Un autre équipementier automobile australien ferme ses portes

Le syndic du petit équipementier automobile CMI Industrial, division de l’Etat de Victoria, en Australie, a annoncé mercredi que ses deux usines de Melbourne fermeront en entraînant la suppression de 119 emplois. Les fermetures sont une nouvelle expression de l’accélération de la crise de l’industrie automobile.

CMI Industrial emploie environ 440 personnes sur le plan national et est aussi impliqué dans le forgeage des métaux et l’usinage ainsi que la fabrication de plastique. Une usine de CMI, située dans la banlieue de West Footscray, qui emploie 52 salariés devrait rester ouverte jusqu’en février 2013 pour mener à bien des contrats existants alors qu’une autre usine dans la banlieue Nord de Campbellfield fermera en octobre. L’annonce a fait suite à la fermeture en juillet dernier d’une usine de l’entreprise située à Horsham, une ville de la même région, en entraînant une perte de 30 emplois. Le sort d’environ cent d’emplois supplémentaires de la dernière usine restante dans l’Etat de Victoria, à Ballarat, est incertain.

La division Victoria de CMI Industrial a été mise en faillite et 50 salariés ont été licenciés en avril, après un litige pour des loyers impayés avec le propriétaire de l’usine de Campbellfield où étaient fabriqués des systèmes de direction pour les modèles Ford Territory et Falcon. Les travailleurs de l’usine avaient fait l’objet d’un lock out pendant plusieurs jours et ils venaient tous les matins pour savoir s’ils seraient en mesure de travailler ou non. En raison du lockout, Ford, qui est approvisionné en pièces par CMI, a annoncé licencier 1.800 salariés et mettre fin à certaines activités. En mai, CMI a été mis en liquidation judiciaire.

La faillite est utilisée pour subtiliser leurs droits aux travailleurs. L’entreprise totalise jusqu’à 40 millions de dollars de dette, dont 1,7 million de dollars au fonds de retraite des employés. Selon le syndicat australien (Australian Manufacturing Workers’ Union, Syndicat des travailleurs du secteur manufacturier, AMWU), certains employés ont travaillé dans l’usine pendant plus de 30 ans et l’entreprise leur doit plus de 30.000 dollars.

Le syndic McGrath-Nicol a annoncé mercredi qu’un acheteur n’avait pas pu être trouvé pour l’entreprise. Ceci reflète le pessimisme généralisé au sein des milieux patronaux quant à la viabilité de l’ensemble de l’industrie automobile australienne

Après le krach financier mondial de 2008, l’industrie automobile avait fait l’objet d’une restructuration internationale considérable. Aux Etats-Unis, le gouvernement Obama a organisé en 2009 la mise en faillite forcée de General Motors aux dépens d’une réduction de 50 pour cent du salaire des travailleurs nouvellement embauchés qui ne sont payés que 14 dollars l’heure. Des mesures identiques ont été appliquées en Europe. Ces conditions sont actuellement les indices de référence pour les travailleurs automobiles en Australie et internationalement.

La valeur élevée du dollar et d’autres pressions concurrentielles s’ajoutent à la crise à laquelle sont confrontés les équipementiers et les entreprises automobiles. Ford, Toyota et General Motors Holden [constructeur automobile australien] ont tous réduit drastiquement la production et éliminé des centaines d’emplois ces dernières années. La semaine passée, en raison d’un autre arrêt de production au début du mois, Ford a annoncé vouloir licencier 440 travailleurs de ses usines de Broadmeadows et de Geelong, dans l’Etat de Victoria. En avril, APV, un autre fabricant de pièces détachées approvisionnant Ford, a annoncé être placé en redressement judiciaire en licenciant 126 travailleurs sans rémunération pour une période de 12 jours. L’entreprise a rouvert ses portes après un accord orchestré par l’AMWU qui a imposé une réduction du salaire nominal des travailleurs et de leurs droits.

Tout au long de la procédure de faillite, l’AMVU a travaillé main dans la main avec la direction de CMI pour garantir une « fermeture ordonnée » des usines et empêcher toute lutte des travailleurs pour la défense de leurs emplois. En mai, le secrétaire général adjoint du syndicat, Leigh Diehm, a déclaré que le syndicat voulait que l’entreprise soit mise en liquidation. Ceci s’est avéré être une escroquerie.

Maintenant, l’AMVU insiste pour dire que l’essentiel est de garantir que les travailleurs bénéficient de leurs prestations. Diehm a déclaré vouloir « collaboré avec le syndic pour garantir que tout ce qui peut être fait sera fait. »

Le responsable de l’AMVU a dit aux médias que le syndicat oeuvrerait avec tout acquéreur potentiel de l’usine de Ballarat et qu’il cherchait à rencontrer la semaine prochaine le syndic. L’AMVU imposera très certainement toutes les concessions sur les salaires et les conditions de travail exigées par le nouvel acquéreur, si toutefois il s’en trouvait un.

L’AMVU a aussi annoncé le lancement d’une nouvelle campagne pour « nommer et blâmer » des gouvernements qui n’achètent pas les véhicules fabriqués en Australie. Tout ceci n’est rien d’autre qu’une diversion nationaliste visant à masquer le rôle du syndicat dans la collaboration étroite avec les entreprises automobiles et le gouvernement du premier ministre Julia Gillard pour mettre en place les mesures de restructuration aux dépens des intérêts des travailleurs.

Le gouvernement Gillard est complice des licenciements de CMI. En avril dernier, lorsque la société a déposé son bilan, le ministre de l’Emploi, Bill Shorten, avait déclaré qu’il avait « relativement bon espoir que les bonnes décisions seront prises en termes de restructuration de CMI. » Le gouvernement travailliste est activement impliqué dans tous les efforts entrepris par les entreprises automobiles pour stimuler leur « compétitivité internationale » aux dépens des emplois des travailleurs, de leurs salaires et de leurs conditions de travail.

Les travailleurs chez CMI et dans l’ensemble de l’industrie automobile ne peuvent défendre leurs intérêts qu’en rompant avec les syndicats, en en formant de nouvelles organisations de lutte comprenant des comités d’usine de travailleurs et en menant une lutte politique contre le gouvernement travailliste sur la base d’une perspective socialiste.

(Article original paru le 28 juillet 2012)

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