La guerre économique des Etats-Unis contre l’Iran

Au moment où l’administration Obama continue de mettre en place les moyens militaires en préparation d’une attaque contre l’Iran, les ravages infligés par le régime de sanction imposé à ce pays révèlent déjà le caractère criminel de sa politique extérieure. Les Etats-Unis et leurs alliés mènent dores et déjà une guerre économique contre l’Iran; elle est en train de causer hyperinflation, hausse rapide du chômage et pour des millions de travailleurs, d’immenses difficultés.

La valeur de la monnaie iranienne, le rial, a chuté de 40 pour cent la semaine passée, faisant monter brusquement les prix, y compris ceux des produits alimentaires de base. En l’espace de deux jours seulement, les 1er et 2 octobre, la panique sur la monnaie se propageant, celle-ci perdit plus de 25 pour cent de sa valeur par rapport au dollar. Depuis la fin de l’année dernière, le rial a perdu plus de 80 pour cent de sa valeur.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, fit observer, vendredi 4 octobre, les « effets significatifs sur l’ensemble de la population » causés par la sévérité des sanctions – qu’il a par ailleurs approuvées. Parmi ces effets il y avait « une augmentation des coûts des marchandises et de l’énergie, une augmentation du taux de chômage, et un manque de denrées de première nécessité, y compris de produits médicaux. » Le manque de médicaments nécessaire au traitement du cancer et des maladies respiratoires conduira inévitablement à des souffrances et à des morts inutiles.

Le prix de denrées alimentaires de base telles que le lait, le pain, le riz, le yaourt et les légumes a au moins doublé depuis le début de cette année. Le prix de la viande a rendu celle-ci inaccessible pour de nombreuses familles de la classe ouvrière. « La nourriture, les transports tout augmente et les gens sont inquiets non seulement pour aujourd’hui, mais pour demain. Les gens paniquent quant à l’état de l’économie, » a dit aux médias Mehdi Khalaji, du Washington Institute for Near East Policy (groupe de réflexion influent opérant à Washington ndt.)

L’administration Obama a réagi à ces nouvelles avec une satisfaction à peine dissimulée et a tenté d’attiser l’opposition domestique iranienne en accusant Téhéran d’être responsable de cette situation économique désastreuse. « L’Etat iranien a horriblement mal géré tous les aspects de sa situation domestique, » a dit à des journalistes la porte-parole du Département d’Etat, Victoria Nuland.

Le fait que l’administration Obama a entrepris de détruire l’économie iranienne est cependant bien visible. Les sanctions punitives imposées unilatéralement par les Etats-Unis et l’Union européenne ont, cette année, réduit de moitié les exportations iraniennes de pétrole qui comptent pour 80 pour cent des revenus liés aux exportations du pays. Les Etats-Unis et l’UE sont en train de préparer des pénalités supplémentaires pour les semaines à venir et qui augmenteront encore l’impact sur les exportations iraniennes d’énergie, sur l’accès de l’Iran aux finances internationales, sur ses revenus d’Etat et sur le niveau de vie de la population laborieuse.

Confirmant leur caractère de porte-voix du gangstérisme américain, les médias ont réagi aux récentes nouvelles économiques par la plus complète indifférence aux souffrances du peuple iranien. Ces sanctions accablantes sont traitées comme si elles étaient un instrument légitime de la politique extérieure pour forcer Téhéran à se plier aux exigences de Washington et à arrêter son programme nucléaire. La seule question qui se pose aux divers pontes de la presse est celle de savoir si les objectifs américains peuvent être réalisés sans recours à une guerre contre l’Iran.

Les accusations lancées par l’administration Obama contre le programme nucléaire iranien puent l’hypocrisie et le cynisme. Les Etats-Unis n’ont apporté aucune preuve que l’Iran construisait ou cherchait à construire une arme nucléaire. En fait, Téhéran est signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et permet des inspections internationales de ses centrales nucléaires alors qu’Israël, le principal allié des Etats-Unis au Moyen orient, s’y refuse et dispose lui, d’un arsenal nucléaire large et sophistiqué.

De plus, Israël et les Etats Unis ont lancé de façon répétée des guerres d’agression et menacent ouvertement d’attaquer l’Iran. Le principal objectif que poursuit l’impérialisme américain dans cette confrontation qui escalade est de consolider sa domination stratégique des régions riches en pétrole que sont Moyen Orient et l’Asie centrale.

Tout en s’opposant aux préparatifs de guerre de l’administration Obama, le World Socialist Web Site ne donne aucun soutien politique au régime théocratique réactionnaire de Téhéran ou à une fraction quelconque de la bourgeoisie iranienne. La réponse du président Mahmoud Ahmadinejad aux sanctions internationales a été d’en faire porter tout le poids à la classe ouvrière et aux masses rurales. Son gouvernement a ainsi démantelé les subventions sur les denrées de première nécessité et les a remplacé par des dons qui perdent rapidement toute valeur.

Officiellement, le chômage se monte à douze pour cent, mais divers analystes estiment celui-ci à trois fois ce chiffre. On estime que de 500 000 à 800.000 iraniens ont perdu leur travail au cours de l’année passée. La production de l’industrie automobile iranienne a chuté de 30 pour cent au cours des six derniers mois.

L’agence Associated Press évoque l’existence d’une pétition dans laquelle quelque 10 000 travailleurs et syndicalistes déclarent : « Une incroyable augmentation des prix a sévi durant l’année dernière alors que les salaires des ouvriers n’ont augmenté que de 13 pour cent cette année… Des millions de travailleurs ne peuvent pas subvenir aux coûts mensuels de leur logement ».

Sans aucun doute, les diverses factions rivales de l’élite dirigeante iranienne essaient d’exploiter, à leurs propres fins, ce mécontentement très répandu qui s’est manifesté la semaine dernière en mouvements de protestation dans les bazars de Téhéran. Washington essaiera de faire ce qu’il a fait en 2009, où il a soutenu le soi-disant Mouvement Vert s’appuyant principalement sur les classes moyennes supérieures de Téhéran, pour s’en servir de levier pour un changement de régime.

Rien de tout cela n’a interrompu les préparatifs de la part des Etats-Unis pour une guerre d’agression contre l’Iran. Comme ce fut le cas pour l’Irak, qui a subi une décennie de sanctions internationales débilitantes avant d’être attaqué, le régime de sanctions imposé à l’Iran est destiné à affaiblir celui-ci politiquement et économiquement comme phase préparatoire à une telle attaque. Les Etats-Unis viennent juste d’effectuer un vaste exercice international de déminage dans le Golfe persique et plus tard ce mois ci, ils vont effectuer des manœuvres communes avec Israël destinées à tester leurs systèmes anti-missiles. Ces exercices n’ont rien de « défensif ». Leur intention est de renforcer la capacité des Etats Unis et de leurs alliés militaires à contrer toutes représailles iraniennes à la suite d’une attaque américaine.

Une guerre avec l’Iran aura des conséquences dévastatrices non seulement sur la classe ouvrière de ce pays, mais sur celle de toute la région et du monde entier. La seule force sociale capable de stopper cette marche à la guerre est la classe ouvrière internationale. Les travailleurs des Etats-Unis et d’Europe doivent s’unir avec leurs frères et sœurs de classe du Moyen-Orient et du monde pour construire un mouvement politique indépendant contre l’impérialisme, basé sur une lutte pour l’internationalisme socialiste.

(Article original publié le 6 octobre 2012)

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