Un militaire poignardé pendant qu'il patrouillait à Paris.

Par Antoine Lerougetel
29 mai 2013

A 17h54 samedi, un assaillant solitaire a poignardé à la gorge un soldat français en uniforme, trois jours seulement après le meurtre macabre à coups de machette d'un soldat britannique en civil perpétré par deux djihadistes à Londres.

A Paris l'attaque a eu lieu en plein jour et sous les yeux du public. L'assaillant s'est ensuite enfui parmi une foule de gens qui faisaient leurs courses et n'a pas encore été identifié.

L'attaque s'est faite dans le quartier d'affaires de La Défense dans un espace appelé la salle d'échange qui mène du centre commercial à la station de métro, une zone régulièrement patrouillée par des unités mixtes armée-police de trois hommes, dans le cadre de l'opération anti-terroriste Vigipirate. Ce plan été déclenché par crainte de représailles terroristes contre les interventions militaires néo-coloniales françaises au Mali, en Syrie et en Libye.

Le soldat, Cedric Cordier de 23 ans, qui marchait juste derrière ses deux collègues, a été attaqué par derrière avec une arme blanche et a reçu une blessure superficielle près de l'artère carotide. Si elle avait été sectionnée, le coup aurait pu être fatal. Cordier a pu quitter l'hôpital lundi.

Bien que l'espace soit truffé de caméras de surveillance, les descriptions de l'assaillant apparemment solitaire sont contradictoires. Le Parisien le décrit « comme un homme de type nord-africain, âgé d'environ 30 ans, portant une barbe, un blouson et une djellaba». Mais ces éléments ont été démentis par Le Journal du dimanche.

Le Figaro signale: « Interrogé par Reuters, le préfet des Hauts-de-Seine Pierre-Andre Peyvel a refusé d'infirmer ou de confirmer cette information. Le syndicat Unsa police a indiqué de son côté que l'agresseur était un homme grand et athlétique. »

Le numéro de lundi matin du Parisien-Aujourd’hui en France a signalé l'existence d'une vidéo qui montrait l'agresseur présumé portant un petit chapeau et des habits noirs en train de prier quelques minutes avant l'attaque. La police dit aussi avoir trouvé un sac en plastique près de la scène contenant une bouteille et un couteau.

De façon prévisible, l'impopulaire Parti socialiste (PS) du Président François Hollande cherche à s'emparer de l'assassinat horrible de Londres et de l'attaque à Paris pour renforcer les pouvoirs de la police et attiser un climat droitier sécuritaire. Les sondages de Hollande sont à un niveau record historique de 23 pour cent, du fait de la profonde impopularité de ses mesures d'austérité et de ses guerres à l'étranger.

Cependant, au moment de la rédaction de cet article, il n'y avait aucun élément prouvant une motivation politique derrière l'attaque à La Défense.

Manuel Valls, ministre de l'Intérieur a déclaré lundi matin que des enquêteurs de la Brigade Criminelle avaient des « pistes sérieuses. » Interviewé sur France 5, Valls a dit que « des éléments » laissent penser que l'attaque était un acte terroriste, mais il a appelé à « être prudent à l'égard de tout amalgame, de toute comparaison. »

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui s'est rendu samedi soir au chevet du militaire, a affirmé de son côté que « l'on a voulu [le] tuer parce qu'il était militaire, », et a souligné sa détermination à mener avec son collègue de l'Intérieur Manuel Valls « une lutte implacable contre le terrorisme. »

(Article original paru le 28 mai 2013)
Loading