Les conservateurs français envisagent des manifestations de droite contre le gouvernement social-démocrate

S’exprimant 28 octobre, lors de l’émission radio-télévisée « Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro », dans le contexte de sa course à la présidence de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) avec l’ancien premier ministre, François Fillon, Jean-François Copé a dit que Hollande sous-estimait largement « le très grand mécontentement du pays réel. »

Copé a dénoncé le « matraquage fiscal » du PS (Parti socialiste) – c’est-à-dire les propositions de Hollande d'une augmentation mineure des impôts sur les plus hauts revenus – ainsi que les propositions de légalisation du mariage homosexuel et du droit de vote des étrangers. Il a dit que la politique du PS représentait une menace à « l’intérêt supérieur du notre pays » et aux « piliers de notre société. »

Copé a donné comme exemple les protestations de masse de la droite contre le projet du président PS, François Mitterrand, en 1984 d’abolir les écoles catholiques. Il a dit, « comme nous l’avions fait en 1984 pour sauver l’école libre, que les Françaises et les Français qui s’indignent et qui s’inquiètent pour l’avenir de notre pays et des enfants de France se mobilisent dans la rue. »

L’appel réactionnaire lancé par Copé cherche à mobiliser les riches tout comme les couches les plus arriérées de la société pour défendre les privilèges financiers et les préjugés sociaux. Cet appel survient au moment où la popularité de Hollande et du premier ministre Jean-Marc Ayrault s’effondrent suite à leurs mesures profondément impopulaires, et qui comprennent des coupes dans les dépenses sociales à hauteur de plusieurs dizaines de milliards, des licenciements et la dégradation des droits du travail. Moins de six mois après la victoire de Hollande à l'élection présidentielle, sa cote de popularité dans les sondages s’établit à 36 pour cent ; celle d’Ayrault n’atteint que 30 pour cent.

Le principal bénéficiaire de l’appel de Copé à organiser des manifestations droitières est la dirigeante du Front National (FN) néo-fasciste, Marine Le Pen. Jeudi, 1er novembre, Le Pen a dit qu’elle était prête à descendre dans la rue avec l’UMP pour protester contre le gouvernement. « Je ne suis pas sectaire. Quand j’ai quelque chose à dire, cela ne me dérange pas d’aller manifester aux côtés de gens dont je ne partage pas le même avis sur d’autres sujets, » a-t-elle dit lors de l’émission « Face aux chrétiens » organisée par le quotidien La Croix et Radio Notre-Dame.

Le Pen a accusé Copé d’adopter les positions de son parti dans le but uniquement de remporter la course à la présidence de l’UMP. Elle a dit, « On ne peut pas, comme lui, avoir insulté, méprisé et rejeté le FN et ses électeurs, puis aujourd’hui faire mine de venir sur le terrain de ses idées pour tenter de gagner juste une élection interne. »

Le Pen a répondu à la tentative de Copé de lancer un appel néo-fasciste en proposant que les membres de l’UMP de Copé fassent cause commune avec son parti, en appelant les « adhérents de l’UMP qui sont proches de nous à rendre leur carte et à nous rejoindre. »

La politique d’austérité impopulaire du PS qui est soutenue par les partis de « gauche » petits bourgeois tels le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et le Front de Gauche, a permis à Le Pen de se présenter comme étant la seule « véritable opposition » au PS au sein de l’establishment politique.

Le 4 septembre, elle avait dit sur les chaînes RMC et BFM TV, « Je suis la leader de l’opposition au système parce que sur les grands choix que notre pays a à faire, ils (l’UMP et le PS) sont d’accord. » Elle a fait ce commentaire peu de temps après que le PS et l’UMP eurent ratifié le Pacte européen de stabilité et de croissance qui est conçu pour imposer des mesures d’austérité contre la classe ouvrière partout en Europe.

Le Pen est en mesure d’exploiter la colère sociale au moyen de son discours néo-fasciste parce qu’après plusieurs décennies de trahison des grèves et d’assujettissement des protestations de la classe ouvrière au PS pro-patronal, les partis de « gauche » petits bourgeois ne sont tout simplement plus considérés par de vastes sections de la population comme des tendances d'opposition. Ces partis ont insisté pour que toutes les protestations de la classe ouvrière soient menées par la bureaucratie syndicale qui a, comme d'habitude, appelé à d' inoffensives manifestations de 24 heures tandis qu'elle organisait dans le même temps des attaques contre les emplois et les droits sociaux.

Durant la campagne électorale, bien que la majorité des travailleurs ait le sentiment que la politique de Hollande serait identique à celle de Sarkozy, la « gauche » petite bourgeoise avait appelé à soutenir inconditionnellement le vote de Hollande. Tout en remarquant que Hollande aurait une politique « sociale de libre marché », ils ont cyniquement affirmé qu’il serait possible de le pousser vers la « gauche ».

Au fur et à mesure que l’opposition populaire se lève contre le gouvernement Hollande, ces partis petits bourgeois en faillite sont démasqués.

Alors que Hollande négocie d’importantes coupes sociales avec les syndicats et qui visent à stimuler la compétitivité de l’industrie française, les partis petits bourgeois de « gauche » restent quasi silencieux. Si tant est qu'ils proposent des initiatives, c’est dans le but de susciter de faux espoirs dans la bureaucratie syndicale – qui seront inévitablement déçus parce que les syndicats tout comme la « gauche » petite bourgeoise sont hostiles à la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière contre le PS.

L’absence d’une perspective révolutionnaire indépendante, qui soit bien visible pour les masses de travailleurs, facilite les affirmations du FN selon lesquelles sa politique réactionnaire est l’unique alternative en France.

Au moment où l’Europe sombre dans une profonde crise sociale et politique et fait l'expérience d'une contraction économique et d'un chômage qui monte en flèche, des tendances d’extrême droite émergent partout sur le continent du fait que les groupes petits bourgeois pseudo-gauches entravent la lutte politique de la classe ouvrière.

En Grèce, la troïka – la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne – et la classe dirigeante grecque, avec le soutien des syndicats et de la « gauche » petite bourgeoise telle SYRIZA, imposent des mesures d’austérité brutales à l’encontre de la classe ouvrière.

Des attaques croissantes contre les droits sociaux et démocratiques ont coïncidé avec le développement de tendances fascistes, telles l’organisation Chrysi Avgi (Aube dorée) qui a grimpé à 14 pour cent dans les sondages. Des attaques perpétrées par Aube dorée contre des grévistes, des immigrés, des adversaires politiques, des artistes et des homosexuels se produisent presque quotidiennement.

Alors que la classe dirigeante cherche à lancer des attaques brutales similaires contre les travailleurs en France, le seul moyen pour la classe ouvrière d’aller de l’avant afin de bloquer le développement du FN est d’engager une lutte politique révolutionnaire contre le PS et ses partisans petits bourgeois. La perspective socialiste internationale avancée par le Comité international de la Quatrième Internationale fournit un fondement politique à une telle offensive de la classe ouvrière contre les agences sociales-démocrates et de « gauche » petite bourgeoise de l’impérialisme.

(Article original paru le 5 novembre 2012)

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