Les licenciements de masse se multiplient sous le gouvernement du Parti socialiste en France

La destruction massive d’emplois est en train de progresser rapidement sous le gouvernement du Parti socialiste (PS) du président François Hollande.

Le sidérurgiste ArcelorMittal a annoncé le 1er octobre la fermeture définitive de deux de ses hauts fourneaux à Florange en Moselle, supprimant les emplois de 629 travailleurs sur un effectif de 2.500. Les hauts fourneaux à Florange sont à l’arrêt depuis quatorze mois alors que différents gouvernements ont fait croire aux travailleurs qu’ArcelorMittal resterait dans la région. L'entreprise va aussi fermer ses hauts fourneaux à Liège en Belgique, ce qui se soldera par la perte de 795 emplois.

L’entreprise a deux autres usines en France à Fos-sur-Mer près de Marseille et à Dunkerque.

Le ministre PS du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a rassuré le patronat en disant que la nationalisation de l’usine n’était clairement pas une option. Il a déclaré, « A chaque fois qu’on a nationalisé, l’Etat n’a pas été un très bon gestionnaire. » Ceci fait référence à la nationalisation par le gouvernement capitaliste PS de l’industrie sidérurgique dans les années 1980, lorsque le PS avait procédé à des dizaines de milliers de licenciements, en dévastant toute la région.

Actuellement le chômage atteint 15 pour cent à Florange, nettement au-dessus du chiffre national de 10 pour cent, et l’héritage du gouvernement PS précédent a accru l’influence du parti fasciste, le Front national (FN) dans la région.

Montebourg, quant à lui, a affirmé avoir reçu la promesse du PDG Lakshmi Mittal de reporter de deux mois la fermeture pendant que le gouvernement tente de trouver un repreneur pour les hauts fourneaux, en laissant les trains de laminage entre les mains d’ArcelorMittal. Toute reprise est jugée hautement improbable dans l’actuelle récession qui a fait baisser de 25 pour cent la demande d’acier en France depuis la crise de 2008.

La soi-disant reprise industrielle du gouvernement PS va se fonder sur une nouvelle loi que Montebourg soumettra au parlement la semaine prochaine et qui obligera les entreprises qui cherchent à fermer des sites industriels à accepter des offres d’acquéreurs potentiels. Ceci n’est cependant qu’une couverture politique pour le PS afin de poursuivre les attaques contre les emplois et le niveau de vie des travailleurs. Les nouveaux acquéreurs de sites industriels en difficulté chercheront à réduire les salaires et les prestations des travailleurs conformément à la ligne poursuivie par le PS relative à la « compétitivité » industrielle avec la main d’oeuvre surexploitée dans les pays à bas salaire.

Le gouvernement PS poursuit fondamentalement la ligne de la politique industrielle de son prédécesseur, le président Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait promis de garder ouverte l’usine d’ArcelorMittal de Gandrange, puis l'avait laissé fermer avec à la traîne le licenciement de 1.000 travailleurs en Moselle.

Le président François Hollande a d’ores et déjà donné le feu vert à la fermeture de l’usine PSA Peugeot-Citroën d'Aulnay près de Paris et au licenciement de 8.000 travailleurs sur le plan national. PSA recherche une alliance avec General Motors qui a massivement réduit les salaires et les emplois aux Etats-Unis, avec l'aide du syndicat des Travailleurs unis de l’automobile (United Auto Workers, UAW).

Les ventes des constructeurs français d’automobiles ont dégringolé de 18 pour cent en septembre et une baisse annuelle de 12 pour cent est prévue. Les ventes ont chuté de 5 pour cent chez PSA et de 33,4 pour cent chez Renault ; ces deux constructeurs automobiles ne détiennent actuellement que 53,5 pour cent du marché automobile français.

Le 27 septembre, jour de l’ouverture du Mondial 2012 de l’automobile à Paris, Carlos Ghosn, PDG de Renault, a exigé des sacrifices des travailleurs : « L’amélioration de la compétitivité de la France est un sujet de survie pour Renault. » Les travailleurs de l’usine Renault à Sevelnord dans le Nord de la France ont été forcés d’accepter un gel des salaires et une dégradation des conditions de travail. »

Un autre avertissement sérieux a été donné par le PDG de PSA, Philippe Varin, dans le journal économique Les Echos, et qui a dit qu’après la fermeture de l’usine d’Aulnay, « D’autres constructeurs devront fermer des usines. »

Le PDG de Fiat, Sergio Marchionne, a réclamé une réduction des capacités de production automobile en Europe.

Avant l’ouverture du Salon de l’automobile, Montebourg avait lancé une diatribe nationaliste contre les constructeurs automobiles sud-coréens Hyundai et Kia, les accusant de faire du « dumping social. » Le gouvernement français veut que la Commission européenne mette fin à l’arrivée en force des constructeurs automobiles coréens en Europe, bien que la plus grande partie de leur production se fasse en Europe de l’Est dans le type de conditions de travail que Montebourg aimerait voir adoptées en France.

Lundi dernier, Brittany Ferries, la plus importante compagnie opérant sur les traversées de la Manche, a levé le lock-out de ses 1 300 salariés décidé par les patrons et qui avait duré dix jours. L’intersyndicale CGT (Confédération générale du Travail)-CFDT (Confédération française démocratique du Travail) avait organisé un vote dans le but de faire accepter des mesures de réduction des coûts.

Les huit navires de la compagnie assurant les traversées étaient restés à quai pendant le lock-out. Les syndicats avaient appelé à une grève de 24 heures pour protester contre les projets de l’entreprise de réduire les coûts de main d’oeuvre et la compagnie avait réagi par un lock-out. Alors que seulement 900 travailleurs ont participé au vote téléphonique, 58,68 pour cent ont voté pour le protocole d’accord de reprise du travail. Le Monde rapporte que « La direction de la compagnie a lié la reprise du trafic à la signature par les syndicats du plan de retour à la compétitivité. »

Le ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche, Frédéric Cuvillier, a salué « cette initiative et pr[is] acte des résultats de cette consultation du personnel, créant les conditions d’une reprise de l’activité dans les meilleurs délais. »

La coopération des syndicats et des forces petites bourgeoises de « gauche » telles le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) est cruciale pour ces projets patronaux de réduction des coûts. Après avoir soutenu Hollande lors des élections, ils s’opposent à présent à toute tentative de mobilisation de la classe ouvrière en faveur d’une grève de masse contre les coupes sociales, en défendant la stratégie consistant à faire pression sur le gouvernement PS au moyen de manifestations mineures ou d’actions en justice. Cette stratégie est inefficace et une faillite politique qui reflète le soutien que les syndicats et le NPA accordent à Hollande.

D’autres victimes des employeurs, du gouvernement et des syndicats sont les 52 salariées de l’usine Sodimédical basée à Plancy-l’Abbaye dans le département de l’Aube, et qui ont perdu leur bataille juridique intentée pour sauvegarder leurs emplois après une longue lutte de 30 mois.

Les syndicats et des groupes de « gauche » avaient entretenu l’illusion que le gouvernement PS nouvellement élu interviendrait par une loi en interdisant aux entreprises rentables de licencier les travailleurs. Ils ont inventé le terme de « licenciements boursiers » pour désigner les licenciements de travailleurs dans le but d’accroître les profits. Le 1er octobre, cependant, les tribunaux se sont prononcés en faveur de l’entreprise.

L’entreprise fait partie du rentable groupe Lohmann et Rauscher qui est spécialisé dans la fourniture de pansements, compresses et sets de soins pour le milieu hospitalier. Il avait délocalisé ses activités en France vers son usine en Chine, fermant l’usine située dans l’Aube.

Le tribunal avait initialement ordonné à l’entreprise de payer les salaires dus aux femmes depuis octobre 2011 et de les réembaucher. Catherine Berlin, membre du comité d’entreprise des femmes à l’usine a résumé ainsi la colère de celles-ci : « Le ministère de la Justice, celui du redressement productif, François Hollande, tous nous avaient dit cet été qu’ils allaient nous soutenir pour faire appliquer cette décision. Nous n’avons rien vu. Sous la droite, on en a bavé. Sous la gauche [à savoir le PS], c’est pire, puisqu’on perd notre emploi. On est dégoûtées, on éprouve un sentiment d’injustice. »

(Article original paru le 5 octobre 2012)

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