Les syndicats et le gouvernement français préparent la dérèglementation du travail

Vendredi 14 septembre s’est tenue une réunion entre les syndicats, le gouvernement et le patronat pour fixer un calendrier de négociations sur le marché du travail. Ces négociations doivent aboutir à une meilleure compétitivité des firmes françaises vis-à-vis des pays dont la main d’œuvre est moins bien payée.

Hollande compte sur le contexte de crise économique pour améliorer la compétitivité aux dépens des travailleurs, alors qu’une vague de licenciements de masse fait que le pays compte 3 millions de chômeurs. Les syndicats travaillent avec le gouvernement pour imposer aux travailleurs cette réforme du code du travail visant à satisfaire les intérêts de la bourgeoisie française, avec le soutien des partis de la « gauche » petite-bourgeoise.

Les syndicats CGT et CFDT mais aussi le Front de Gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste et Lutte ouvrière ont soutenu Hollande lors du second tour des élections présidentielles, prétextant cyniquement qu’il serait plus facile de négocier avec Hollande qu’avec Sarkozy.

Hollande tout comme Sarkozy était le candidat de l’aristocratie financière, les deux candidats ayant le même programme sur toutes les questions fondamentales. Au lieu de mobiliser la classe ouvrière contre les attaques qu’elle allait subir après l’élection, les syndicats et partis petit-bourgeois ont permis à Hollande de préparer la mise en place du traité européen et la réforme du marché du travail. Les partis petits bourgeois chercheront à orienter les travailleurs vers les syndicats, ceux-là mêmes qui négocieront la casse du marché du travail.

Les négociations sont fondées sur une série de mensonges cyniques. Le gouvernement Hollande tente de faire croire aux travailleurs qu’il cherche à sécuriser les emplois alors même qu'il s’apprête à faciliter les périodes de chômage partiel, les licenciements, et la diminution des charges patronales.

Dans l’article intitulé“ Michel Sapin pour une réforme en profondeur du Code du travail”, le Nouvel Observateur écrit : « Interrogé sur BFM TV et RMC, le ministre du Travail [Michel Sapin] a insisté sur deux objectifs visés par le gouvernement français dans la discussion patronats-syndicats qui débutent ce vendredi : faciliter le recours au chômage partiel en cas de difficultés d’une entreprise et mettre fin à l’utilisation ‘abusive’ des contrats à durée déterminée (CDD) ».

Le secrétaire de la CGT, Bernard Thibault a voulu se donner une image d’opposition, récusant « l’idée selon laquelle les entreprises ont besoin de plus de souplesse », mais promettant aussi de s’impliquer « sans réserve dans toute les négociations ».

Thibault peut contester la flexibilité du travail, il n’empêche que son organisation a appuyé les mesures d’austérité du gouvernement précédent en échange d’une meilleure intégration dans la machine de l’Etat. Pendant la réforme des retraites de 2010, la CGT avait appelé à une opposition purement symbolique à la décision du gouvernement de briser les grèves—fonctionnant ainsi comme complice du gouvernement pour briser l’opposition des travailleurs. Maintenant Thibault collaborera étroitement avec le gouvernement pour aider la mise en place de cette réforme.

Quant à François Chérèque, il se dit prêt à « débattre de la flexibilité ».

Quelques jours avant la tenue de cette réunion, François Chérèque dans un entretien accordé au Journal du Dimanche exigeait que François Hollande applique rapidement les réformes du marché du travail. Le secrétaire de la CFDT avait déclaré : « La situation économique de notre pays est mauvaise, car la France n’est pas adaptée aux défis de la mondialisation… Nous devons lancer la négociation sur le marché du travail au plus vite, pour la conclure au plus tôt ».

François Chérèque a fait l’éloge des mesures adoptées par Gerhard Schröder, l’ancien chancelier social-démocrate (SPD) en Allemagne. Ce dernier a développé l’économie allemande sur la base de l’exportation, réduisant le coût du travail en rendant les travailleurs plus vulnérables à la flexibilisation des heures de travail, en créant une main d’œuvre importante employée à très bas salaire, et en réduisant les dépenses sociales.

Pour éviter une confrontation ouverte avec les sections organisées du prolétariat allemand, le gouvernement SPD a compté sur les syndicats qui ont conservé leurs propres positions et privilèges dans les usines.

Le gouvernement de Hollande se prépare à attaquer le code du travail de la même façon que l'ont fait les sociaux-démocrates allemands au début des années 2000. Michel Sapin a d’ailleurs vanté les mérites de l’économie allemande, qui a vu le nombre de chômeurs baisser après les premiers mois de la crise.

La ligne du gouvernement sur le marché du travail est calquée sur le programme du Medef. L’acceptation par le gouvernement du traité européen obligera le gouvernement à réduire drastiquement ses dépenses sociales, appauvrissant les travailleurs. Après avoir rendu à une petite minorité des travailleurs la retraite à 60 ans, le gouvernement souhaite s’attaquer aux retraités qui pourraient voir leurs cotisations sociales alignées sur celles des salariés, comme le recommande la Cour des Comptes

Le gouvernement PS compte aller au bout de la réforme du code du travail et des autres réformes. Nous pouvons nous en convaincre en regardant le mépris pour les travailleurs grecs avec lequel Hollande exige du gouvernement grec l’application stricte des mesures d’austérité.

Dans Le Monde du 13 septembre 2012, Moscovici demande à la Grèce de poursuivre ses réformes avec détermination : « Lors d’un entretien au quotidien Kathimerini publié jeudi matin, le ministre français avait déjà souligné la volonté de Paris d’’aider’ la Grèce, à condition que celle-ci mette en pratique ses engagement de redressement. ‘Nous voulons aider, mais cela n’est possible que si la Grèce convainc ses partenaires européens non seulement qu’elle a la volonté, mais aussi qu’elle prend et applique les décisions requises’, a-t-il affirmé ».

Le gouvernement français appuie la dictature de l’UE et du FMI sur le niveau de vie des ouvriers grecs, qui se dégrade depuis le début de la crise. Le chômage en Grèce, qui touche presque le quart des travailleurs, a plus que doublé depuis le début de la crise de la dette en 2010, quand il s’élevait à 11,8 pour cent.

Ce qui se passe en Grèce est un aperçu de ce que veut imposer le gouvernement français aux travailleurs avec la complicité des syndicats et de la « gauche » petite-bourgeoise.

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