Le Parti québécois s’apprête à déposer un budget d’austérité

Le gouvernement péquiste du Québec, au pouvoir depuis deux mois, va déposer un budget d’austérité mardi prochain.

Habituellement, le budget de la province est déposé au printemps, mais la première ministre Pauline Marois a affirmé qu’il fallait agir avec urgence pour éviter les coupes dévastatrices dans les services publics à l’avenir.

Le gouvernement a déjà ordonné au ministère de la Santé de réduire les dépenses de 400 millions de dollars pour le reste de l’exercice financier actuel, qui prend fin le 31 mars 2013. Le gouvernement maintient que ces coupes n’auront aucun impact sur la qualité des services, mais cela est manifestement faux. Selon la directive du gouvernement lui-même, il faut « économiser » 50 millions $ en reportant ou en annulant des opérations chirurgicales.

D’autres ministères recevront, ou ont déjà reçu, des directives semblables. Le PQ tente de combler un déficit, selon lui imprévu, de 1,5 milliard $ dans le budget établi par le précédent gouvernement libéral pour l’exercice financier 2012-2013.

Le patronat a exhorté le PQ à déposer un budget cet automne, affirmant qu’il a besoin de savoir quelles sont les intentions du gouvernement.

Lorsque le PQ a été au pouvoir la dernière fois, il a mis en oeuvre les plus importantes coupes sociales de l’histoire du Québec – un fait que Marois ne cesse de répéter pour démontrer que son parti est financièrement responsable et pro-patronal. Mais l’élite patronale s’est élevée contre plusieurs promesses populistes que le PQ avait faites afin de mettre un frein à la chute de son appui de son soutien électoral traditionnel dans la classe ouvrière et elle a mené une campagne systématique pour que le PQ abandonne et modifie ces promesses.

Répondant aux demandes des grands médias et des groupes de pression de la grande entreprise, le PQ a abandonné, quelques semaines seulement après avoir pris le pouvoir, l’annulation de la taxe santé – une taxe régressive de 200 $ – et l’augmentation de l’impôt sur les gains en capitaux et les dividendes.

Pour apaiser la grande entreprise, Marois et son ministre des Finances ont promis qu’ils allaient s’engager, tout comme le gouvernement libéral avant eux, à éliminer le déficit budgétaire provincial d’ici l’année financière 2014-2015 et ce, malgré une chute marquée du taux de croissance économique. Ils ont aussi tout fait pour montrer que leur priorité est la « croissance de l’économie » – un euphémisme pour la déréglementation, la réduction des impôts des grandes sociétés et d’autres mesures pro-patronales.

Durant la campagne électorale de l’été dernier, le PQ avait promis de limiter la croissance des dépenses à un peu plus de deux pour cent par année sur les cinq prochaines années. En raison de l’inflation et de la croissance de la population, cette réduction des dépenses va rapidement se traduire par une baisse radicale des dépenses par personne et d’importantes coupes dans les programmes sociaux. Mais le gouvernement indique qu’il pourrait limiter les dépenses encore plus.

Selon un article paru dans le quotidien La Presse mercredi dernier, le budget de cette semaine va entraîner l’annulation ou le report de nombreux projets d’infrastructure.

Pendant qu’il était dans l’opposition, le PQ a critiqué les libéraux à maintes reprises de la droite, en les accusant d’avoir, de manière irresponsable, fait augmenter les dépenses du gouvernement. Cependant, tout juste avant l’élection du 4 septembre, Marois avait cyniquement adopté une image plus de « gauche » pour récupérer la colère de la population à l’égard des libéraux et de leur imposition du principe d’utilisateur-payeur dans les services publics.

À son arrivée au pouvoir, le PQ a insisté sur le fait qu’il annulait la hausse de 82 pour cent sur sept ans des droits de scolarité universitaires des libéraux et qu’il abrogeait les restrictions sur les manifestations contenues dans la loi draconienne adoptée par les libéraux en mai dernier dans le but de mettre un terme à la grève étudiante.

Les syndicats et les associations étudiantes, incluant la CLASSE, le groupement qui a mené la grève étudiante, ont immédiatement fait l’éloge de ces mesures, affirmant qu’elles représentaient une victoire pour la grève étudiante.

En fait, la grève a été étouffée. Les syndicats, des alliés de longue date du PQ, ont systématiquement isolé les étudiants, s’opposant vigoureusement à tout appel pour des actions ouvrières en faveur des étudiants en grève ou à tout mouvement contre le programme d’austérité des libéraux. Avec les associations étudiantes qui sont le plus directement sous leur influence – la FEUQ (la Fédération étudiante universitaire du Québec) et la FECQ (la Fédération étudiante collégiale du Québec) – ils ont fait ouvertement campagne pour mettre un terme à la grève et effectuer un ralliement derrière le PQ. Cette perspective fut démontrée par le slogan de la Fédération des travailleurs du Québec, la plus grande fédération syndicale au Québec : « Après la rue, les urnes. »

De plus, la CLASSE a abandonné ses appels timides pour un mouvement plus large dès que les bureaucrates syndicaux ont manifesté leur opposition. Elle a aussi donné un appui tacite au PQ, affirmant que la défaite du gouvernement libéral de Jean Charest ferait avancer la cause étudiante.

Québec Solidaire (QS), le parti pro-indépendance du Québec qui est promu par la pseudo-gauche, a aussi joué un rôle majeur pour que la grève soit étouffée et dans la promotion d’illusions dans le PQ. En juin, QS est entré dans un pacte électoral avec le PQ et, seulement quelques jours avant l’élection, ses co-porte-paroles, Françoise David et Amir Khadir, ont donné une entrevue dans laquelle ils garantissaient que si QS détenait la « balance du pouvoir » dans un parlement minoritaire, il appuierait le gouvernement péquiste pendant au moins un an – fournissant ainsi à ce parti de la grande entreprise un véritable chèque en blanc.

Le deuxième parti officiel de gouvernement de l’élite québécoise pendant les quatre dernières décennies, le PQ, un parti soi-disant de « gauche », a été utilisé par la bourgeoisie pour affaiblir les mouvements d’opposition et pour créer des « consensus nationaux » pour la mise en oeuvre de mesures de droite.

S’étant affairé à désamorcer la crise politique précipitée par la grève étudiante, le PQ tente maintenant de réaliser directement le programme d’austérité de la bourgeoisie.

Cela inclut le développement de mesures qui feront en sorte que les étudiants seront forcés de payer plus pour leur éducation. Écartant brusquement la demande des étudiants pour l’abolition des frais de scolarité, la chef du PQ, Pauline Marois, a dit que son gouvernement optera pour l’indexation des frais de scolarité lors d’un « sommet » sur le budget et le financement des universités qui sera tenu en février.

Selon des rapports parus dans les médias, le gouvernement considère également de financer le gel temporaire qu’il a imposé sur la hausse des frais de scolarité en éliminant le crédit d’impôt provincial pour frais de scolarité, dépendamment du résultat du sommet sur l’éducation. Ainsi, le PQ pourrait décider de financer ce gel temporaire en augmentant les impôts des étudiants et de leurs parents.

Le gouvernement est également en train de préparer une loi, modelé sur le Code du travail de la province, pour « garantir » aux étudiants le droit de grève. En réalité, une telle loi rendrait illégale, comme le fait le Code du travail, toutes grèves exceptées celles qui ont autorisées après un processus compliqué et émis par le gouvernement. Cela permettrait de menacer de peines sévères toute association étudiante qui ne suivrait pas ou ne ferait pas respecter ce processus.

(Article original paru le 16 novembre 2012)

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