Manifestations en France : Non aux coupes dans les retraites et non à la guerre!

Voici la version pdf de cette déclaration pour impression et distribution dans les manifestations.

Les travailleurs et les jeunes qui participent aux manifestations d'aujourd'hui contre les coupes dans les retraites, proposées par le président français François Hollande, sont confrontés à des questions essentielles de perspective politique.

La défense du niveau de vie exige une lutte qui ne soit pas simplement une lutte contre les attaques sociales dans toute l'Europe, mais également contre la course de la France et des États-Unis à la guerre contre la Syrie, lancée au mépris d'une opposition populaire largement majoritaire en Europe et en Amérique. Les travailleurs ne sont pas seulement confrontés à de nouvelles coupes dans les dépenses sociales cruciales, mais à un gaspillage terrible de vies et de moyens dans une guerre dévastatrice qui vise non seulement la Syrie, mais aussi l'Iran et même la Russie.

Face à cet assaut du Parti socialiste (PS) d'Hollande, il y a un besoin urgent d'étendre le plus largement les manifestations et l'opposition populaires par des manifestations, des protestations des jeunes dans les universités et les lycées, et surtout des grèves dans les usines et autres lieux de travail.

Les travailleurs et les jeunes se verront forcés d'organiser une telle lutte en toute indépendance de l'ensemble de l'élite politique. En effet, les organisations qui ont appelé à la manifestation d'aujourd'hui, des partis de la pseudo-gauche comme le Front de gauche (FdG) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ainsi que la bureaucratie syndicale, sont opposées à une lutte contre Hollande et son Parti socialiste. Représentant des couches aisées de la classe moyenne étroitement liées à la classe dirigeante, ces organisations jouent un rôle cynique et réactionnaire.

Elles ont soutenu Hollande à l'élection présidentielle, et négocient avec le PS les coupes dans les retraites ainsi que les fermetures d'usines, comme à PSA Aulnay. Elles soutiennent la volonté du PS de partir en guerre en Syrie. Elles font l'éloge des forces de l'opposition syrienne liées à Al Qaïda et soutenues par la CIA et les qualifient de "révolutionnaires." Elles travaillent avec leurs représentants internationaux et demandent à ce que ces forces d'opposition soient aidées et armées par les gouvernements impérialistes.

La prétention de ces organisation de pseudo-gauche à mener une lutte pour faire pression sur Hollande afin qu'il change sa politique sur les retraites est une fraude. Quand elles ont formé le Collectif retraites 2013 qui a lancé l'appel à la manifestation d'aujourd'hui, Gérard Filoche, un ténor du PS, était parmi elles. Le Collectif retraites 2013 ne va pas construire un mouvement pour lutter contre les mesures d'austérité de l'Etat, car cela serait dirigé contre ces organisations. Elles sont hostiles à un mouvement de grève contre l'austérité et la guerre, elles ne veulent que fournir une soupape de sécurité inoffensive à l'opposition de la classe ouvrière.

Les partis de la pseudo-gauche appellent à une manifestation d'un seul jour dans la perspective de faire pression sur le PS parce que cela ne remet pas en cause la propriété capitaliste, l'impérialisme, ou la guerre. En Grèce, des dizaines de grèves d'un seul jour depuis 2009 n'ont pas mis fin aux coupes sociales négociées par l'Union européenne, le gouvernement grec, et les syndicats qui ont réduit les travailleurs à la faim et la pénurie. En 2007-2010 en France, des grèves de ce type n'avaient pas non plus arrêté les coupes répétées dans les retraites faites par le président Nicolas Sarkozy.

En 2010, quand les travailleurs du secteur pétrolier ont entamé une grève contre les coupes dans les retraites, la bureaucratie syndicale a bloqué les actions de solidarité au moment où la police anti-émeutes intervenait pour mettre fin à la grève.

Les travailleurs doivent s'opposer aux tentatives des partis de la pseudo-gauche visant à maintenir la lutte des classes dans le carcan politique des grèves de protestation périodiques d'une journée pour faire pression sur le PS. Ces partis diront qu'il est prématuré voire même impossible d'organiser des luttes sociales et des grèves plus larges. C'est un mensonge. Après cinq ans de la crise la plus grave du capitalisme depuis les années 1930, la classe ouvrière veut se battre. Les travailleurs et les jeunes doivent reprendre le contrôle de la lutte des mains des bureaucrates syndicaux et des alliés politiques du PS.

Pour se développer en un mouvement uni qui s'oppose aux mesures réactionnaires de Hollande, les manifestations populaires et les grèves doivent avoir une perspective socialiste révolutionnaire. Faisant partie de cette lutte pour développer et populariser une telle perspective dans la classe ouvrière, nous avançons les revendications fondamentales suivantes :

* Non aux coupes sociales, non à la guerre.

Les retraites et le niveau de vie sont attaqués, non pas parce qu'il n'y a pas assez d'argent, mais parce qu'une minuscule couche d'aristocrates de la finance monopolise la richesse créée par la classe ouvrière, ce qui entraîne des niveaux d'inégalités sociales grotesques. La volonté de ces élites dirigeantes impérialistes de soumettre et de recoloniser le Moyen-Orient a conduit le monde au bord d'une guerre majeure. Le capitalisme est assailli par toutes les contradictions qui, il y a un siècle, avaient poussé le prolétariat à mener la Révolution d'octobre, sous la direction de Vladimir Lénine et de Léon Trotsky.

* Pour l'unité internationale de la classe ouvrière.

L'avènement de la mondialisation a signifié la fin de toute stratégie nationale pour la classe ouvrière. La Commissaire européenne Maria Damanakis a récemment décrit la stratégie de l'UE comme oeuvrant à « réduire le coût du travail dans tous les pays européens afin d'améliorer la compétitivité des entreprises européennes sur leurs rivales d'Europe de l'Est et d'Asie. » Pendant que les capitalistes cherchent à mettre les travailleurs des différents pays en compétition les uns contre les autres, la réponse de la classe ouvrière doit être de développer une lutte internationale coordonnée pour le socialisme.

Avant tout, la guerre qui menace au Moyen-Orient ne peut être combattue qu'en unissant la classe ouvrière d'Europe, y compris de Russie, du Moyen-Orient, et des États-Unis en une lutte commune contre la guerre.

* Pour l'indépendance politique de la classe ouvrière.

La classe ouvrière ne peut lutter contre l'austérité, la guerre et le capitalisme que si elle combat toute influence de la bourgeoisie sur ses luttes, en établissant son indépendance politique et organisationnelle contre les partis et les groupes pro-capitalistes. Ce combat est dans la tradition de la lutte du mouvement marxiste contre le réformisme, qui s'est poursuivie par la lutte de Trotsky contre le stalinisme, et la lutte des trotskystes orthodoxes du Comité international de la Quatrième Internationale contre les charlatans pro-impérialistes petit-bourgeois comme le NPA.

Pour lutter en faveur d'une telle perspective, la classe ouvrière a urgemment besoin d'un nouveau parti politique, construit dans la lutte contre les forces de la pseudo-gauche alliées au PS. Nous invitons les travailleurs, les jeunes, et les intellectuels à lire le World Socialist Web Site, publication socialiste la plus lue au monde, à nous contacter, et à lutter pour construire l'influence du WSWS et du Comité international de la Quatrième Internationale en France.

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