Il y a 25 ans : une grève du secteur public ébranlait le gouvernement français

Michel Rocard en 1981

Fin octobre et début novembre 1988, la quasi-totalité du secteur public français était affecté par des grèves sauvages avec formation de comité de grèves et de comités de coordination. Le gouvernement social démocrate de Michel Rocard était ébranlé par l’offensive de centaines de milliers de travailleurs du secteur public contre ses mesures d’austérité et ses coupes budgétaires.

Les postiers de huit des centres de tri parmi les plus importants de la région parisienne, Lille et Rouen étaient en grève pendant deux semaines. Les grèves sauvages des techniciens de l’entretien et d’autres services d’Air France se sont étendues depuis les grands aéroports parisiens vers les aéroports de province.

Des grèves avaient été organisées par les travailleurs de la SNCF (la société de chemin de fer nationalisée), les postiers, les travailleurs de la RATP (transport urbain métro et trains), les électriciens et les gaziers d’EDF-GDF, les enseignants et d’autres employés des services public et de l’Etat. La semaine précédente avait vu des manifestations, comptant chacune des dizaines de milliers d’ouvriers, se tenir dans la capitale et dans les villes de province.

La vague de grèves fut précipitée par une grève militante des infirmières, qui en étaient à ce moment à leur troisième semaine de grève. Celle-ci était dirigée par le Comité national de coordination des infirmier(e)s. Ce dernier avait mobilisé 100.000 infirmier(e)s sur un total de 175.000 dans une manifestation de masse la semaine précédente à Paris.

Pierre Bérégovoy, le ministre des Finances de Rocard, avait appelé les travailleurs du secteur public à ne pas se défendre contre les mesures d’austérité du gouvernement. Faisant de sombres mises en garde à propos d’une « escalade inflationniste » qui causerait un dommage énorme « à notre commerce extérieur » il avait dit « Je fais appel avec confiance à la responsabilité des salariés ».

Le président François Mitterrand, du Parti socialiste avait précédemment fait une vague déclaration en faveur des infirmièr(e)s, se dédit et déclara qu’ils en « demandaient trop » et qu’une réévaluation des salaires et des conditions de travail allaient prendre un certain nombre d’années.

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