Les questions de classe soulevées par l'élection américaine de 2012

À moins de quatre semaines de l'élection américaine, les candidats à la vice-présidence Joseph Biden et Paul Ryan ont débattu en face-à-face hier soir alors que le Parti démocrate espère regagner du terrain après la performance médiocre du président Obama lors du premier débat de la semaine dernière.

Cet événement fait encore parler de lui, non pas tant parce qu'Obama avait eu une mauvaise soirée, mais parce que l'essence politique de son gouvernement a été dévoilée dans sa performance devant des dizaines de millions de téléspectateurs. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Obama a dirigé un gouvernement de droite qui a servi les intérêts de Wall Street. Comment Obama pouvait-il attaquer Romney, qui personnifie l'aristocratie financière dont les intérêts de classe sont défendus si loyalement par le président démocrate ?

Dans le contexte de la pire crise économique et sociale depuis la Grande Dépression des années 30 – avec un taux record de chômage à long terme, de faim et de pauvreté – Obama a refusé d'offrir la moindre aide. Il a plutôt approuvé un accord entre républicains et démocrates qui entrera en vigueur après l'élection et qui réduira le budget de plusieurs centaines de milliards en abolissant des programmes dont dépendent des millions de gens.

Si Obama et ses conseillers politiques essaient de regagner le terrain perdu en attaquant plus directement Romney, ils seront vus avec raison comme des gens qui prennent une pose sans y croire vraiment. Le vrai Obama était sur scène le 3 octobre à Denver.

La baisse de soutien pour Obama dans les sondages et la possibilité réelle que Romney sorte gagnant de l'élection ont créé un sentiment de nervosité dans la section de la société américaine qui a appuyé Obama avec tant d'enthousiasme – l'establishment libéral de gauche. Comme d'habitude, le représentant le plus typique de cette couche sociale est la revue Nation.

Dans son éditorial intitulé « Pour la réélection du président », Nation présente des arguments tortueux et non convaincants en faveur d'un appui pour Obama. L'éditorial commence avec une série d'admissions dévastatrices :

Le président s'est attaqué aux travailleurs et a exclu toute discussion du « taux massif de pauvreté ».

Il a répudié sa promesse de fermer Guantanamo, de démanteler les tribunaux militaires et de faire respecter la loi dans la poursuite de présumés terroristes.

Il a « lancé une guerre par drones qui tue des civils et cause un ressac contre les États-Unis partout dans le monde musulman ».

Sous Obama, « la Maison-Blanche a concentré plus de pouvoir entre les mains d'un président qui se réserve maintenant le droit d'assassiner des citoyens américains de manière extrajudiciaire ».

Mais rien de ceci ne devrait dissuader les gens de voter pour Obama !

Selon Nation, « Peu importe notre déception face au premier mandat d'Obama – et elle est grande – les progressistes ont à cœur un rejet par la population de l'équipe Romney/Ryan ». Une victoire républicaine, insiste la revue, « porterait un coup dévastateur aux valeurs et aux mouvements progressistes, et nous acculerait à des actions d'arrière-garde sur toute une série de questions – des droits des femmes, des minorités et des immigrants à la préservation des programmes d'assurance-sociale et d'une structure d'impôt progressif ».

Pourquoi faire confiance à un président anti-ouvrier et fauteur de guerre pour défendre les droits démocratiques et sociaux du peuple, la revue Nation ne le dit pas.

En guise de conclusion, l'éditorial affirme : « Les progressistes ont fait de vraies avancées durant les quatre années au pouvoir d'Obama et nous pouvons aller de l'avant sur la base des leçons et des luttes de son premier mandat s'il en obtient un second. »

Qui sont ces « progressistes » qui ont bénéficié du gouvernement Obama ? Ce ne peut être la classe ouvrière, qui a subi un déclin historique de son niveau de vie.

Non, la vague catégorie de « progressistes » réfère à un milieu social composé de chefs syndicaux, d'universitaires, d'avocats et d'autres professionnels qui profitent des politiques identitaires et des occasions de carrière associées au parti démocrate. Cette couche aisée des classes moyennes a enregistré une hausse de son portefeuille boursier et de son revenu au cours des quatre dernières années et elle craint de s'en tirer à moins bon compte si les républicains sont élus.

La revue Nation révèle sans le vouloir le cul-de-sac que constitue l'argument du « moindre mal » qui a été brandi une élection après l'autre pour bloquer le développement d'une véritable alternative politique pour la classe ouvrière. Loin de protéger les droits démocratiques et sociaux, cette perspective sans issue n'a fait qu'ouvrir grande la porte à la réaction politique, les candidats capitalistes prenant à chaque élection des positions encore plus à droite que la fois d'avant.

Une telle politique laisse la classe ouvrière sans préparation politique pour faire face à ce qui va arriver, peu importe qui gagne l'élection du 6 novembre, à savoir, une intensification de la guerre impérialiste et de la guerre contre la classe ouvrière.

D'où la grande importance de la campagne du Parti de l'égalité socialiste dans l'élection de 2012. Nous établissons clairement les vraies questions politiques et nous luttons pour fournir une direction et une perspective politiques aux luttes sociales qui s'en viennent. Partout dans le monde – que ce soit en Afrique du Sud, au Moyen-Orient, en Europe et en Chine, ou encore lors des grèves des enseignants de Chicago et des cols bleus de Détroit aux États-Unis – la classe ouvrière est poussée à entrer en lutte par la crise économique mondiale et la détermination des capitalistes à faire payer la classe ouvrière pour cette crise.

Le Parti de l'égalité socialiste (PES) et son mouvement de jeunesse organisent une série de conférences régionales sur les côtes Est et Ouest ainsi qu'au Midwest des États-Unis, sous le thème « Le socialisme et l'élection 2012 ». Ces conférences vont tracer un bilan des expériences politiques de notre campagne électorale et fournir une direction pour la construction d'un parti socialiste de masse de la classe ouvrière. Nous invitons les travailleurs, les étudiants, les jeunes et tous les lecteurs du World Socialist Web Site à participer à ces conférences et à adhérer au PES aujourd'hui.

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