’un gouvernement minoritaire du Parti québécois, qui s’est engagé à abroger la loi 12 (projet de loi 78) et la hausse des droits de scolarité universitaires du précédent gouvernement provincial libéral, a été accueillie par les associations étudiantes proches du PQ et par la CLASSE.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont, sans surprise, célébré l’élection du Parti québécois (PQ) et ses récents engagements favorables en apparence aux étudiants en les qualifiant de « victoire pour tous les étudiants du Québec ».

En apparence, parce que la campagne électorale du mois dernier, qui a mené à l’élection de l’autre parti traditionnel de la grande entreprise québécoise, a été utilisée par l’élite dirigeante pour casser la plus longue grève étudiante de la province, un mouvement qui menaçait de s’étendre à la classe ouvrière suite à l’imposition de la loi 12.

L'élection a été le moyen utilisé par l’élite dirigeante, en plus de la violence et de mesures antidémocratiques comme la loi 12, pour détourner l'opposition populaire dans des voies inoffensives pour l’ordre établi. Le mouvement d'opposition a été canalisé derrière le PQ, un parti qui a imposé les plus grandes coupes sociales de l’histoire du Québec à la fin des années 1990, et qui s'est engagé durant la dernière campagne électorale à réduire les programmes sociaux en les empêchant de croître de plus de 2,4 pour cent par année.

Les syndicats ont joué le rôle clé pour étouffer la grève étudiante alors que celle-ci trouvait un écho favorable parmi les travailleurs. Les syndicats se sont engagés à respecter la loi 12 et ils ont maintenu les étudiants isolés en s’opposant farouchement à l’idée d’une grève sociale. Refusant de mobiliser leurs membres en soutien à la grève, ils ont pressé les étudiants d’appuyer le PQ avec le slogan : « après la rue, les urnes ».

Québec solidaire (QS) et la pseudo-gauche québécoise ont aussi servi à véhiculer le mythe que les étudiants et la classe ouvrière pouvaient faire des gains significatifs à travers une élection qui prenait place sous le thème de l’austérité sociale. QS a été l’une des principales meneuses de claques pour le PQ en souhaitant un gouvernement minoritaire de ce dernier où il aurait détenu la balance du pouvoir. QS avait préalablement exprimé son désir de faire des alliances électorales avec le PQ, même si ce dernier a refusé pour ne pas ternir sa réputation de parti responsable sur lequel la bourgeoisie pourrait compter à nouveau.

La FECQ et la FEUQ ont fait campagne pour que leurs membres abandonnent la grève et se tournent vers les élections, tout en faisant la promotion du PQ. La CLASSE, tout comme la FECQ et la FEUQ, avait affirmé qu’une élection du PQ serait une victoire pour les étudiants. Maintenant, la CLASSE annonce sur son site qu’elle « accueille avec prudence l’élection d’un gouvernement minoritaire péquiste et salue la décision de Pauline Marois d’annuler la hausse des frais de scolarité et d’abroger la loi 12 ».

Marois a aussi annoncé l'annulation d'une hausse de $39 millions des bourses pour étudiants à faible revenu qui avait été promise par le gouvernement libéral précédent pour dorer la pilule de l'augmentation des droits de scolarité.

La CLASSE a beau se montrer « prudente », le fait qu’elle accueille le résultat de l’élection la place dans le même camp que ceux, comme les syndicats, qui ont étouffé la grève en ramenant le vaste mouvement d’opposition populaire derrière le PQ.

La réalité est que le PQ, les syndicats et la pseudo-gauche, ont été appelés en renfort pour étouffer un vaste mouvement d’opposition qui menaçait de sortir des cadres de la politique officielle. L’élection du PQ est le résultat de la défaite du mouvement étudiant, et non de sa supposée victoire.

Pour que l’on puisse parler d’une véritable avancée de la lutte des étudiants, il aurait fallu que ceux-ci cherchent à faire de ce mouvement étudiant l’étincelle d’une lutte qui aurait été menée par la classe ouvrière. Pour mobiliser les travailleurs, il faut une lutte consciente contre le programme généralisé d’austérité de l’élite dirigeante qui est défendu par les gouvernements du Québec, du Canada et de l’ensemble des pays occidentaux. Cela implique que la classe ouvrière rompe avec les syndicats, des organisations procapitalistes qui la maintiennent enchaînée au statu quo.

Même si elle amorcé la grève, la CLASSE a contribué à l’étouffer en s’opposant à cette perspective. Elle a refusé d’émettre la moindre critique des syndicats lorsque ceux-ci ont rejeté la « grève sociale » et elle a limité la lutte à la seule question des droits de scolarité dans la province du Québec. Aujourd'hui, la CLASSE se dit prête à participer à un sommet sur l'éducation et à servir ainsi de couverture politique au PQ pour la mise en œuvre de ses plans d'austérité sociale.

C'est à travers un sommet « national » sur le financement et la gestion des universités que le PQ va proposer le dégel des frais de scolarité en les indexant à l’inflation. Marois a également souligné qu'un tel sommet, qui sera dominé par les gestionnaires des universités et les représentants du patronat et du gouvernement, serait libre de faire ses propres propositions sur la question des droits de scolarité.

Le PQ a une expérience particulière dans ce type de sommets, qui servent à créer un cadre dans lesquels des politiques impopulaires peuvent être imposées. En 1996, par exemple, la CSN et les autres centrales syndicales ont participé au sommet socio-économique du gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, donnant leur soutien à des coupes drastiques dans les dépenses sociales au nom du «déficit zéro». Les retraites anticipées prévues dans ce plan ont été utilisées par le gouvernement pour éliminer des dizaines de milliers de postes dans les réseaux de la santé et de l'éducation.

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