Le Nouveau Parti anticapitaliste en France dissimule des plans pour une attaque historique contre les travailleurs européens de l’automobile

La réaction du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) aux plans d’attaques historiques contre les travailleurs européens de l’automobile montre qu’il se trouve, par rapport à la classe ouvrière, de l’autre côté de la barricade. Alors que les constructeurs automobiles et les syndicats préparent des suppressions d’emplois, des réductions de salaires et des fermetures d’usines, le NPA leur offre une couverture politique et avance des justifications à leur politique anti-ouvrière.

Le NPA a écrit un court article jeudi 25 octobre, après l’annonce par le gouvernement français du renflouement à hauteur de 7 milliards d’euros (9 milliards de dollars US) de la firme PSA Peugeot-Citroën. PSA a été durement touchée lorsque le marché européen de l’automobile a chuté de 17 millions d’unités à 13 millions d’unités par an; plusieurs de ses principaux marchés, comme l’Italie et l’Espagne, sont durement éprouvés par les mesures dictées par l’Union européenne (UE). La firme est en pourparlers avec le gouvernement du Parti socialiste (PS) et la bureaucratie syndicale au sujet d’un plan pour la suppression de 8.000 emplois et la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois.

Après avoir décrit le pôle bancaire de PSA, le bénéficiaire direct du renflouement, le NPA a conclu : « Les fonds publics ne doivent pas servir à renflouer la banque privée de PSA alors que le groupe s’apprête à fermer des usines et à licencier des milliers de travailleurs… Contre les suppressions d’emplois, les fermetures d’usines et maintenant la faillite possible de leur banque, la question de l’expropriation de la fortune de la famille Peugeot est posée. »

Alors que l’expropriation des propriétaires privés de PSA est totalement justifiée, la prétention du NPA à vouloir la proposer est elle, tout à fait vide de sens et fallacieuse. Tout comme Obama lorsqu’il a injecté des dizaines de milliards pour financer les renflouements de GM et de Chrysler à Detroit en 2009, ou lorsque les finances publiques allemandes ont financé le chômage technique chez Opel, l’Etat et les syndicats cherchent à rendre PSA profitable sur la base d’un volume de vente moindre en attaquant les travailleurs. La classe ouvrière en France, comme dans le reste de l’Europe et en Amérique du Nord, ne peut défendre les emplois que dans une lutte politique pour une politique socialiste contre les gouvernements et les syndicats.

Ceci signifie également que la classe ouvrière se trouvera en lutte contre des groupes petits-bourgeois de « gauche » comme le NPA qui soutient à la fois les syndicats et le PS qu’il avait inconditionnellement appuyé lors des élections présidentielles de cette année.

Les syndicats français sont en train d’imiter sciemment le sauvetage de l’automobile à Detroit, alors que Peugeot organise la fusion avec GM. Le sauvetage américain a eu pour conséquence la fermeture de dizaines d’usines, la suppression de 35.000 emplois, la réduction drastique des salaires horaires de 23 dollars à 10-14 dollars des travailleurs nouvellement recrutés et la diminution des prestations. En échange, le syndicat UAW (United Auto Workers) a signé une promesse de ne pas faire grève pendant six ans et a reçu des milliards de dollars en actions de la firme automobile émanant du fonds du service de santé des salariés retraités, leur donnant une motivation financière directe pour encourager les profits aux dépens de leurs membres.

Selon un article paru dans Le Bien Public, le syndicat allemand IG Metall et la CGT (Confédération générale du Travail) se sont rendus le mois dernier à Detroit pour rencontrer les responsables de l’UAW et de GM. Faisant état de ce qu’il a qualifié de « conclave secret » des syndicats, Le Bien Public a cité ainsi le responsable de la CGT Bruno Lemerle : « L’alliance PSA-GM signifie que nous allons faire ensemble ce que nous faisions séparément. Il y aura des économies. Nous, à la CGT, nous souhaitons que l’alliance avec GM aboutisse aussi à de nouveaux projets pour nos usines en France. »

Autrement dit, tout en apprenant du renflouement américain, la CGT rivalisera furieusement avec l’IG Metall et l’UAW sur le plan des attaques envers ses membres – en tentant de rendre les usines françaises plus rentables que les usines allemandes ou américaines et en espérant que leur production survivra aux coupes réalisées chez GM-PSA.

Le rôle du NPA est de présenter avec une teinture « de gauche » les manigances sordides des syndicats. Dans son article de juillet 2012, intitulé « PSA : Oser s’en prendre à la propriété de la famille Peugeot » il fait l’éloge des « syndicats défendant ici sans concession tous les emplois menacés » tout en appelant « au combat anticapitaliste. »

Bien que se cachant derrière des appels à une politique environnementale et à de « nouvelles formes d’appropriation socialisées » indéterminées, les positions du NPA montrent clairement qu’il est un parti pro-capitaliste. Ses arguments justifient une capitulation abjecte aux attaques contre les niveaux de vie conformément à la politique syndicale.

Le NPA appuie une réduction de la production, écrivant sans détours : « Il est vain de pronostiquer et encore moins de revendiquer une augmentation de la production de voitures. » Et qualifiant le marché automobile de « saturé », il ajoute : « Il n’est qu’à se retrouver chaque soir et chaque matin dans des flots de circulation ‘thrombosés’ pour concevoir que le ’tout bagnole’, le ‘tout camion’ pose la question d’un suréquipement. »

Ces arguments sont réactionnaires et malhonnêtes. Le marché n’est pas « saturé » parce que la population en Europe a besoin de moins de voitures – sans parler des 4 millions de voitures en moins – qu’avant le début de la crise. Il est « saturé » parce que quatre ans de crise économique, de mesures sociales d’austérité, de renflouements bancaires à hauteur de plusieurs milliers de milliards d’euros et d’une inégalité sociale grandissante ont tellement appauvri de vastes couches de travailleurs et de gens de la classe moyenne qu’ils ne peuvent plus se permettre d’acheter une voiture.

Et donc, le NPA préconise des réductions de la production non pas basées sur les besoins sociaux mais sur les calculs de profits des entreprises. L’affirmation du NPA qu’il est un parti « anticapitaliste » est un tissu de mensonges.

Une position anticapitaliste authentique – c’est-à-dire socialiste – comprendrait des revendications pour la création de dizaines de millions d’emplois dans les industries de l’automobile et autres partout en Europe et en Amérique du Nord. Si leurs marchés sont actuellement « saturés » parce que les travailleurs ne peuvent pas se payer leurs produits, la classe ouvrière devrait exproprier les milliers de milliards dépensés par l’UE et les Etats-Unis pour renflouer les banques qui ont détruit l’économie. Ceci contribuerait à jeter les bases d’une économie planifiée internationalement et démocratiquement contrôlée par la classe ouvrière.

Le NPA rejette de telles revendications comme étant « vaines » parce que les travailleurs ne peuvent lutter pour ces revendications que dans une opposition révolutionnaire à l’encontre des gouvernements impérialistes et des bureaucraties syndicales réactionnaires, soutenus tant l’un que l’autre par le NPA.

Il rejette même explicitement l’impact sur PSA de l’embargo imposé par l’OTAN à l’Iran, tentant de restreindre l’opposition populaire contre les guerres au Moyen-Orient. Il a écrit, « Le blocage des ventes de Peugeot à l’Iran bloquées par l’embargo occidental n’est pas non plus une cause structurelle des difficultés de Peugeot car il est évident que ces ventes n’étaient que momentanées en raison de la tendance irréversible d’un pays comme l’Iran à développer sur place une industrie automobile de plus en plus intégrée. »

Ceci est absurde. Au cours de ces deux dernières années, l’impérialisme français a aidé Washington à dévaster la Libye et la Syrie, à étrangler économiquement l’Iran et à préparer une guerre régionale voire mondiale centrée sur le Moyen-Orient – le tout constituant une catastrophe pour la population laborieuse. Le NPA, qui a soutenu avec enthousiasme les guerres en Libye et en Syrie, rejette l’impact des pertes de ventes en Iran de PSA pour continuer de soutenir, aux dépens des travailleurs tant en Europe qu’au Moyen-Orient, une politique impérialiste impopulaire

Lorsque les travailleurs en Europe engageront la lutte contre les attaques perpétrées contre leurs emplois et leurs niveaux de vie, ils affronteront le NPA en tant qu’ennemi très déterminé, appuyant l’austérité, la répression capitaliste et la guerre impérialiste.

(Article original paru le 30 octobre 2012)

Loading