La Commission Européenne et le président Hollande accélèrent l’austérité

Depuis plusieurs jours, le président François Hollande subit les pressions de la commission européenne et aussi à l’intérieur du Parti Socialiste (PS) pour accélérer l’austérité, dans un contexte de ralentissement de l’économie française et mondiale.

Mercredi 15 mai, François Hollande s’est rendu à Bruxelles pour y rencontrer le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, et une vingtaine de commissaires. La commission estime que les mesures d’austérité engagées par le gouvernement français ne vont pas assez loin. Elle a donné deux ans de plus à la France pour réduire sa dette en accélérant les réformes.

De retour en France, Hollande a tenu une conférence télévisée devant plusieurs centaines de journalistes pour exposer la politique que compte suivre son gouvernement pendant la deuxième année de son mandat—tout en essayant de camoufler le plus possible les conséquences que cette politique aura sur le niveau de vie de la classe ouvrière.

La France est entrée en récession au premier trimestre avec un recul de 0,2 pour cent et selon Bercy, les prévisions de croissance sur l’année 2013 seraient de 0,1 pour cent. Selon l’Insee, la consommation des ménages a baissé début 2013 de 0.1 pour cent, et on note aussi une baisse des exportations de 0.5 pour cent sur la même période.

Face à la récession en France, le gouvernement Hollande et la commission européenne se font l’écho des marchés financiers internationaux, accélérant les attaques contre les acquis sociaux des travailleurs pour rendre l’économie plus rentable. Pendant son discours télévisé, François Hollande a dit que l’an deux de son quinquennat serait l’offensive. Plusieurs fois dans son discours Hollande a parlé de compétitivité, énumérant plusieurs outils sur lesquels il compte s’appuyer pour aider la recherche et le développement ainsi que l’industrie du numérique

La France est en concurrence avec des pays émergents fournissant aux capitalistes une main d’œuvre à bas salaire qui s’est accrue dans les années 2000. Le commissaire aux affaires étrangères à rappelé que « les parts de marché des exportations françaises de biens et services ont reculé de 27 pour cent depuis 2000, nettement plus que d'autres pays exportateurs de la zone euro ».

Le modèle économique de la France était fondé sur son marché intérieur. Après la crise de 2008 et la réduction qu’elle a opérée sur la consommation de la population, la bourgeoisie française revoit sa stratégie économique. De leur point de vue, la France a pris du retard sur l’Allemagne, qui au début des années 2000 avait cassé le marché du travail sous la gouvernance du SPD social-démocrate, favorisant ainsi l’essor des exportations allemandes.

Les outils présentés par Hollande ne relanceront pas l’économie française, qui est touchée par une crise mondiale et systémique du capitalisme. Les mesures d’austérité imposées par l’Union européenne et par le PS au pouvoir ne feront qu’empirer une crise liée à l’appauvrissement généralisé des travailleurs.

Les mauvais chiffres de l’économie française sont le résultat de l’aggravation de la crise économique mondiale. La Chine et les Etats Unis, voient leur PIB ralentir. La principale puissance économique d’Europe, l’Allemagne a connu au quatrième trimestre 2012 un recul de 0.7% et pour le premier trimestre 2013 a eu une croissance quasi nulle.

L’article de Médiapart intitulé « La Commission européenne et son obsession des 'réformes structurelles' » rapporte les propos écrits l’an dernier par les services d’Olli Rehn : « Une stratégie budgétaire crédible, à moyen terme, doit être complétée par des réformes structurelles substantielles, sur le marché du travail, les retraites et l'ouverture des marchés ».

La France est poussée à prendre la voie qui fut ouverte par le PASOK et les sociaux démocrate en Grèce et en Espagne pour satisfaire les exigences des marchés financiers. Les deux ans qui sont donnés à la France comme l’a dit Hollande dans son discours, ce « n’est pas un répit mais un rebond pour une reprise plus rapide de l’Europe ». Ceci signifie simplement une modulation des rythmes de réformes qui sont fondamentalement destructrices.

L’aile du PS représentée par Ségolène Royal, ex-candidate du PS à l'élection présidentielle et ancienne compagne du président, a critiqué la lenteur du gouvernement dans la mise en place des réformes. Elle estime dans Le Monde que « du temps a été perdu, il fallait réformer par ordonnances dès le début. Réussissons les cent premiers jours de la deuxième année ».

D’autres sections du PS appellent à un rythme plus posé dans l’imposition de l’austérité, par peur d’une révolte contre le gouvernement, qui est fortement impopulaire. Emmanuel Maurel, animateur de l'aile gauche du PS a déclaré : « On atteint un stade très inquiétant. La commission européenne propose ni plus ni moins de démanteler notre modèle social, et de préférence à grande vitesse. On s'attaque aux trois piliers du modèle français : la retraite par répartition, le code du travail, les services publics … Tout ça risque d'être explosif. »

Le gouvernement Hollande a pris contact avec les syndicats patronaux et « des travailleurs » pour mettre en place les mesures d’austérité. Le gouvernement pourra compter sur la CGT qui, bien que n’ayant pas signé l’accord sur la réforme du marché du travail, n’a pas organisé les travailleurs contre le gouvernement.

Il y a des raisons objectives qui font que la CGT s’oppose à un mouvement de la classe ouvrière. Les syndicats sont des coquilles vides dépendant financièrement de l’Etat et du patronat, et qui partagent des intérêts communs avec l’Etat. Le rôle des syndicats est d’isoler et de démoraliser les travailleurs pour qu’ils ne puissent pas s’opposer aux licenciements comme c’est le cas pour les travailleurs de PSA.

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