Le gouvernement canadien donne son soutien à Washington et à sa guerre contre la Syrie

Le gouvernement conservateur du Canada a exprimé son soutien à maintes reprises pour une guerre contre la Syrie menée par les États-Unis. Il a approuvé les mensonges voulant que Washington ait la preuve irréfutable que le régime d’Assad a mené une attaque chimique le mois dernier, puis a promis le soutien canadien pour la guerre menée par les États-Unis sur la Syrie en violation du droit international.

S’adressant aux journalistes, le 28 août, le ministre des Affaires étrangères John Baird a dit que les «conséquences» pour le régime syrien ne devraient pas être bloquées ou entravées par l’absence d’une autorisation du Conseil de Sécurité des Nations unies. Le Canada a «la même position» que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, et «va continuer de travailler en étroite collaboration avec eux», a promis Baird.

Le jour suivant, le premier ministre Stephen Harper déclarait qu’il avait été «convaincu par réticence» à appuyer «l’action militaire occidentale en Syrie». Comme Harper a ensuite expliqué, cette réticence n’était pas due à une quelconque hésitation par rapport aux attaques unilatérales ou aux «changements de régime» menés par les États-Unis. Elle découle plutôt des craintes face au danger potentiel que représenterait une fracture de l’État syrien sur des lignes ethniques et religieuses pour les intérêts impérialistes. «Nous nous inquiétons, a dit Harper, que ce conflit… soit essentiellement sectaire par nature et qu’il n’y ait pas de résolution idéale ou évidente en ce moment».

Cela dit, Harper a insisté qu’il soutenait les États-Unis dans le bombardement d’un ancien pays colonial pauvre. «Nous soutenons nos alliés qui envisagent d’agir avec détermination», a déclaré Harper.

Dans des conditions où il existe une opposition populaire massive aux États-Unis et à travers le monde à l’imminente attaque américaine sur la Syrie, le soutien du Canada pour la course à la guerre de Washington a une importance particulière.

Vendredi dernier, le jour après que le Parlement britannique ait rejeté une motion du gouvernement de coalition conservateur-libéral autorisant la Grande-Bretagne à se joindre à l’attaque américaine contre la Syrie, Baird s’est empressé d’appuyer le «dossier» monté de toutes pièces contre la Syrie du secrétaire d’État américain John Kerry. Appuyant la tentative de Washington de duper le public et de fouler aux pieds le processus d’inspection des Nations unies (une véritable reprise de la campagne mensongère montée par l’administration de George W. Bush avant l’invasion illégale américaine de l’Irak en 2003) Baird a dit, «l’administration Obama a fait preuve d’une grande détermination et du soin requis au cours de la semaine passée, et nous soutenons entièrement son plan d’action.

Dans leurs remarques de la semaine dernière, Harper et Baird ont indiqué que les Forces armées canadiennes (FAC) ne participeraient pas à la campagne dévastatrice de frappes aériennes que l’administration Obama a publiquement promis d’infliger à la Syrie. Annonçant le soutien de son gouvernement pour l’action militaire, Harper a dit, «actuellement, nous ne prévoyons pas déployer de mission militaire canadienne». Dans une entrevue télévisée le jour précédent, Baird avait laissé entendre que de toute façon, le Canada pouvait peu contribuer à l’attaque des États-Unis, car ces derniers allaient probablement déclencher l’assaut par des missiles de croisière ou des drones armés, ce que le Canada ne possède pas».

Ce que Harper et Baird ne veulent, ni ne peuvent, admettre est qu’il existe une opposition populaire largement répandue à la participation du Canada dans une autre guerre impérialiste.

Personne ne devrait présumer, toutefois, que cette opposition et la déclaration de Harper signifient que le rôle du Canada dans la guerre américaine contre la Syrie se limitera à un soutien diplomatique et politique.

Obama, Kerry et d’autres porte-parole du gouvernement américain ont parlé d’une campagne de frappes aériennes «limitée». Mais ils ont aussi promis de réduire de façon significative les capacités militaires de la Syrie et d’«améliorer» celles des «rebelles» anti-Assad dominés par les islamistes. La motion du Congrès américain rédigée sous les ordres de la Maison-Blanche autoriserait une campagne militaire pendant quatre-vingt-dix jours.

En d’autres mots, Washington poursuit son objectif maintes fois affirmé de renverser le régime Assad, mais maintenant par une intervention militaire américaine directe. Cette escalade menace de déclencher une guerre régionale encore plus importante, qui impliquerait entre autres l’Iran (le principal allié de la Syrie et la cible de campagnes de déstabilisation constantes menées par les États-Unis, dont des sanctions économiques punitives) et même la Russie.

Avec l’intensification de la guerre contre la Syrie, il est probable que Washington fasse pression sur le Canada pour qu’il déploie des navires et des avions des FAC dans la région. De larges sections de la classe dirigeante canadienne exigeront un tel déploiement dans le but de maintenir leur partenariat avec l’impérialisme américain à travers lequel elle a affirmé ses propres intérêts prédateurs sur la scène mondiale au cours des sept dernières décennies.

Le gouvernement Harper, qui se vante du soutien indéfectible qu’il accorde à Israël, a à maintes reprises, il faut noter, indiqué que le Canada participerait à toute attaque sur l’Iran.

De plus, les FAC sont impliquées depuis longtemps dans la planification d’une intervention militaire possible contre la Syrie. Peter MacKay, qui était ministre de la Défense du Canada jusqu’à un remaniement ministériel en juillet dernier, a laissé savoir à plusieurs reprises que les FAC, en association avec les alliés du Canada, élaboraient des plans dans le but d’intervenir en Syrie.

La semaine dernière, le général Tom Lawson, le chef d’état-major de la Défense, était à Amman, en Jordanie, pour une réunion de trois jours avec le chef d’état-major des armées des États-Unis, Martin Dempsey, ainsi qu’avec des généraux de huit autres pays: les alliés de l’OTAN les plus importants des États-Unis – la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie – et quatre pays qui ont soutenu et armé les rebelles syriens soutenus par les États-Unis – la Turquie (aussi un membre de l’OTAN), l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Jordanie.

Le département de la Défense canadien a affirmé que la réunion était planifiée depuis longtemps et n’avait rien à voir avec les préparatifs des États-Unis pour une attaque militaire imminente contre la Syrie. La seule présence de Dempsey à la réunion rend cette affirmation pour le moins invraisemblable.

Dans le cadre de ses préparatifs pour une possible intervention militaire directe en Syrie, le Canada a aussi développé d’étroits liens militaires avec la Jordanie, pendant longtemps un des États clients sur lesquels les États-Unis dépendaient le plus au Moyen-Orient, en signant entre autres une entente de «coopération de défense» au printemps 2012.

Le Parti libéral du Canada, le parti qui a été historiquement le favori de l’élite canadienne, appuie énergiquement les plans des États-Unis pour attaquer la Syrie. La semaine dernière, le critique libéral en matière d’Affaires étrangères, Marc Garneau, a dit que le gouvernement conservateur avait raison de promettre un appui à l’action militaire américaine contre la Syrie même sans autorisation de l’ONU.

Plus tôt, l’ancien premier ministre libéral Paul Martin, l’ancien ministre des Affaires étrangères Lloyd Asworthy puis l’ancien ministre du cabinet et ambassadeur aux Nations unies Allan Rock ont tous affirmé que les pays occidentaux avaient le droit d’envahir des pays et de renverser des gouvernements dans le but d’éviter des catastrophes humanitaires. Tous trois ont vanté le rôle qu’a joué le Canada pour développer une nouvelle couverture politique pour les interventions impérialistes en faisant la promotion de la fameuse «responsabilité de protéger» (la ruse utilisée par les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Canada dans le but de fournir une justification pour l’attaque de l’OTAN sur la Libye en 2011, une attaque qui s’est poursuivie jusqu’au renversement de Kadhafi).

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), le parti d’opposition officielle, a quant à lui donné tout son appui à la campagne américaine visant à justifier une attaque contre la Syrie supposément dans le but d’empêcher l’usage d’armes chimiques. La seule condition qu’il a posée est que les inspecteurs de l’ONU devraient rendre leur rapport avant qu’une attaque ne soit déclenchée. Les sociaux-démocrates du Canada n’ont cessé de faciliter la participation du pays dans des guerres impérialistes, y compris la guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999, l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan et la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011.

(Article original paru le 5 septembre 2013)

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