Le président Zuma fait appel aux syndicats et aux forces de l’Etat pour mettre fin à la vague de grèves en Afrique du Sud

Le président sud-africain, Jacob Zuma du Congrès national africain (African National Congress, ANC), est en train d’essayer, au nom de la classe dirigeante sud-africaine et des sociétés minières mondiales, de mettre un terme au mouvement de grève de masse. Pour ce faire, ses principaux instruments sont le Congrès des syndicats sud-africains (Congress of South African Trade Unions, COSATU) et son affilié, le syndicat des mineurs, le National Union of Mineworkers (NUM).

Dans un discours tenu mercredi 17 octobre, Zuma a exhorté les mineurs, dont tous sont impliqués dans une grève sauvage non officielle, à reprendre le travail. En échange, il a proposé un train de mesures qu’il a appelé « un paquet de mesures » et qui devrait empêcher la propagation des grèves et améliorer la confiance dans l’économie en enlevant tout obstacle à la création d’emplois et à un développement économique durables.

L’annonce a été suivie de pourparlers entre des responsables du gouvernement, des entreprises, des syndicats et d'associations, ce qui a produit quelque chose de pompeusement nommé « Pacte social ».

Les pourparlers de mercredi ont été menés par des ministres en exercice, les présidents du Business Unity South Africa et du Black Business Council, ainsi que des dirigeants du COSATU et de ses rivaux plus petits, la Fédération des Syndicats d’Afrique du Sud (Federation of Unions of South Africa, FEDUSA) et le Conseil national des Syndicats (National Council of Trade Unions, NACTU). Les dirigeants du Conseil national de développement économique et de la main-d’œuvre (National Economic Development and Labour Council, NEDLAC) étaient également présents.

Le système de portes tournantes produit par la politique de la « promotion économique des Noirs » (« black economic empowerment ») est tel que de nombreux représentants du COSATU et de l’ANC auraient tout aussi bien pu parler au nom des grands groupes.

Se félicitant que les organisations « transmettent aujourd'hui d’une seule voix un seul message, » Zuma a exigé que les travailleurs engagés dans des grèves non officielles retournent au travail « dès que possible. »

Son « paquet de mesures » qui a pour objet d’aborder les griefs des travailleurs est en réalité un appel en faveur d’un « partenariat social, » c’est-à-dire la subordination de la classe ouvrière aux dictats des employeurs. Un gel des rémunérations des PDG et des dirigeants des secteurs privé et public au cours des 12 prochains mois a été inclus pour prétexter d’un « sacrifice commun » en échange d’une modération salariale de la part des travailleurs.

A part ceci, il n’a été proposé que du vent. Des mesures « doivent être prises » pour « aborder les vastes inégalités de revenus en Afrique du Sud, » a dit Zuma. Des mesures sont aussi requises « pour relever les défis auxquels ont à faire face les travailleurs et les entreprises qui sont touchées par le ralentissement économique mondial. » Ce que cela veut dire est laissé à l'appréciation de chacun.

L’objectif, comme l’a dit Zuma, est que « les relations de travail dans le secteur minier doivent être normalisées de toute urgence » et « l’intégrité du système doit être défendue. »

Il a fait référence au système de négociation collective approuvé par l’Etat et par lequel les syndicats sont capables de maintenir l’ordre parmi leurs membres et de garantir que la lutte des classes reste dans des limites sûres.

Le droit de grève et de manifester des travailleurs qui est protégé par la constitution « doit être exercé pacifiquement, » a déclaré Zuma, dans une menace implicite. « Nous ne transigerons pas là-dessus. »

Apportant son soutien à la répression d’Etat en cours contre les mineurs, il a déclaré que le gouvernement, le patronat et les syndicats soutenaient pleinement une action légale des autorités « pour stabiliser les communautés et normaliser la vie quotidienne dans toutes les communautés. »

Le syndicat dissident l’Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU) aurait été représenté aux pourparlers. Vu que le NUM a perdu toute légitimité parmi les grévistes, l’AMCU est en train d'être préparé pour le remplacer et pour devenir un moyen de contrôler les innombrables comités de grévistes qui se sont formés dans le feu des conflits qui ont surgi aux mines de platine, d’or, de diamants et de charbon.

(Article original paru le 20 octobre 2012)

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