Le programme d’austérité du Parti socialiste français révèle au grand jour la faillite de la « gauche » petite bourgeoise

La politique d’austérité du gouvernement du président PS (Parti socialiste), François Hollande, révèle au grand jour la faillite des partis de « gauche » petits bourgeois tels le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui a appuyé son élection.

Selon un article du quotidien Le Monde paru le 3 octobre, le palais de l’Elysée est en train de planifier un « choc de compétitivité » afin de réduire de 8 milliards d’euros (10,3 milliards de dollars US) par an, soit 40 milliards d’euros, les charges sociales des entreprises durant le mandat présidentiel de cinq ans de Hollande. L’objectif est de défendre la compétitivité des entreprises françaises en réduisant drastiquement les coûts de main d’œuvre – à savoir, le niveau de vie de la classe ouvrière.

La hausse des impôts servira à compenser le manque. Cet état de fait toucherait tout particulièrement et plus durement les travailleurs gagnant entre 1,6 et 2,2 fois le Smic et donc, les secteurs de l’automobile et d’autres industries.

Ce rapport est apparu alors que l’establishment politique se prépare à la remise, le 5 novembre par Louis Gallois, l’ancien patron du groupe de défense et d’aéronautique EADS, d’un rapport sur la compétitivité française. L’appel de Gallois en faveur d’un « choc de compétitivité » est manifestement repris par l’Elysée avant que Gallois ne publie son rapport. On s’attend à ce qu’il propose de faire adopter la politique nord-européenne de « flexi-sécurité » – permettant aux entreprises une plus grande facilité de recrutement et de licenciement des travailleurs, de réduction des salaires et du temps de travail.

Le PS soutient aussi la politique d’austérité que l’Union européenne (UE) est en train d’imposer à la Grèce et il a adopté, mardi 9 octobre, le traité budgétaire européen de l’austérité.

La politique droitière menée par Hollande révèle une fois de plus au grand jour la faillite des partis petits-bourgeois de « gauche » qui avaient soutenu son élection en mai contre le président sortant Nicolas Sarkozy. Ils avaient affirmé que Hollande poursuivrait une politique moins agressive et serait plus facilement influencé par l’opposition populaire à l’austérité.

Le candidat présidentiel du NPA, Philippe Poutou, avait dit qu’un « bulletin de vote Hollande » était un « outil pour dégager (Nicolas) Sarkozy » le 6 mai, lors du second tour. Alors qu’un grand nombre de gens se rend compte que sa politique n’est pas sensiblement différente de celle de Sarkozy, la cote de popularité de Hollande est en train de chuter et 56 pour cent de la population expriment désormais un avis défavorable à son égard, selon un sondage IFOP réalisé récemment. Et pourtant, il est en train d’intensifier ses projets pour attaquer la classe ouvrière.

Cette situation a conduit le NPA à commencer à émettre des critiques mitigées à l’égard de Hollande tout en faisant son possible pour bloquer une lutte indépendante de la classe ouvrière contre le gouvernement PS. Le NPA insiste pour dire que toute opposition de la classe ouvrière contre l’austérité doit être politiquement subordonnée à la bureaucratie syndicale qui négocie les coupes sociales avec Hollande et les organisations patronales et soutient le programme d’austérité de Hollande.

Dans un article paru le 5 octobre et intitulé « ‘Compétitivité’ vers un choc antisocial ? » le NPA écrit : « Hollande a annoncé son ‘agenda 2014’, qui signifie pour l’essentiel l’accentuation de la baisse des dépenses de Santé et la ‘modernisation’ du marché du Travail. Le train de mesures envisagé serait censé permettre le ‘choc’ revendiqué par le patronat. »

En émettant de telles critiques vis-à-vis de Hollande, le NPA est tout simplement en train de protéger le flanc gauche d’une section du gouvernement lui-même qui s'inquiète des répercussions d’une adoption trop rapide de telles mesures. Le mois dernier au Portugal, une mobilisation de masse des travailleurs indignés par des coupes similaires a effrayé le gouvernement conservateur portugais au point de l’inciter à retirer provisoirement ses mesures. (Voir aussi : Les manifestations «les plus importantes jamais vues» au Portugal)

Le 8 octobre, Le Monde rapportait que « plusieurs ministres importants du gouvernement s’opposent à un ‘choc de compétitivité’ massif passant par une baisse des cotisations patronales qui serait compensée par une hausse de la CSG ou de la TVA, pour réduire le coût du travail. »

Tout en faisant référence aux conséquences sociales des coupes de Hollande, le NPA ne cherche pas à organiser une lutte politique de la classe ouvrière contre les coupes sociales et le gouvernement PS. Au lieu de cela, il cherche à conforter la position de la bureaucratie syndicale dans les négociations alors que celle-ci organise les coupes avec Hollande. Ce faisant, le NPA cherche à enfermer politiquement dans une camisole de force l’opposition de la classe ouvrière en la restreignant aux limites de l’ordre capitaliste.

En parlant des réunions tripartites entre le gouvernement, le patronat et les syndicats, lors desquelles les syndicats négocient les coupes sociales avec Hollande, le NPA écrit : « Participer à de telles négociations, c’est déjà accepter de se situer sur le terrain de reculs sociaux. C’est ce qui justifie de tout faire pour que ces négociations ne se tiennent pas, de militer contre la participation syndicale à ces discussions. »

Il conclut en disant, « Au-delà, ce qui est en jeu, pour les luttes qui s’annoncent, c’est que les salariés, les syndiqués, les militants imposent au mouvement syndical de rompre avec la politique de concertation pour se situer en opposition à ce gouvernement antisocial. »

Quelle déclaration de faillite! Le NPA sait parfaitement que les syndicats ne veulent ni ne peuvent organiser une opposition significative contre la politique d’austérité du gouvernement.

Les syndicats font pression sur Hollande pour qu’il accélère les coupes sociales afin de promouvoir la compétitivité des entreprises. Dernièrement, le secrétaire général de la Confédération française démocratique du Travail (CFDT), François Chérèque, a dit : « La situation économique (…) est mauvaise, car la France n’est pas adaptée aux défis de la mondialisation… Nous devons lancer la négociation sur le marché du travail au plus vite, pour conclure au plus tôt. » Il a manifesté son soutien pour les réductions de salaire en précisant : « le coût du travail est aussi un facteur de perte de compétitivité. »

En France, les syndicats ont négocié au cours de ces trois dernières décennies avec les gouvernements successifs et de toutes tendances les réductions des retraites, les réformes de l’éducation et les fermetures d’usines.

Ils représentent des coquilles vides habitées par une bureaucratie privilégiée dont le budget – selon le rapport Perruchot qui fut censuré par le parlement puis divulgué après une fuite à la presse – provient à plus de 90 pour cent de contributions financières versées par le patronat et par l’Etat. Les cotisations de leurs membres ne comptent que pour 3 à 4 pour cent dans leur financement. De telles organisations sont totalement incapables de poursuivre une stratégie avec indépendance et hostilité vis à vis des grandes entreprises et du gouvernement PS.

Dans ces conditions, l’appel lancé par le NPA pour que la bureaucratie syndicale poursuive une politique radicale est un piège politique pour la classe ouvrière visant à encourager les travailleurs à mettre de faux espoirs dans la politique de la bureaucratie syndicale. La duplicité politique du NPA reflète les intérêts des couches sociales pour lesquelles il s’exprime – des couches de la classe moyenne aisée et dont de vastes sections sont politiquement intégrées dans la bureaucratie syndicale.

Quelles que soient les critiques cyniques qu'ils expriment à l’égard de Hollande, ces couches aisées ne sont pas vraiment touchées par les coupes sociales de Hollande. Elles peuvent donc encore et encore proposer une stratégie en faillite sans jamais tirer la moindre conclusion politique de la défaite des luttes ouvrières contre l’austérité, précisément parce qu’elles représentent une couche sociale isolée et antagoniste aux intérêts de la classe ouvrière.

Ceci justifie les critiques faites par le World Socialist Web Site à l’époque de la création du NPA en 2009, soulignant que sa politique petite-bourgeoise et son rejet de toute association au trotskysme préparaient le terrain pour son entrée manifeste au service de la réaction bourgeoise. (Voir aussi : France : quelle est la nature du Nouveau Parti anticapitaliste formé par la LCR ?)

Le seul moyen viable de lutter contre le gouvernement Hollande est de mobiliser la classe ouvrière pour lutter politiquement contre le gouvernement PS et l’Union européenne (UE), indépendamment des syndicats et de leurs partisans tels le NPA, sur la base d’une perspective socialiste révolutionnaire.

(Article original paru le 12 octobre 2012)

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