Des représentants du LTTE collaborent avec le gouvernement sri lankais après la guerre civile

La carrière de Selvarasa Pathmanathan, membre influent du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul), montre comment le gouvernement sri lankais utilise les nationalistes tamouls pour maintenir l’ordre au sein de la classe ouvrière après avoir, à la fin de la guerre civile en 2009, écrasé militairement le LTTE.

Pathmanathan, un membre fondateur du LTTE, a été le principal fournisseur d’armes et collecteur de fonds de cette organisation. Durant les derniers mois de la guerre, le dirigeant du LTTE, Vilupillai Prabakharan, avait nommé Pathmanathan au poste de chef des affaires internationales.

Dans cette fonction, Pathmanathan a négocié avec les agences de renseignement et les représentants de l’Etat des pays occidentaux, dont le médiateur norvégien de la paix, Eric Solheim, au sujet d’une éventuelle reddition de la direction du LTTE. Il a adressé publiquement des appels impotents aux Etats-Unis et à d’autres puissances impérialistes pour leur demander d’intervenir afin de stopper la guerre. 

L’armée sri lankaise a envahi la dernière parcelle de territoire contrôlée par le LTTE et a assassiné l’ensemble de la direction du LTTE, y compris Prabakharan.

Le LTTE avait initialement démenti des rumeurs sur la mort de Prabakharan et affirmé qu’il était en lieu sûr et qu’il « apparaîtrait » quand le moment serait « opportun ». Plus tard, Pathmanathan a renoncé à ce genre de déclarations et a confirmé la mort de Prabakharan.

Il se nomma lui-même dirigeant du LTTE, renonçant à la lutte armée et déclarant que l’organisation continuerait de lutter pour l’auto-détermination. Il avait annoncé la formation d’un soi-disant Gouvernement transnational de l’Eelam tamoul (TGTE), et nommé un avocat en droit constitutionnel basé à New York, Visuvanathan Rudrakumaran, dirigeant par intérim. Plus tard, Rudrakumaran devint premier ministre du TGTE.

La carrière politique de Pathmanathan en tant que dirigeant du LTTE et qui a duré quatre mois a connu une fin subite lorsqu’il fut apparemment arrêté et remis aux services de renseignement sri lankais en Malaisie. Transféré à Colombo, il collabora avec le gouvernement sri lankais, fournissant des informations sur l’organisation et les actifs financiers du LTTE se trouvant à l’étranger.

Plusieurs délégations de dirigeants et d’homme d’affaires tamouls en exil, dont des membres du LTTE, ont rencontré le président sri lankais Mahinda Rajapakse et le ministre à la Défense, Gotabaya Rajapakse. Avec l’approbation du gouvernement, Pathmanathan mit en place l’Organisation de réhabilitation et de développement du Nord-Est (NERDO), prétendument pour contribuer à la réinstallation de personnes déplacées et à la réhabilitation d’anciens combattants du LTTE. 

Le véritable objectif de NERDO est de se servir des nombreux contacts de Pathmanathan au sein des factions du LTTE pour les convaincre de collaborer avec le gouvernement et transférer les actifs financiers du LTTE au Sri Lanka.

Dans une récente rubrique parue dans le Daily News sri lankais, D.B.S.Jeyaraj a salué la transformation de Pathmanathan en écrivant : « NERDO a également des contacts avec des représentants de la Diaspora tamoule mondiale. Ces représentants qui collaborent de façon bénévole ont joué un grand rôle dans la collecte et la fourniture de l’essentiel des fonds servant à la mise en oeuvre des projets de NERDO. Ces représentants sont surtout basés en Grande-Bretagne, en Australie, au Canada, aux Etats-Unis, en Norvège, en France, en Suisse, en Allemagne et quelques-uns au Moyen-Orient et dans les pays d’Asie du Sud-Est.

Le mois dernier, le gouvernement sri lankais avait officiellement libéré Pathmanathan de la détention préventive. Le New York Times avait fait état de la libération en citant le porte-parole du ministère de la Défense, Lakshman Hulugalle : « Il s’agit d’une victoire pour nous, parce qu’un dirigeant tamoul qui a lutté contre le gouvernement oeuvre actuellement pour le développement du pays. »

Pathmanathan a emménagé dans la maison de Paramu Thamilselvan, l’ancien chef de l’aile politique du LTTE, à Killinochchi, l’ancienne capitale administrative de la région contrôlée par le LTTE au Sri Lanka. Des comptes rendus de journaux ont indiqué que le gouvernement projetait de le présenter l’année prochaine comme le principal ministre aux élections de la Province du Nord.

(Article original paru le 22 novembre 2012)

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