Le massacre de Houla a été perpétré par l’Armée syrienne libre, selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung

Le massacre de Houla du 25 mai dernier a été perpétré par les forces d’opposition en accord avec l’Armée syrienne libre (ASL), selon le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le compte rendu réfute la version officielle des Etats-Unis et des autres principales puissances et qui a été reprise aveuglément par les médias. Le massacre avait été attribué à des forces pro-gouvernementales et utilisé pour intensifier l’offensive de propagande en faveur d’une intervention militaire contre le régime de Bachar al-Assad. Sans fournir la moindre preuve tangible, les Etats-Unis et leurs alliés ont affirmé que soit l’armée syrienne, soit les milices pro-gouvernementales Shabiha avaient perpétré le massacre de plus d’une centaine de personnes.

Le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 7 juin a publié un article écrit à Damas par Rainer Hermann, qui a fondé son article sur des enquêtes menées par des opposants qui s’étaient rendus dans la région et qui avaient recueilli des récits de témoins oculaires. Ils confirment en grande partie les comptes rendus donné par le gouvernement Assad des événements survenus à Houla.

« Ce qu'ils ont découvert contredit les affirmations des rebelles qui avaient imputé les faits aux milices Shabiha proches du régime, » écrit Hermann en ajoutant, « Comme des opposants rejetant l'utilisation de la violence ont été assassinés ou du moins ont été menacés dernièrement, ils n'ont pas voulu que leurs noms soient cités. »

Le massacre a eu lieu après la prière du vendredi et a débuté par une attaque des « rebelles » sunnites contre trois points de contrôle de l’armée syrienne autour de Houla. « Les points de contrôle sont censés protéger les villages alaouites aux alentours de Houla qui est majoritairement sunnite, » a rapporté le journaliste allemand.

Des renforts ont été envoyés par l’armée syrienne et les combats ont duré 90 minutes, durant lesquels des « dizaines de soldats et de rebelles ont été tués. »

C'est durant ces échanges que les trois villages de Houla ont été coupés du monde extérieur. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a écrit : « Selon des témoins oculaires, le massacre a eu lieu à ce moment-là. Parmi les morts se trouvaient presque exclusivement des familles des minorités alaouites et chiites de Houla, dont la population est à 90 pour cent sunnite. Plusieurs dizaines de membres d’une famille qui s’étaient convertis, au cours des années passées, de l’Islam sunnite à l’Islam chiite ont été massacrés. Figuraient également parmi les morts, des membres de la famille alaouite Shomaliya et de la famille d’un député sunnite du parlement qui était considéré comme un collaborateur. »

Le compte rendu continue: « Juste après le massacre, les auteurs auraient filmé leurs victimes, les décrivant comme des victimes sunnites et auraient diffusé les enregistrements vidéo sur internet. »

Ce compte rendu est une réfutation dévastatrice de la campagne de propagande menée par Washington, Londres et Paris, avec l’aide du Conseil national syrien, de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et d’une presse occidentale docile.

Le jour des attaques, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait condamné, sans preuve à l’appui, « le degré inacceptable de violence et de sévices du gouvernement syrien, » dont le recours aux armes lourdes contre des populations civiles.

Le régime a remarqué que le massacre avait été fixé pour coïncider avec la visite de l’envoyé des Nations unies Kofi Annan à Damas. Il a relevé que les tueries de masse avaient été perpétrées pour miner le cessez-le-feu qu’Annan avait négocié. Peu de temps après, l’ASL qui est à présent accusée d’avoir commis le massacre, a dit ne plus vouloir respecter le plan de paix d’Annan. De nouvelles demandes en faveur d’une intervention militaire se sont faites plus pressantes.

L’article du Frankfurter Allgemeine Zeitung est renforcé par un rapport paru dans l’édition du 29 mars de Spiegel Online qui soulignait la pratique généralisée des exécutions sommaires perpétrées par l’ASL. Spiegel avait interviewé un membre d’une « brigade d’enterrement » de l’opposition qui avait « exécuté quatre hommes en leur tranchant la gorge. »

Parmi ses victimes l’on comptait un soldat chiite de l’armée syrienne qui, ayant « été battu pour faire des aveux ou ayant été terrifié à mort, avait commencé à bafouiller des prières. »

La brigade d’enterrement tue et « laisse le soin de torturer à d’autres ; c’est à cela que sert la soi-disant brigade d’interrogatoire, » écrit le Spiegel.

Cet article fait remarquer qu’alors que 150 prisonniers reconnus de l’armée syrienne ont été exécutés « les bourreaux de Homs se sont davantage occupé des traitres dans leur propres rangs. »

« Si nous attrapons un Sunnite en train d’espionner, ou si un citoyen trahit la révolution, nous l’exécutons, » a expliqué un opposant. « Selon Abu Rami, la brigade d’enterrement de Hussein a tué entre 200 et 250 traitres depuis le début du soulèvement. »

Des articles présentant également un intérêt immédiat figurent sur le site du Monastère Saint Jacques le Mutilé à Qara en Syrie. Le 1er avril, mère Agnès-Mariam de la Croix avait rapporté un incident survenu dans le quartier de Khalidiya à Homs dans lequel l’ASL avait rassemblé des otages chrétiens et alaouites dans un immeuble avant de le faire exploser à la dynamite. L’ASL avait rejeté ensuite la responsabilité sur l’armée syrienne.

Elle a également relaté que la famille Al Amoura du village d’Al Durdak, dans la région de Homs, a été exterminée par des terroristes Wahhabi. Quarante et une personnes de cette famille ont été égorgées le même jour. »

Agnès-Mariam a déclaré que sur le million d’habitants de la ville de Homs, les deux tiers de la population avaient fui les lieux, dont plus de 90 pour cent des chrétiens, en raison de l’activité « des francs-tireurs et des actes d’agression criminelle » contre les « minorités alaouites, chrétiennes, chiites et beaucoup d’autres Musulman ‘modérés’ qui n’ont pas souhaité participer aux activités dissidentes. »

Elle a écrit que lors de nombreuses attaques sectaires « …des gens étaient mutilés, avaient la gorge tranchée, étaient éventrés, dépecés, jetés dans des coins de rues ou dans des poubelles. On n’a pas hésité à tirer sur des enfants à bout portant pour créer la détresse et le désespoir, comme ce fut le cas du petit Sari, le neveu de notre tailleur de pierre. De tels actes atroces ont ensuite été exploités médiatiquement pour en imputer la responsabilité aux forces gouvernementales. »

Même sans la possession de rapports aussi corroborants, le silence des médias du monde concernant l’article du Frankfurter Allgemeine Zeitung est surprenant. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung est une publication respectée, voire conservatrice, avec un tirage à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et un lectorat quotidien dans 148 pays. Et pourtant, aucun grand journal n’a repris cet article parce qu’ils sont tous complices de la dissémination d’une propagande flagrante. On ne trouve littéralement rien dans les médias dominants occidentaux qui puisse être pris pour argent comptant.

Mais la question la plus importante suscitée par l’article du Frankfurter Allgemeine Zeitung est de savoir quel rôle les Etats-Unis ont joué dans le massacre lui-même. Visiblement, compte tenu de leurs contacts étroits avec l’Armée syrienne libre, et le soutien politique, financier et militaire accordé à l’ASL par les alliés régionaux de Washington – l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie – le gouvernement Obama aura été conscient que le massacre était l’oeuvre d’insurgés opposés au régime et non de l’armée syrienne, alors même que la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et d’autres appelaient à des actions supplémentaires pour évincer Assad.

Il est tout à fait possible que Houla ait été un massacre « made in » Etats-Unis.

La politique américaine en Syrie a visé dès le début à attiser une insurrection sectaire basée sur les Sunnites dans le but de déstabiliser et d’évincer le régime alaouite d’Assad. Ceci est, à son tour, lié à des préparatifs américains en vue d’une attaque militaire contre l’Iran qui serait d’autant plus isolée au Moyen-Orient après la chute d’Assad, son principal allié dans la région.

En se fondant sur l'expérience de la Bosnie et du Kosovo, ceci a été perpétré non seulement en ayant parfaitement conscience qu'il en résulterait une lutte fratricide sanglante, mais aussi dans l’intention de provoquer une guerre civile et de fournir le prétexte à une intervention militaire présentée comme une intervention humanitaire.

Lundi, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a exprimé son « inquiétude » suite à des informations selon lesquelles le régime « pourrait organiser un autre massacre » dans la province de Lattaquié. « Les gens devront rendre des comptes, » a-t-elle prévenu.

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a intensifié la crise mardi en accusant la Russie d’envoyer des hélicoptères d’attaque au régime d'Assad et en accusant Moscou de mentir au sujet de ses livraisons d’armes.

Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU est devenu entre-temps, le premier responsable à décrire le conflit syrien comme étant une guerre civile, et le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, à faire référence aux massacres de Houla et de al-Qubair, en accusant le gouvernement syrien de commettre des « crimes grotesques. »

(Paru en anglais le 13 juin 2012)

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