Les syndicats minimisent l’affaire UIMM pour cacher leurs rapports avec le patronat

Après les déclarations de Denis Gautier-Sauvagnac, ancien dirigeant des organisations patronales, sur ses liens financiers avec les syndicats, ces derniers ont tenté d’étouffer l’affaire en niant en bloc ses révélations.

Faisant écho aux affirmations de plusieurs autres hauts responsables de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), Gautier-Sauvagnac a dit avoir financé les syndicats à hauteur de dizaines de millions d’euros pendant plusieurs années. Il a refusé cependant de nommer les responsables syndicaux qui avaient reçu ses fonds. Il a déclaré qu’il ne souhaitait pas « trahir leur confiance, ce n’est pas conforme à mes convictions ni à mes valeurs. Je suis coincé, je ne peux pas aller plus loin ». 

Le secrétaire général de la CGT Métallurgie, Philippe Martinez, a fait le commentaire suivant : « Qui a touché ? quand ? pour quoi faire ? Les syndicats et les politiques d'ailleurs ». Il a ajouté à propos de Gautier-Sauvagnac : « Il faut qu'il aille jusqu'au bout, qu'il parle vraiment, lui et tous ses amis y compris ceux qui dirigent l'UIMM aujourd'hui, qui se retranchent derrière le 'c'est pas nous c'était avant nous' ». 

« La CGT n'a jamais touché de l'argent de l'UIMM », a également assuré Thierry Lepaon, dirigeant de la CGT. 

La CGT et les autres syndicats jouent sur le fait que Gautier Sauvagnac ne donne pas de noms pour réduire l’affaire à sa dimension purement juridique. Ils présentent l’affaire comme si la seule question importante était de demander aux dirigeants des organisations patronales si oui ou non 16 millions d’euros ont été versés à des responsables syndicaux entre 2000 et 2006. 

De pareilles transactions auraient un caractère juridiquement criminel, mais la principale question qu’elles soulèvent est celle de la criminalité politique des syndicats et de leur nature de classe. L’affaire Gautier-Sauvagnac a révélé au grand jour certaines réalités sur la manière dont la bourgeoisie finance les syndicats en tant qu’organisations hostiles à lutte des classes et à la classe ouvrière. 

En finançant les confédérations syndicales, l’Etat et les dirigeants des organisations patronales visent à étouffer les luttes des classes et à formater l’opinion publique dans le sens des intérêts de la bourgeoisie. 

Lepaon affirme que son organisation n’a rien touché de l’argent patronal, mais ceci est faux. Comme l’a démontré le rapport Perruchot, les syndicats sont des coquilles vides qui dépendent financièrement de l’Etat et des entreprises à hauteur d’environ 90 pour cent de leur financement. La CGT n’échappe pas aux constats de ce rapport parlementaire que les syndicats n’ont jamais démenti. 

Les commentaires de Gautier-Sauvagnac donnent une assez bonne idée des méthodes par lesquelles le patronat s’achète les services réactionnaires des bureaucrates syndicaux. Le premier financement sous forme de chèque «concernait des achats d’espaces publicitaires à prix d’or ou des location de stands, également à prix d’or, ou encore l’achat de journaux syndicaux» a expliqué Gautier Sauvagnac. 

Aucun bureaucrate syndical n’a contredit cette affirmation car les subventions que donnent les organisations patronales aux syndicats existent bien. La CFDT a même expliqué avoir reçu une vingtaine de milliers d’euros de l’UIMM. Finalement, lorsque l’argent « légal » ne suffit pas au fonctionnement des syndicats, l’UIMM complète par de l’argent en liquide. 

Ainsi les organisations patronales soutiennent des publicités bidon et financent en masse des revues syndicales qui ne pourraient pas trouver preneur parmi les travailleurs. Ainsi les moyens financiers du patronat sont mis à la disposition d’une propagande syndicale, soutenue par les partis de la pseudo-gauche comme le Nouveau Parti anticapitaliste, pour manipuler l’opinion publique. 

Les aveux de Gautier Sauvagnac permettent de mieux comprendre le rôle que jouent les organisations syndicales depuis des décennies lors des différents attaques qu’a subies la classe ouvrière. Depuis les années 80, les syndicats s'efforcent de limiter de plus en plus le nombre de grèves. Ayant perdu la majorité de leurs membres, les confédérations dépendent de plus en plus étroitement de l’Etat et du patronat. (Voir : Les syndicats français financés par le patronat à hauteur de millions d’euros

Cette transformation des syndicats en instruments de l’ennemi de classe est à l’origine de leur hostilité envers tout mouvement de grève significatif contre l’austérité ou contre les guerres impérialistes menées par la France ou par l’OTAN. 

Pendant la réforme des retraites de 2010, le secrétaire de la CGT Bernard Thibault déclarait qu’il était abstrait de parler de grève générale alors que l’opinion publique y était favorable. Les travailleurs des raffineries et des dépôts pétroliers bloquaient l’économie, menaçant le pays de pénurie de carburant. 

Le gouvernement de l’époque avait envoyé les CRS contre les travailleurs permettant ainsi à la bourgeoisie de reprendre le contrôle des raffineries et de mettre fin aux grèves. La CGT s’était rangée du côté de l’ordre établi, lâchant les grévistes et isolant leur lutte. 

Sous le gouvernement Hollande, les syndicats jouent un rôle central dans la mise en place des mesures d’austérité, comme la réforme du marché du travail ou celle des retraites. 

Par l’agitation qu’elles exercent dans les entreprises avec l’aide du patronat, ces organisations syndicales mènent une lutte qui sert les intérêts de la bourgeoisie pour bloquer le développement d’une conscience politique dans la classe ouvrière. Ce sont les ennemis mortels d’une révolution prolétarienne. 

Cela montre aussi la trahison des organisations soi-disant de gauche comme le NPA et le Front de Gauche qui ont soutenu François Hollande au second tour de la présidentielle contre Sarkozy faisant croire qu’il serait plus facile de négocier avec un gouvernement socialiste. Ces partis petits-bourgeois subordonnent les luttes de la classe ouvrière à la bureaucratie syndicale, en faisant croire que les syndicats sont des organisations ouvrières. En réalité, la bureaucratie syndicale n’a plus de base ouvrière et elle est étroitement liée à l’Etat et aux organisations patronales.

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