Austérité à PSA : LO donne une faible couverture de « gauche » à l’inaction des syndicats

LO continue à réagir de manière malhonnête après l’annonce par le patron de Peugeot Philippe Varin, de la suppression de 8.000 emplois, dont la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois.

LO dirige l’implantation syndicale sur le site Peugeot d’Aulnay avec l’appui de la fédération nationale de la CGT--Jean-Pierre Mercier étant à la fois le leader CGT à Aulnay, membre de LO, et porte-parole de la candidate LO Nathalie Arthaud pendant la présidentielle. Bien qu’apparemment critique à l’égard du gouvernement, Jean-Pierre Mercier et LO cherchent à désorienter les travailleurs, pour que le gouvernement puisse finalement leur imposer l’austérité.

Dans l’article PSA menace des milliers d’emplois. Refusons l’inacceptable ! paru le 16 juillet, LO écrit que le président François « Hollande et ses ministres ont fait semblant de s’indigner de l’attitude de PSA, le traitant même, bien tardivement il est vrai, de menteur. Mais s’il a cru les engagements d’un menteur, c’est donc qu’il s’est montré naïf. Mieux vaut dire qu’il se montre hypocrite ».

L’évocation par LO d’une quelconque « naïveté » de la part de Hollande et de son Parti Socialiste (PS) est profondément malhonnête. Dès son arrivée au pouvoir, Hollande comptait mener une offensive contre la classe ouvrière au nom de la compétitivité de l’industrie française.

Cette ambiguïté permet à LO de passer sous silence le fait que la responsabilité de LO et d’Arthaud est également engagée : ils ont facilité la victoire de Hollande, tout en sachant qu’un gouvernement PS mènerait une politique profondément anti-ouvrière.

Arthaud avait expliqué qu'elle laissait ceux qui avaient voté pour elle au premier tour des présidentielles « voter selon leur conscience » au second tour, puis elle avait indiqué qu'elle considérait bien un vote pour Hollande comme une option envisagée. Elle s'était ainsi rangée derrière la campagne menée par le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau Parti Anticapitaliste, qui—en se fondant sur les mêmes arguments qu'Arthaud—ont appelé ouvertement à un vote pour Hollande.

LO n’a jamais dit vraiment dit aux travailleurs ce que préparait l’industrie automobile en Europe et en France, ni essayé d’organiser l’opposition des travailleurs. En mai 2011, une conférence européenne de l’automobile, regroupant des organisations syndicales dont la CGT et l’UAW, s’était tenue pour permettre une collaboration plus étroite dans l’organisation des attaques contre les emplois des travailleurs de l’automobile en Europe, y compris en France.

GM avec le syndicat de l’UAW a détruit le niveau de vie des travailleurs de l’automobile par des réductions massives de salaires, des dizaines de milliers d’emplois supprimés et des fermetures d’usines. L’expérience de GM et de l’UAW aux Etats-Unis sert de modèle ; cela se traduit en France par l’alliance entre Peugeot et GM.

Le silence de Jean-Pierre Mercier et de LO sur ces questions signifie qu’ils soutenaient depuis le début les plans de Peugeot,de GM et de l’UAW pour détruire les acquis sociaux des travailleurs.

En juillet 2011, des documents internes avaient été divulgués qui révélaient que le constructeur français PSA avait l’intention de fermer 3 usines—SevelNord près de Calais, l’usine de Madrid, et enfin l’usine d’Aulnay-sous-Bois. Peugeot avait déjà réduit ses effectifs à Aulnay, passant de 6.200 en 2004 à 3.600 aujourd’hui.

Pendant la campagne, la presse bourgeoise rapportait que des licenciements massifs auraient lieu après les élections présidentielles. L’article du WSWS, « France : Des licenciements de masse sont projetés après les élections », rapportait les propos de Hollande et de Chérèque, dirigeant national du syndicat CFDT : « Des décisions ont été différées » et « Des chefs d’entreprise et des DRH me disent que toutes les semaines, le ministère leur téléphone pour leur dire qu’ils reportent à plus tard leurs plans s’ils avaient des intentions de licencier ».

Comme le PS et les syndicats, LO était donc bien au courant des licenciements qui allait avoir lieu, y compris ceux à Peugeot. LO n’a à aucun moment voulu mener une lutte sérieuse contre Peugeot et le gouvernement, pour faire du plan de Varin un enjeu politique lors des élections présidentielles de 2012. La CGT, comme LO et bien entendu les autres organisations petites bourgeoises, voulait limiter le mécontentement des travailleurs pendant la campagne électorale pour aider Hollande à préparer les futures attaques contre la classe ouvrière.

Peugeot,et plus largement la bourgeoisie française, est mécontente du manque de compétitivité de son industrie, qui est pour elle lié au niveau de vie de la classe ouvrière française. Face à des pays concurrents qui ont une main d’œuvre moins chère, la bourgeoisie française a comme impératif de rattraper son retard sur ses voisins en détruisant les salaires et le niveau de vie des travailleurs en France.

LO sait que Hollande acceptera le plan de Varin avec au plus de légères modifications : « PSA en profitera pour augmenter sa pression, imposer des conditions de travail encore plus dures, pour que ses profits ne diminuent pas et même pour les accroître ».

LO ne fait rien pour mobiliser la classe ouvrière, car elle soutient fondamentalement le PS, et derrière celui-ci, la stratégie nationaliste et réactionnaire des syndicats et de la bourgeoisie. Elle ne mènera aucune lutte sérieuse contre la fermeture d’Aulnay projetée pour 2014.

Jean-Pierre Mercier et la CGT appelle à des actions à partir du moins de septembre, deux mois après l’annonce des suppressions d’emplois. Cela signifie en fait qu’ils ne veulent rien faire, espérant permettre à Peugeot, au gouvernement et aux syndicats d’imposer des coupes sociales.

Lorsque LO écrit : « les travailleurs ont une arme bien plus fiable à leur disposition : la force collective du monde du travail, qui doit se préparer, qui doit s’organiser pour imposer à PSA de remiser l’ensemble de son plan et, du même coup, pour donner un coup d’arrêt à toutes les attaques patronales qui s’annoncent ».

Ce commentaire est totalement cynique, car il tente de faire penser que LO est une organisation combattante qui veut rejoindre les travailleurs dans une lutte contre PSA. LO n’a en fait comme but que de soutenir la CGT dans sa tentative de démoraliser et de faire accepter par les travailleurs les plans de licenciements et les attaques contre les travailleurs.

Les travailleurs de Peugeot ne doivent pas attendre le mois de septembre ni se fier aux forces de la « gauche » petite-bourgeoise, telles LO et la CGT. La lutte des travailleurs de Peugeot doit être le point de départ d’une lutte politique contre Peugeot, le gouvernement, et leurs défenseurs syndicaux. Pour cela, les travailleurs doivent rompre avec la CGT, Jean-Pierre Mercier et LO pour former des comités d’action chargés d’organiser la lutte pour défendre leurs intérêts et ceux de toute la classe ouvrière.

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