Trois Roms meurent dans un incendie à Lyon

Trois Roms, dont deux femmes et un enfant de douze ans, sont morts dans l'incendie d'une usine désaffectée à Lyon dans le centre de la France. Quelque 300 Roms squattaient les bureaux de l'usine. Les survivants ont été transportés dans un gymnase local.

Ces morts sont le résultat direct de la politique du gouvernement du Parti socialiste consistant à chasser les Roms de leurs campements, politique imposée avec énergie et brutalité par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avec l'aide de la ministre de la Justice Christiane Taubira.

La presse a cité quelques Roms du squat qui ont dit qu'une bougie qu'ils utilisaient a peut-être provoqué l'incendie. Laurent el-Ghozi, fondateur de Romeurope, collectif de soutien aux Roms, n'exclut pas l'hypothèse d'un acte criminel. Il a dit: " Il n'y a aucune raison pour que ça ne se reproduise pas. " Il accuse le gouvernement d'être responsable de ces morts: "C'est le douzième incendie d'une habitation Rom depuis le début de l'année, résultat d'une politique imbécile du gouvernement qui consiste à chasser sans fin "

Dans le groupe de Roms il y a plusieurs enfants et femmes enceintes. Ceci n'a pas empêché les autorités de couper l'électricité, et c'est ce qui aurait obligé les squatteurs à utiliser des bougies et à vivre dans des conditions insalubres puisque l'eau avait été coupée et il n'y avait pas de collecte des ordures. La préfecture du Rhône était pleinement au courant de la dangerosité du site pour les Roms. Un homme avait trouvé la mort dans le même squat il y a deux mois, écrasé par une partie du bâtiment qui s'était écroulé.

Ils avaient occupé les bureaux après avoir été délogés d'un précédent squat du quartier de Vaise. Ce qui vient de se passer est symptomatique de la politique de la préfecture du Rhône, estime Jean Philippe, militant anti-raciste, "elle refuse d'appliquer la circulaire qui prévoit des diagnostics médicaux, sociaux et de sécurité, sa seule réponse est l'expulsion des squats et des campements et, à chaque fois, la situation s'aggrave."

La loi exige que les autorités trouvent des logements alternatifs adéquats quand il y a des évacuations. Ceci est systématiquement ignoré sans qu'il y ait des sanctions de la part du ministère de l'Intérieur.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et la Garde des sceaux, Christiane Taubira, en déplacement lundi dans l'agglomération lyonnaise pour dresser le bilan des Zones de sécurité prioritaires, se sont rendus sur place. Valls a hypocritement exprimé « un sentiment de profonde tristesse » mais il garde le cap pour ce qui est de sa persécution des Roms. "Ces squats, comme les campements de fortune, doivent être évacués chaque fois, quand ils présentent, ici comme ailleurs, de vrais dangers." a-t-il déclaré.

Taubira, pleinement consciente du fait que le groupe avait été obligé de se réfugier dans les bureaux de l'usine à cause d'évacuations précédentes sans logements alternatifs, a ajouté son grain de sel en appelant à "une solution à la fois digne et efficace."

Un programme d'insertion bidon appelé Andatu, qui loge et régularise des Roms sélectionnés, est utilisé comme parade contre des accusations de non-application de la loi qui rend les préfectures responsables de trouver des logements pour les sans-abris. Jean Philippe a dit: « Il s’agit d’un programme dont personne ne connaît les conditions d’inclusion. Et, en plus, il sert d’excuse pour ne pas appliquer le droit commun ».

L'intensification de la persécution des Roms, a été initiée en France par l'ex-président Nicolas Sarkozy. Son tristement célèbre discours de Grenoble le 30 juin 2010 décrivait les Roms comme des « étrangers en situation irrégulière. » Il avait demandé au ministre de l'Intérieur de « mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms. Ce sont des zones de non-droit qu’on ne peut pas tolérer en France. »

A l'époque, la commissaire à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté de l'UE, Viviane Reding, avait accusé le gouvernement Sarkozy de «discrimination fondée sur l'origine ethnique ou la race » et de remettre en question «les valeurs et les lois communes à notre Union européenne. » Elle avait qualifié la politique française de «honte. » Elle avait implicitement comparé les actions du gouvernement français à celles des fascistes durant la Deuxième guerre mondiale. Puis elle avait fait marche arrière et Sarkozy avait été en mesure de poursuivre cette «honte. », tout comme le gouvernement de Hollande.

Hollande avait clairement expliqué pendant sa campagne électorale qu'il poursuivrait la persécution des Roms, mise en place par Sarkozy. Dans une interview sur la chaîne de télévision Canal Plus, le 12 février dernier, Hollande avait proposé comme « solution » à la présence en France de citoyens Roms de l'Union européenne «qu'on crée des camps....pour les accueillir […] , c’est-à-dire éviter que ces populations s’installent n’importe où ….permettre à ces populations de retourner en Roumanie, et pas ensuite de revenir en France. » Il a dit que les Roms seraient rassemblés et quand leurs campements improvisés seraient démantelés, ils seraient renvoyés en Roumanie. Il a demandé que soient instaurées des « règles européennes » pour cette « honte ». En fait, la persécution des Roms est un phénomène qui se répand partout en Europe.

Le 15 mars une polémique a éclaté quand Valls a déclaré: "Plus que jamais, les démantèlements [de camps] sont nécessaires et se poursuivront". Il a stigmatisé les Roms en ces termes, "Les occupants de campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution." L'association de défense des Roms, La Voix des Roms menace de porter plainte pour racisme.

C'est ce type de racisme flagrant qui encourage le développement de groupes d'autodéfense qui attaquent impunément les campements de Roms. A Marseille le 27 septembre 2012, sous les yeux de la police et soutenus par des municipalités socialistes, elles-mêmes initiatrices d'évacuations et de démantèlements avec bulldozers de par le pays, des actes de violences ont été perpétrés contre un campement rom.

 

(Article original paru le 16 mai 2013)

Loading