Ne touchez pas aux manifestants anti-Wall Street

Le mois dernier, le FBI a procédé à une série de raids aux domiciles de manifestants anti-Wall Street à Portland, dans l’Oregon et à Seattle ainsi qu’à Olympia, dans l’Etat de Washington. En tant que candidat à la présidence américaine du Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP), je condamne vigoureusement ces actions d’Etat policier contre des manifestants pacifiques et j'exige que soit mis fin à la campagne de persécution politique et de répression du gouvernement Obama contre ces personnes et ces groupes.

Ces descentes matinales – à peine signalées dans les médias – ont impliqué jusqu’à 80 agents de la brigade « anti-terrorisme national » lourdement armés et qui ont utilisé des grenades assourdissantes et des béliers pour enfoncer les portes, tirer leurs victimes innocentes de leurs lits et les terroriser avec des armes automatiques.

Pour souligner le caractère politique de ces raids, les agents du FBI ont confisqué des ordinateurs, des publications politiques, des téléphones mobiles, des clés USB et divers vêtements arborant des slogans politiques. Un mandat d’arrêt oublié chez l’une des victimes a montré que les agents recherchaient entre autres, « du matériel anti-gouvernemental ou des publications anarchistes. »

Ceux qui ont été ciblés ne sont coupables de rien d’autre que d’avoir participé à des protestations organisées par le mouvement Occupy. Le FBI n’a même pas dit quelles étaient les accusations forgées de toutes pièces et les inculpations sont restées scellées. L’on ne peut que conclure que pour le gouvernement Obama, la possession de « publications ou de matériel anti-gouvernementaux » est maintenant considérée comme preuve d’activité criminelle ou de « terrorisme. »

Ceci a des implications énormes pour les droits démocratiques fondamentaux. Le gouvernement est en train de criminaliser la dissidence politique en recourant à sa police politique pour intimider et réduire au silence toute opposition à l’aristocratie financière qui dirige l’Amérique.

Ce n’est pas pour rien que le FBI est connu depuis longtemps comme la Gestapo de l’Amérique. Après la Révolution russe, le FBI avait régulièrement monté des machinations, arrêté et tué des socialistes, des syndicalistes et des militants gauchistes. Dans les années 1960 et 1970, la sinistre opération COINTELPRO du FBI avait espionné, lancé des provocations et utilisé une violence meurtrière contre les mouvements de droits civiques, anti-guerre et socialistes.

Les raids dans l’Oregon et dans l’Etat de Washington figurent parmi les dernières d’une série d’agissements identiques opérés en violation flagrante de la Constitution américaine et de la Déclaration des Droits (Bill of Rights). En septembre 2010, le gouvernement avait ordonné des raids contre les domiciles des dirigeants de l’Anti-War Committee (AWC) et le Freedom Road Socialist Organization (Organisation socialiste de la voie de la liberté, FRSO) à Minneapolis et à Chicago, et cité 23 personnes à comparaître pour témoigner devant des grands jurys. Le gouvernement Obama avait justifié les raids en recourant aux dispositions du Patriot Act relatives au « soutien matériel au terrorisme. »

Au cours de la période précédant les récentes protestations contre l’OTAN à Chicago en mai, de fausses accusations identiques de « terrorisme » avaient été portées contre trois jeunes manifestants anti-guerre. En mai également, cinq jeunes gens qualifiés d’« anarchistes » avaient été empêtrés dans un soi-disant « complot terroriste » au Cleveland, en Ohio. Les soi-disant complots terroristes dans les deux villes avaient impliqué des agents provocateurs qui avaient infiltré des organisations de protestation en incitant à la violence.

Aux Etats-Unis, tout au long de l’année passée, les activistes d’Occupy Wall Street et d’autres manifestants ont été confrontés à la répression policière, y compris sur le campus de l’Université de Californie à Davis où des policiers de l’université avaient aspergé de gaz poivré le visages des étudiants qui s’opposaient aux augmentations des frais d’inscription.

Cela fait longtemps que le SEP prévient que les mesures antidémocratiques appliquées au nom de la fausse « guerre contre le terrorisme » – tribunaux militaires, détention indéterminée, suppression de la procédure légale et autres droits constitutionnels pour les « combattants ennemis », les justifications pseudo-légales pour la torture et l’assassinat, y compris de citoyens américains – seraient utilisées pour s’attaquer à la contestation politique en Amérique même.

Quel que soit le lieu où ces mesures répressives sont employées, elles n’ont jamais visé à protéger la population américaine. Le fait que les Etats-Unis sont ouvertement alliés à al Qaïda pour le renversement du régime d'Assad en Syrie et l’installation d’un régime fantoche soutenu par l’Amérique souligne le caractère frauduleux de la « guerre contre le terrorisme. » Dès le départ elle a servi à justifier l’invasion et l’occupation américaines des riches régions pétrolifères et à faire face à l’inévitable opposition à leur politique criminelle à l'intérieur du pays aussi.

De nouveaux projets de répression de masse sont déjà en train d’être élaborés pour les conventions des Démocrates et des Républicains prévues à la fin de l’été. Les responsables à Charlotte, Caroline du Nord – où la convention nationale des Démocrates se tiendra le mois prochain – ont bénéficié de 50 millions de dollars de fonds fédéraux pour le financement de barrières de béton, de clôtures en acier de près de 3 mètres de hauteur, de davantage de policiers, d’équipement et d’entraînement. Le département de la police – qui dit être prêt pour les « agitateurs » a passé un an à être formé au contrôle des foules. 100 policiers seront envoyés pour aider à la répression des manifestants à Chicago durant les protestations anti-OTAN.

Les autorités de Tampa, en Floride – site de la convention nationale des Républicains – ont également reçu 50 millions de dollars de fonds fédéraux alloués à la sécurité. Elles mettront en plus 3.000 policiers, venus de 59 agences chargées de l’application de la loi de l’ensemble de l’Etat, à la disposition des troupes de la garde nationale, pour patrouiller les rues.

La classe dirigeante américaine est tout à fait consciente de la profonde hostilité à l’égard de la redistribution massive de la richesse qui s’est produite en direction du sommet, notamment après le krach de Wall Street de 2008. Les travailleurs et les jeunes considèrent avec hostilité l’ensemble de l’establishment politique à la botte de la finance – et les deux candidats présidentiels millionnaires, Obama et Romney. L’élite dirigeante sait que tôt ou tard, l’opposition sociale éclatera contre l’inégalité sociale et les attaques incessantes contre l’emploi, le niveau de vie et les programmes sociaux.

Il ne s’agit pas ici d’un phénomène uniquement américain. Partout en Europe, des mesures répressives sont mises en oeuvre en réponse à une opposition de masse aux mesures d’austérité qui sont imposées par les banquiers internationaux. En Grande-Bretagne, les autorités ont bouclé Londres durant les jeux olympiques, qui viennent tout juste de se terminer, et fait une démonstration de force militaire et paramilitaire sans précédent, dont l’installation de batteries anti-missiles sur le toit des maisons et des plates-formes flottantes près des quartiers populaires.

Ceci montre que la défense des droits démocratiques fondamentaux est incompatible avec le système capitaliste et le régime d’une minorité d’ultra-riches dont la politique d’austérité, de réduction des salaires et de guerres est diamétralement opposé aux intérêts de l’écrasante majorité de la société.

C’est pourquoi le Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste) lutte durant notre campagne électorale pour que la classe ouvrière construise son propre parti politique de masse dont l’objectif est d’établir un gouvernement ouvrier et de briser l’étau de l’aristocratie financière par une réorganisation socialiste de la société. Ce n’est qu’ainsi que l'on peut réaliser une démocratie authentique et l'égalité sociale.

(Article original paru le 14 août 2012)

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