Archives du marxisme : les leçons du coup d’État de 1973 au Chili

Le 11 septembre dernier a marqué 40 ans depuis le sanglant coup d’État du général Augusto Pinochet qui a écrasé la classe ouvrière chilienne et inauguré 17 années de dictature fasciste militaire. Ce coup d’État a été suivi d’une répression sauvage au cours de laquelle des dizaines de milliers de travailleurs, d’étudiants et de militants de gauche au Chili ont été assassinés, torturés, contraints à l’exil ou sont disparus.

Ce bain de sang contre-révolutionnaire a été déclenché par l’administration Nixon à Washington et organisé en étroite collaboration avec la CIA et le Pentagone. Il s’inscrivait dans une série de coups d’État soutenus par les États-Unis qui a balayé l’Amérique latine – le Brésil en 1964, la Bolivie en 1971, l’Uruguay en 1973 et l’Argentine en 1976 – et imposé des dictatures militaires engagées dans la répression de la classe ouvrière et la défense des intérêts des capitaux étrangers et nationaux.

Le 11 septembre a été marqué au Chili par une série d’actions et de manifestations, dont une réunissant environ 60 000 personnes brandissant des pancartes ornées des photographies de victimes du régime et arborant le slogan, «40 ans après le coup d’État, personne n’a été oublié».

Dans une cérémonie organisée par les partis d’opposition, Michele Bachelet, ancienne présidente du Parti socialiste et candidate à l’élection présidentielle de novembre prochain, a déclaré qu’il était «injuste de parler du coup comme une conclusion fatale et inévitable.»

Elle a sans doute raison, mais pas pour les raisons qu’elle imagine. Le coup n’était certes pas inévitable. La classe ouvrière chilienne a fait preuve d’un immense courage et de ténacité. Mais elle a été trahie et livrée au boucher Pinochet par le gouvernement du président de l’Unité populaire de Salvador Allende, qui a lui-même payé de sa propre vie.

Dominé par le Parti socialiste d’Allende et le Parti communiste chilien stalinien, le gouvernement de l’Unité populaire comprenait également une section de la Démocratie chrétienne. Ce gouvernement a subordonné l’extraordinaire élan révolutionnaire des travailleurs chiliens au capitalisme. En effet, en 1973 le gouvernement a repris de force les usines prises en charge par les travailleurs et invité les généraux de l’armée, dont Pinochet, à entrer dans son cabinet afin de mieux coordonner cette répression.

La tragédie du Chili a été un élément clé dans la série de trahisons du stalinisme, de la social-démocratie et des syndicats qui a permis au capitalisme de survivre à la vague mondiale de luttes révolutionnaires de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Cette vague comprenait notamment les événements de mai-juin 1968 en France, les grèves de masse en Italie et en Allemagne de 1969, les protestations massives contre la guerre, les révoltes des ghettos et les luttes militantes des travailleurs industriels aux États-Unis, la chute des dictatures en Espagne, au Portugal et en Grèce, ainsi que la grève des mineurs qui a fait tomber le gouvernement conservateur Heath au Royaume-Uni.

Au Chili et ailleurs en Amérique latine en particulier, ces trahisons ont été aidées et soutenues par la tendance révisionniste dirigée par Michel Pablo et Ernest Mandel qui avait rompu avec le trotskysme et abandonné le programme révolutionnaire de la Quatrième Internationale. Cette tendance faisait la promotion de la politique petite-bourgeoise nationaliste et de la guérilla castriste, détournant ainsi toute une couche de la jeunesse révolutionnaire loin de la lutte pour résoudre la crise de direction révolutionnaire de la classe ouvrière, la précipitant dans des affrontements armés suicidaires avec l’armée.

Le World Socialist Web Site publie ci-dessous, sous forme abrégée, la déclaration du Comité international de la Quatrième Internationale, le mouvement trotskyste mondial, publiée quelques jours après le coup d’État. Cette analyse de la dynamique politique et sociale des événements au Chili conserve toute sa validité et est d’une importance vitale pour la préparation d’une nouvelle période de luttes révolutionnaires.

* * *

Pour la défense de la classe ouvrière chilienne

Déclaration de la Quatrième Internationale du 18 septembre 1973

Stalinisme et contre-révolution

«Défendez vos droits démocratiques non pas par le front populaire et le Parlement, mais par le renversement de l’État capitaliste et l’établissement du pouvoir ouvrier. Ne placez aucune confiance dans le stalinisme, la social-démocratie, le centrisme, le révisionnisme ou la bourgeoisie libérale, mais construisez un parti révolutionnaire de la Quatrième Internationale, armé du programme de la révolution permanente!»

Telles sont les leçons écrites dans le sang par l’héroïque prolétariat chilien que les chars et les pelotons d’exécution de la bourgeoisie assassinent, alors que les dirigeants bourgeois, staliniens, socialistes et libéraux cherchent de caserne en caserne un général sympathique à leur cause ou se préparent à faire la paix avec les nouveaux maîtres du Chili.

La classe ouvrière ne pourra jamais oublier la résistance certes inégale mais ô combien inspirante des travailleurs chiliens qui ont démontré, et non pour la dernière fois, qu’ils sont la seule force révolutionnaire au Chili pouvant s’opposer à l’impérialisme et au capitalisme national. Elle ne pardonnera jamais aux dirigeants staliniens et socialistes d’avoir adopté une politique faite essentiellement de lâcheté et de trahison qui a permis à la bourgeoisie chilienne de suivre l’exemple de l’Indonésie, de la Grèce, de la Bolivie et du Soudan.

Ces événements soulignent de la façon la plus sanglante qui soit la crise de direction de la classe ouvrière et les dangers énormes qui se posent à la classe ouvrière à la suite de l’effondrement du système monétaire mondial et des mesures prises par Richard Nixon le 15 août 1971.

 

Le stalinisme s’est une fois de plus révélé être le défenseur le plus constant de la propriété bourgeoise et de l’État bourgeois, ainsi que le plus cruel ennemi de la classe ouvrière, laquelle luttait pour la défense de ses droits démocratiques fondamentaux.

Dès la création du régime de Salvador Allende en novembre 1970, la bureaucratie de Moscou a soutenu de tout son poids la faible bourgeoisie chilienne réactionnaire et désorienté la classe ouvrière au moyen de son instrument, le Parti communiste chilien.

En 1970-1971, l’armée chilienne n’était pas en mesure de s’emparer du pouvoir. Elle a dû attendre trois ans avant de mener à bien ses plans. Nous pouvons affirmer catégoriquement que la désorientation politique planifiée et systématique menée par le stalinisme a été essentielle dans la création de conditions favorables pour ce coup. L’arme idéologique essentielle des staliniens chiliens dans la préparation des conditions du coup a été la théorie menchevik de la révolution en deux étapes et le concept erroné de la «voie parlementaire pacifique vers le socialisme» au moyen du front populaire, deux politiques qui ont désarmé la classe ouvrière et empêché sa mobilisation au moment crucial.

Détournant les yeux de la crise monétaire et économique mondiale qui a mis Allende au pouvoir en premier lieu, diminuant consciemment la nature de classe réactionnaire de l’État capitaliste, exagérant et déformant l’inclinaison réformiste d’une petite section de la bourgeoisie chilienne, le stalinisme chilien s’est transformé en bourreau de la révolution chilienne.

La défaite n’était pas inévitable

La défense de la classe ouvrière chilienne est impossible sans dévoiler les mensonges, les demi-vérités et les distorsions auxquels les staliniens britanniques et européens ont recours pour couvrir les causes de la défaite et minimiser l’ampleur de ses conséquences.

Ayant contribué de façon majeure à la tromperie des travailleurs chiliens en soutenant aveuglément chaque recul réformiste d’Allende, les staliniens européens tentent maintenant de présenter les événements du Chili comme tragiques et historiquement inévitables. Or, la dernière chose que ces bureaucrates réformistes désirent, c’est bien un examen honnête des événements au Chili.

Leur crainte et leur mépris de la classe ouvrière sont si grands qu’ils n’oseront jamais faire la moindre critique de leur propre politique. Bien au contraire, la défaite chilienne va les encourager à poursuivre la «voie pacifique» plus vigoureusement que jamais.

Chaque étape de la catastrophe chilienne a été déterminée par la crise de direction de la classe ouvrière et la faillite du stalinisme et de la social-démocratie chilienne. Cette faillite s’est exprimée dans leur refus absolu d’exproprier totalement les capitalistes chiliens et leur prostration complète devant l’État capitaliste, deux mesures présentées comme la défense de la «démocratie centenaire du Congrès chilien.»

Les leçons du Chili sont universelles et s’appliquent avec un intérêt particulier aux pays comme l’Italie et la France où le stalinisme domine le mouvement ouvrier et utilise sa doctrine réactionnaire de la «coexistence pacifique» et de la «démocratie avancée» pour endormir les masses et permettre au fascisme et à l’État capitaliste de préparer leurs attaques.

Toute l’histoire du XXe siècle en Amérique latine, ainsi que la riche expérience du mouvement ouvrier européen depuis la Commune de Paris, ont montré avec une clarté impitoyable que l’État capitaliste n’est pas neutre, mais bien l’expression de la volonté collective de la classe dirigeante – une machine pour la domination d’une classe par une autre. La seule fonction de l’État bourgeois est la défense des relations de propriété capitalistes.

À l’époque de la décadence du capitalisme – l’époque de l’impérialisme – le conflit entre les forces productives et les rapports de propriété s’est énormément intensifié et, dans une même mesure, le rôle interventionniste de l’État dans la vie sociale et économique de chaque pays s’est renforcé. L’appareil de répression, cette «bande d’hommes armés», comme Engels définit l’appareil d’État, prend une taille disproportionnée et les attaques contre les droits démocratiques de base deviennent une caractéristique omniprésente de la domination capitaliste. Si la classe ouvrière ne parvient pas à créer un parti révolutionnaire et à renverser l’État, la transition vers le fascisme et le bonapartisme deviennent alors inévitables.

C’était là la leçon principale de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne dans les années 1930. Et c’était cette même tâche à laquelle faisait face la coalition d’Allende en 1970, et que celui-ci a constamment éludée, aidé en cela par les staliniens.

Le rôle de l’armée

Aucun régime populaire ne peut coexister avec les forces armées chiliennes, celles-ci étant menées par les représentants les plus réactionnaires des capitalistes et des propriétaires. Tous ses dirigeants sont des réactionnaires professionnels formés par la CIA.

Plutôt que de dissoudre le Congrès, le Sénat et les forces armées et de créer une milice populaire dont la puissance serait basée sur les cordones ­(conseils de travailleurs) et les paysans pauvres, les staliniens chiliens sont devenus les principaux défenseurs de «l’ordre» en créant un gouvernement de front populaire.

Lors d’un récent séminaire organisé par la revue stalinienne World Marxist Review, Banchero, le porte-parole du stalinisme chilien, a clairement déclaré l’attitude de son parti par rapport à l’État : «Un trait distinctif du processus révolutionnaire au Chili, c’est qu’il a commencé et se poursuit dans le cadre des institutions bourgeoises du passé... Au Chili, où la révolution démocratique populaire anti-impérialiste, anti-monopolistique et anti-féodale est actuellement en cours, nous avons essentiellement conservé le vieil appareil d’État. Les bureaux du gouvernement sont principalement occupés par les anciens fonctionnaires... L’administration exerce ses fonctions sous la direction et le contrôle du gouvernement populaire.

«Les forces armées, respectant leur statut d’institution professionnelle, ne prennent pas part au débat politique et se soumettent à la puissance civile légalement constituée. Des liens de coopération et de respect mutuel ont été développés entre l’armée et la classe ouvrière au nom de l’objectif patriotique de faire du Chili un pays libre, avancé et démocratique.

«Les éléments ultra-gauchistes réclament bien l’"introduction" immédiate du socialisme. Mais notre position est que la classe ouvrière doit acquérir tout le pouvoir progressivement : ce processus se fera parallèlement à notre contrôle exercé sur l’appareil d’État. Nous allons commencer à transformer ce dernier dans l’intérêt de la poursuite de la révolution.»

Banchero avait un prédécesseur en Idris Cox, stalinien britannique prêchant également la «voie pacifique» :

«En Grande-Bretagne, la question est souvent posée, principalement par des éléments ultra-gauchistes il est vrai, à savoir si nous pouvons atteindre notre objectif sans recourir à l’usage de la force armée ou la guerre civile. Personne ne peut garantir que cela n’arrivera pas, mais il est de notre avis que, compte tenu du changement dans l’équilibre des forces mondiales et de la position affaiblie de la classe dirigeante britannique, il est peu probable que celle-ci puisse utiliser la force armée pour renverser les résultats d’élections démocratiques.»

La justification de Cox est plus succinctement exprimée encore par Pablo Neruda, poète stalinien et ambassadeur du Chili à Paris : «Quant à notre armée, nous l’aimons. C’est le peuple en uniforme».

Les véritables auteurs de cette stratégie réformiste, cependant, ne viennent pas de Grande-Bretagne ou du Chili, mais bien du centre bureaucratique à Moscou. Dans l’intérêt de ses politiques étrangère et intérieure, la bureaucratie soviétique est la principale championne non seulement d’une «voie pacifique», mais, plus important encore, d’une approche nouvelle et plus souple à l’égard des forces armées en Amérique latine.

Pendant des générations, c’était une tradition des socialistes en Amérique latine et même de certaines sections des staliniens, que de traiter l’armée avec hostilité et suspicion. Mais cette attitude entre en conflit avec la politique de la bureaucratie soviétique, qui est de reconnaître et de négocier avec n’importe quel dictateur militaire, qu’il s’agisse de Franco en Espagne, de Papadopoulos en Grèce ou de Lon Nol au Cambodge. Ainsi, dans le passé récent, les «théoriciens» soviétiques se sont affairés à conditionner leurs collègues d’Amérique latine à travailler avec et sous l’armée.

Pour cela, ils tentent d’occulter le caractère de classe de l’armée et son rôle essentiellement répressif. Dans le numéro de Comment de novembre 1970, un certain docteur Shuglolvsky écrit un long article définissant de façon définitive la nouvelle ligne politique qui a abouti au dénouement sanglant du Chili.

«C’est l’opinion des partis communistes que les forces saines des armées ont un rôle important à jouer dans les mouvements de libération et pour apporter de profonds changements sociaux. Les communistes s’opposent fortement aux vues antimilitaristes vulgaires, et à toute manifestation de sectarisme [!] par rapport à l’armée, parce que cela ne fait qu’ajouter de l’eau au moulin réactionnaire».

Bien que présenté comme une analyse théorique, cet article est en fait un ordre clair donné aux sceptiques dans les rangs des PC. Il convient de rappeler que Staline avait ordonné de la même façon aux communistes chinois dans les années 1920 de se soumettre à l’armée du Kuomintang de Tchang Kaï-Chek, sous prétexte que ce mouvement était moderne, progressiste, voire même révolutionnaire. Or, cette théorie bureaucratique a directement conduit au plus grand massacre de communistes que la Chine ait connu : le massacre de Shanghai.

Capitulation devant la droite

Au Chili, cette question avait une importance accrue puisque le Congrès et le Sénat, tous deux dominés par les partis de droite de la Démocratie chrétienne et nationaliste, se sont consacrés au renversement d’Allende.

Les démocrates-chrétiens, dirigés par le candidat de la CIA Eduardo Frei, ont utilisé au maximum la légitimité factice accordée au Congrès et au Sénat par Allende pour ralentir et entraver ses projets de loi réformistes, tout en préparant un plan d’attaque concerté. Dans ce plan, leurs principaux alliés ont été les staliniens qui ont soutenu au maximum le refus systématique d’Allende de mettre sur pied une milice ouvrière. Au plus fort de la crise faisant rage au Cabinet en septembre 1972, Allende a clairement démontré sa détermination à éradiquer l’opposition de l’extrême-gauche à ses réformes fabiennes, rejetant expressément toute idée de milice populaire.

«Il n’y aura pas d’autres forces armées ici que celles stipulées par la Constitution. C’est-à-dire, l’Armée, la Marine et l’Aviation. J’éliminerai toute autre force qui se manifestera.»

À l’échelle de l’histoire, les timides réformes d’Allende – qui ont suscité de grands espoirs chez les ouvriers, les paysans et la classe moyenne – ont pesé beaucoup moins que la trahison de ces aspirations par le respect imposé de la légalité constitutionnelle.

Les forces réactionnaires de l’opposition ont ainsi pu intégrer leur plan de façon plus efficace avec celui des «gorilles» des forces armées, des créanciers étrangers et des propriétaires des monopoles expropriés. Grâce à leur majorité constitutionnelle aux deux chambres et en s’appuyant sur la désillusion croissante dans le pays après l’échec d’Allende à endiguer l’inflation, l’opposition a mis en oeuvre la première phase de son plan qui était de forcer la démission de ministres radicaux et de faire entrer des officiers au Parlement. Après les élections partielles de janvier 1972, Allende a été contraint d’abandonner son ministre socialiste de l’Intérieur, tandis que ses plans pour réformer le système bicaméral étaient effectivement bloqués par l’opposition.

La pression grandissante et les négociations secrètes croissantes entre le gouvernement et l’opposition ont provoqué une nouvelle crise au Cabinet en juin 1972. Allende a alors congédié son ministre de l’économie de gauche, Pedro Vuskovic et abandonné ses plans de nationalisation. De façon prévisible, ce geste a reçu le plein soutien des staliniens qui, comme en Espagne en 1938, étaient à l’extrême-droite de la coalition. Accusant Vuskovic de «détruire la confiance des entreprises», ils préconisaient du même coup le «dialogue» avec les démocrates-chrétiens et l’acceptation du programme bidon de «participation des travailleurs» de l’opposition plutôt que celui des nationalisations.

Le leader syndical stalinien Figuero a salué ce plan corporatiste en termes élogieux : «La participation doit s’exprimer NON PAS dans la propriété des biens de l’entreprise par les travailleurs, mais dans un rôle efficace et actif de ceux-ci dans la gestion et la planification.» Cette exhortation a été combinée à une campagne pour plus de productivité et de «travail volontaire» (extrait de Workers Press du 1er avril 1972).

En août 1972, la «voie pacifique» essuyait un dur coup lorsque les commerçants ont affronté la police à Santiago – les staliniens ont immédiatement utilisé cela comme prétexte pour exiger l’interdiction des groupes d’extrême-gauche comme le MIR dans le sud avec l’argument pitoyable que les actions de la gauche «fournissent un prétexte à une intervention militaire».

L’énorme hostilité des staliniens envers n’importe quel groupe de gauche qui ne suivait pas la ligne d’Allende s’est exprimée brutalement en août 1972 lorsque des policiers d’allégeance stalinienne ont tué cinq paysans en attaquant un bastion de l’aile gauche du MIR en périphérie de Santiago.

À la fin de 1972, la réaction était prête à entrer dans sa deuxième phase avec, dans le sud du pays, la grève des propriétaires de camions contre la nationalisation. Au bout de quatre semaines, non seulement Allende capitulait-il devant la réaction, mais il convenait en plus d’accepter trois généraux dans son cabinet, en plus de congédier pour une deuxième fois un ministre de l’Intérieur. La plus importante des nominations était celle du général Morio Prats, chef des Forces armées et réactionnaire anti-ouvrier notoire. Allende congédia son ministre de l’Intérieur Del Canto pour avoir permis «l’occupation illégale» d’industries du secteur privé par des travailleurs. La tangente vers la droite devenait inexorable.

Ce n’était là pas seulement un signe de victoire pour les réactionnaires, mais aussi un gain significatif pour les staliniens qui n’avaient cessé de lutter contre les occupations d’usines et les saisies de terres, s’opposant impitoyablement à toute lutte non contrôlée par eux ou Allende.

Partout dans le monde, la machine à mensonges des staliniens s’est alors mise en branle pour fausser le sens de ces changements inquiétants. Le magazine du PC britannique Comment de novembre 1972 n’hésitait pas à défendre Allende – et même Prats :

«N’est-ce pas là un signe de faiblesse? Un abandon? Une trahison? […] L’arrivée de ces officiers dans le gouvernement, aussi étrange que cela puisse paraître, est en fait une indication que l’aile droite a été déjouée et vaincue dans cet engagement de la lutte des classes».

De la même façon que Sukarno en Indonésie a tenté de contrebalancer la gauche contre la droite dans son cabinet condamné, Allende a récompensé le stalinien Figuero en lui confiant le poste de ministre du Travail.

L’insoluble crise économique

Les intrigues croissantes de l’opposition, l’arrogance des généraux, les hésitations de plus en plus grandes du président Salvador Allende et la capitulation des staliniens en 1972-1973 a pour arrière-plan la crise insoluble du capitalisme chilien et mondial.

Quand Allende a pris le pouvoir, le Chili était en proie à une crise économique et financière majeure qui s’est considérablement aggravée depuis. Les réserves de la Banque centrale sont passées depuis de 500 millions de dollars à 280 millions de dollars, et en avril 1972, on ne les estimait à pas plus de 60 millions de dollars. Dans la même période, la dette étrangère du Chili a dépassé les 3 000 millions de dollars, la plus grande partie faisant l’objet d’un examen par les banques centrales européennes.

Cette énorme dette nationale non répudiée, couplée à la baisse continue du prix du cuivre à l’exportation, a forcé Allende à dévaluer l’escudo chilien quatre fois en deux ans. Les paiements de la dette extérieure représentaient à eux seuls près de 300 millions de dollars par an. L’effondrement du système de Bretton Woods et les compressions dans l’aide étrangère américaine ont mis fin à tout espoir que l’économie capitaliste chilienne puisse être jamais solvable. Les compromis d’Allende et des staliniens avec les créanciers étrangers ont encouragé la réaction nationale à augmenter ses pressions pour arrêter toute nationalisation et préparer ouvertement la contre-révolution.

Les manifestations des travailleurs et des étudiants contre la droite étaient dénoncées par les staliniens, alors qu’Allende s’affairait à louanger les carabiniers, l’élite détestée de la police déployée pour attaquer les travailleurs et les squatters.

Les paroles d’Allende exprimaient clairement la crainte, pour ne pas dire l’impuissance, du médecin petit-bourgeois devant la machine de l’État capitaliste et son manque total de confiance envers la classe ouvrière :

«Ce n’est pas pour rien que la devise des carabiniers est “Ordre et Patrie”. L’ordre, fondé sur l’autorité morale, découle de la bonne exécution des tâches, et ne signifie nullement la négation de la hiérarchie. En fait, il y a un sens de la discipline et de la hiérarchie qui découle de l’idée que le gouvernement est responsable de la discipline sociale et de l’usage de la force publique» (Workers Press, le 11 mai 1972). C’est précisément ce «sens de la discipline et de la hiérarchie» qui a conduit la Garde présidentielle formée de carabiniers à se rendre lorsque le coup d’État militaire a eu lieu.

En septembre 1972, Allende niait toute possibilité de coup d’État militaire : «Je crois que mon gouvernement est la meilleure garantie de paix. Ici, il y a des élections et la liberté. Quatre-vingt-dix pour cent des Chiliens ne veulent pas d’un affrontement armé.»

Les 10 pour cent restants cependant ne partageaient pas les illusions staliniennes d’Allende. De nouveaux groupes semi-fascistes comme le Front «Liberté et patrie» commençaient à s’armer ouvertement contre le régime, tandis que les propriétaires créaient des armées privées dans le sud afin d’imposer une «justice» sommaire aux paysans. Par ailleurs, conformément aux termes de l’accord d’octobre 1972 passé avec l’opposition, Allende donnait une arme précieuse à la réaction en empêchant le rapprochement obligatoire de 155 stations de radio avec le réseau d’État chilien.

En 1973, la politique de «modération et de conciliation» des staliniens avait désillusionné les travailleurs industriels et, pour la première fois, les mineurs du cuivre entraient en grève pour obtenir des augmentations salariales. C’était là un grave signe de crise, mais conseillé par ses ministres staliniens, Allende s’en est pris à la classe ouvrière de la façon la plus perfide.

Dès son retour de Moscou en janvier 1973, Allende a dénoncé les mineurs du cuivre en grève en les qualifiant de «véritables banquiers monopolistiques qui demandent de l’argent pour leur poche, sans la moindre considération pour la situation du pays».

Dans le même discours, Allende a révélé que la dette extérieure est passée en deux ans de 3 000 millions de dollars à 4 020 millions de dollars, admettant en outre que le Parlement aurait dû être dissous plus tôt. Tel était le prix de la «voie pacifique».

Là encore, les staliniens ont montré leur jeu. Lorsque les mineurs de l’énorme mine de cuivre nationalisée El Teniente ont fait la grève pendant 70 jours pour des hausses de salaires, les staliniens se sont opposés aux gestes d’ouverture d’Allende envers les mineurs en les qualifiant d’ «hésitations» et de «hautement inadmissibles», préférant plutôt encourager le régime à utiliser des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour briser les manifestations des mineurs. La province de O’Higgins où se déroulaient les grèves fut alors placée sous contrôle militaire.

 

Dans le même temps, Allende a proposé de ramener à leurs postes les généraux de l’armée qui avaient démissionné de leurs fonctions en mars 1973. Le but de cette manœuvre était clair : Allende et les staliniens voulaient utiliser l’armée contre la classe ouvrière, même si les leaders de leurs partis respectifs étaient déjà convaincus que l’opposition préparait un coup pour août ou septembre!

En juin 1973, la droite a tenté de s’emparer du pouvoir une première fois à la suite de la grève des mineurs du cuivre. Cette tentative du Deuxième Régiment blindé a échoué, mais elle a montré jusqu’à quel point le régime était extrêmement vulnérable à un coup d’État.

Cette attaque a poussé la classe ouvrière à entrer en action. Les travailleurs se sont alors emparés des usines et les assemblées des travailleurs de la base se sont multipliées en octobre et novembre 1972.

La réaction du leader stalinien chilien Luis Corvalan au coup d’État avorté du 29 juin a démontré la panique de ces traîtres quand ils ont vu ce qui allait advenir d’Allende. Finie la complaisance et l’euphorie. Seule subsistait une paralysie terrifiée devant l’armée : «La révolte a rapidement été contenue, grâce à l’action rapide et déterminée du commandant en chef de l’armée, à la loyauté des forces armées et de la police... Nous continuons à soutenir le caractère absolument professionnel des institutions armées. Leurs ennemis ne sont pas dans les rangs du peuple, mais bien dans le camp de la réaction.» (Marxism Today, Septembre 1973).

Même à cette heure tardive, la situation aurait encore pu être changée par un leadership ferme et décisif. Les staliniens chiliens, cependant, ont suivi un cours qui n’était pas seulement erroné, mais pire encore, contradictoire. Comme Corvalan écrivait : «Le slogan patriotique et révolutionnaire doit être : “Non à la guerre civile! Non au fascisme.”« Mais le fascisme, c’est la guerre civile contre les travailleurs. Et l’existence de l’État capitaliste porte en elle le danger potentiel de la guerre civile contre la classe ouvrière. En renonçant à la guerre civile et en laissant la responsabilité de la lutte entre les mains des officiers bourgeois réactionnaires, le stalinisme chilien n’a fait que faciliter et accélérer la défaite des travailleurs.

Les travailleurs chiliens devaient toutefois recevoir un coup encore plus sinistre. Dans leur quête désespérée pour trouver des alliés, les staliniens chiliens se sont mis à lancer les appels les plus opportunistes à des fascistes et à des partis nationalistes extrémistes. Sans vergogne, Corvalan suppliait les disciples du fasciste Pablo H. Rodriguez de «dialoguer» pour éviter la guerre civile et «unir notre pays, afin d’éviter des divisions artificielles entre Chiliens ayant un intérêt commun». De façon prévisible, les fascistes ont traités les supplications de Corvalan avec mépris et dérision... poursuivant leurs préparatifs de guerre civile.

Tandis que les travailleurs devenaient de plus en plus sceptiques à l’égard du régime et commençaient à s’organiser spontanément en groupe d’autodéfense, la droite intensifiait ses préparatifs et parlait ouvertement de suivre la «voie indonésienne». Le grand quotidien bourgeois du Chili, El Mercurio, parlait ainsi avec jubilation dans son numéro du 27 juillet du massacre «spontané et horrible» en Indonésie qui, à son avis, «n’était pas vraiment si horrible» parce qu’il a fait de l’Indonésie «l’un des grands pays d’Asie du Sud où l’économie est stabilisée et l’ordre prévaut.»

L’ancien président Frei appelait de plus en plus ouvertement à l’écrasement de l’»armée parallèle» se développant dans les usines. Dans une telle situation, seule une action des plus résolues du gouvernement pour armer les ouvriers, démanteler l’armée et alerter l’ensemble de la classe ouvrière pour se préparer au combat aurait pu éviter ou repousser le coup d’État. Or, tant le gouvernement que les staliniens ont fait le contraire.

Une «loi sur le contrôle des armes à feu» adoptée lors de la crise qui régnait en octobre 1972 a été réactivée afin d’empêcher l’armement des ouvriers. Dans la marine et l’armée, les officiers de droite ont profité de l’apathie, de la passivité et de l’indifférence des staliniens pour haranguer et endoctriner les troupes et se préparer à un putsch. Les fervents appels d’Allende à l’armée ne faisaient qu’augmenter la détermination des généraux à mettre un terme rapide et impitoyable à l’expérience de la «voie pacifique».

L’assaut final mené contre le palais présidentiel le 11 septembre est ainsi devenu le point culminant du coup d’État, l’aboutissement final d’un plan qui n’a pu voir le jour qu’à cause de l’assentiment du gouvernement et des staliniens. Comme Hitler et Franco, le général Pinochet a gagné par défaut, grâce à la trahison du stalinisme.

La petite bourgeoisie et la réaction

Une dernière question doit être posée aux staliniens. Pourquoi est-ce qu’aucun dirigeant stalinien n’ose répondre à la question la plus essentielle posée par la défaite? Pourquoi la classe moyenne urbaine, ainsi que les couches moyennes et inférieures de l’armée, se sont-elles tournées si violemment contre le régime? Si la «voie pacifique» et le «respect de la légalité» étaient les seules garanties pour gagner les classes moyennes, pourquoi cela a-t-il échoué si lamentablement au Chili?

Expliquer la situation en pointant du doigt les intrigues de la CIA ou la tendance de la classe moyenne à toujours soutenir les régimes militaires, comme les staliniens l’impliquent désormais, c’est vilipender le marxisme et dissimuler la trahison du front populaire. Comme écrivait Trotsky dans Où va la France? (1934) :

«La petite bourgeoisie est caractérisée par sa dépendance économique et son hétérogénéité sociale. Sa couche supérieure touche directement la grande bourgeoisie. Sa couche inférieure se fond avec le prolétariat et tombe même dans le lumpenprolétariat. Conformément à sa situation économique, la petite bourgeoisie ne peut avoir de politique indépendante. Elle oscille constamment entre les capitalistes et les ouvriers. Sa propre couche supérieure la pousse à droite; ses couches inférieures, opprimées et exploitées sont capables, dans certaines conditions, de tourner brusquement à gauche.»

«Dans les périodes de crise aiguë et en l’absence d’une direction révolutionnaire, la petite bourgeoisie, poursuit Trotsky, commence à perdre patience. Elle adopte une attitude de plus en plus hostile à l’égard de sa propre strate supérieure. Elle devient convaincue de la faillite et de la perfidie de son leadership politique... C’est précisément cette désillusion de la petite bourgeoisie, son impatience, son désespoir, qu’exploite le fascisme... Les fascistes font preuve d’audace; ils sortent dans les rues, attaquent la police, et tentent de dissoudre le Parlement par la force. Cela impressionne la petite-bourgeoisie désespérée.»

Les mots de Trotsky sont une description précise de la petite-bourgeoisie sous Allende. La petite-bourgeoisie a été la première victime de la politique de la coalition qui tentait d’apaiser la classe ouvrière avec des subventions d’un côté, tout en promettant une productivité accrue aux industriels, ou encore luttait contre la nationalisation de façon drastique tout en refusant du même coup de répudier l’énorme fardeau de la dette extérieure contractée par le gouvernement précédent pro-américain formé par Frei.

La diminution nette du pouvoir d’achat et de la consommation a été ressentie plus vivement au sein de la classe moyenne inférieure. D’un côté, les grands capitalistes voulaient une vaste dévaluation de l’escudo ou un gel des salaires à grande échelle couplé à un détournement des dollars, de l’importation de denrées alimentaires vers les biens d’équipement. De l’autre, les travailleurs voulaient plus de nationalisations, un contrôle ouvrier sur la production et la fin de la fraude parlementaire.

Opposés à ces deux voies, tant Allende que les staliniens étaient pris au piège dans leurs propres contradictions. Ce n’était qu’une question de temps avant que les impérialistes et la junte ne frappent. La citation suivante de Lénine pourrait servir d’épitaphe pour le gouvernement Allende :

«Le prolétariat ne peut pas vaincre sans avoir conquis la majorité de la population. Mais limiter ou conditionner cette conquête à l’acquisition électorale, sous la domination bourgeoise, témoigne ou d’une inguérissable indigence intellectuelle ou tout bonnement, du désir de tromper les travailleurs. Pour mettre de son côté la majorité de la population le prolétariat doit, tout d’abord, renverser la bourgeoisie et s’emparer du pouvoir gouvernemental, introduire ensuite le système des Soviets, après avoir brisé l’ancien appareil de l’État, ce qui anéantit instantanément la domination, l’autorité de la bourgeoisie et des petits-bourgeois conciliateurs sur les masses laborieuses non-prolétariennes. Il doit enfin, en troisième lieu, achever de détruire l’influence de la bourgeoisie et des conciliateurs petits-bourgeois sur la majorité des masses laborieuses non prolétariennes en réalisant révolutionnairement leurs desiderata économiques, aux dépens des exploiteurs.»

La construction du parti révolutionnaire

Pour défendre la classe ouvrière chilienne, il faut assimiler les leçons essentielles de cette période et construire une nouvelle direction révolutionnaire, basée sur les principes de Lénine et Trotsky.

S’il est vrai que le stalinisme a joué un rôle majeur dans la défaite au Chili, il est impossible de l’analyser isolément du rôle des centristes et des révisionnistes qui ont joué le rôle de complices volontaires ou non du stalinisme.

Les centristes du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), qui avaient une audience considérable parmi les paysans sans terre dans le sud, n’ont pas adopté d’attitude de principe à l’égard d’Allende, ce qui a créé une grande confusion dans la paysannerie. Leur politique de «soutien critique» à Allende équivalait dans la pratique à capituler face au front populaire. Tout comme le POUM en Catalogne pendant la Guerre civile d’Espagne, le MIR a retiré son opposition à Allende lors des élections législatives de mars 1973 au moment même où il fallait défier avec audace les staliniens et les socialistes en exigeant la création d’un gouvernement ouvrier et paysan, un mot d’ordre qui aurait rallié la majorité des travailleurs et des paysans pauvres.

Les révisionnistes du Secrétariat unifié ont joué un rôle encore plus ignoble en se contentant de se lamenter dans le Militant (journal du Socialist Workers Party aux États-Unis) du 4 septembre 1973 : «Mais il n’y a toujours pas de parti pouvant prendre cet exemple (contrôle populaire de la production) pour le répandre à travers les cordones (conseils de travailleurs) et tout le pays.»

Pourquoi est-ce que le SWP ne dit pas à ses lecteurs ce qui s’est passé au POR (Parti ouvrier révolutionnaire), la section chilienne du Secrétariat unifié, qui a abandonné le Comité international et rejoint le Secrétariat unifié pour soutenir les théories révisionnistes de Mandel et de Hansen, ces théories qui ont liquidé le trotskysme en Amérique latine pour lui substituer les idées et les méthodes de Guevara et de Castro?

Pourquoi le SWP ne rappelle pas qu’il était lui-même le principal protagoniste de cette ligne politique?

N’est-ce pas un fait que le parti trotskyste a été détruit au Chili, non pas par le stalinisme ou une junte, mais bien par l’application consciente d’une théorie révisionniste stipulant que les révolutions peuvent triompher sans nécessiter la construction d’un parti marxiste?

La défaite au Chili ne changera cependant rien au Secrétariat révisionniste. Loin d’apprendre de ces leçons, ces événements les rapprochent encore plus de la bureaucratie, de la bourgeoisie nationale et de l’impérialisme. C’est pourquoi les révisionnistes de l’International Marxist Group, par exemple, n’hésitent pas à marcher avec les champions staliniens du Front populaire en Grande-Bretagne dans les manifestations contre la junte chilienne et pour le front populaire au Chili.

Les révisionnistes ont certainement franchi une nouvelle étape dans leur dégénérescence. En marchant avec le front populaire, ils s’identifient ouvertement avec les préparatifs contre-révolutionnaires du stalinisme et de la bourgeoisie. Lutter contre le stalinisme et le castrisme, c’est détruire politiquement le révisionnisme.

Le Comité International appelle à la solidarité la plus grande de la classe ouvrière internationale pour bloquer les exportations et les biens chiliens et obtenir la libération de tous les prisonniers politiques, de même que la cessation des exécutions sommaires perpétrées par la junte. Parallèlement, nous exigeons du gouvernement de l’URSS et des régimes d’Europe de l’Est qu’ils rompent tout lien diplomatique et économique avec la junte chilienne et apportent toute l’aide possible aux travailleurs du Chili en lutte.

* À bas la junte militaire du Chili!

* À bas le front populaire!

* À bas le stalinisme!

* Vive les travailleurs chiliens!

* Construisons les sections du Comité international de la Quatrième Internationale!

Le 18 septembre 1973

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