Rejet des recours de la famille de la jeune fille rom de revenir en France

Le 28 janvier, le tribunal administratif de Besançon a rejeté les requêtes pour l’obtention d’un titre de séjour, déposées par la famille de Leonarda Dibrani, la collégienne rom de 15 ans qui fut appréhendée le 9 octobre par la police lors d’une sortie scolaire près de Besançon et déportée vers le Kosovo.

L’action du gouvernement PS (Parti socialiste) et les déclarations racistes anti-Rom de son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avaient donné lieu en octobre et en novembre derniers partout en France à de massives manifestations de rue des lycéens. Ils réclamaient le retour en France de Leonarda ainsi que celui d’un autre lycéen, Khatchik Khachatryan, 19 ans, originaire d’Arménie.

Le président Hollande était intervenu à la télévision pour soumettre une proposition cynique et incohérente offrant à Leonarda le droit de revenir en France mais sans ses parents et ses frères et sœurs. Comme il fallait s’y attendre, elle avait refusé la proposition de Hollande : « Je n’abandonnerai pas ma famille. Je ne suis pas la seule à devoir aller à l’école, il y a aussi mes frères et mes sœurs. »

En effet, la famille Dibrani était installée en France depuis quatre ans, et six de ses enfants étaient nés en Italie et un en France. La décision du tribunal était fondée sur la conviction que M. Dibrani n’avait « aucune réelle volonté de s’intégrer dans la société français. »

Bien que les demandes de Leonarda soient tombées dans l’oreille de sourds, la famille fera appel. Elle a revendiqué son droit d’être considérée comme française : « Ma patrie c’est la France, ici [Kosovo] nous mourrons de faim (…) nous avons été envoyés ici pour mourir. L’avocat nous dit de ne pas désespérer car nous avons le droit de faire appel mais je ne crois plus en la justice. »

La décision prise à l’encontre de la famille de Leonarda reflète le racisme virulent et qui ne cesse de s'intensifier en France et auquel le gouvernement du Parti socialiste a officiellement donné son aval. L’année dernière, Valls avait indiqué vouloir que les Roms en tant que peuple quittent la France, disant qu’ils « ont vocation à rester en Roumanie, ou à y retourner. »

Il avait ajouté, « la majorité doit être reconduite à la frontière… Les occupants [Roms] des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons cultuelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution. »

Le gouvernement PS s’est donné comme priorité de traquer et de déporter des immigrants sans papiers, en foulant aux pieds les droits démocratiques, dont leur droit à la liberté de circulation au sein de l’Union européenne. Il a battu le record des expulsions en dépassant les chiffres du précédent président droitier Nicolas Sarkozy. En 2012, 36.822 immigrants sans papiers avaient été déportés, soit une augmentation de 11 pour cent par rapport à 2011.

Cette politique vise tout spécialement les Roms. Alors que la population rom en France s’élève actuellement à seulement 20.000 personnes, le gouvernement en a expulsé en 2013 10.000 en l'espace de six mois.

Le déni du droit des enfants à rester en France, où leur parcours scolaire avait commencé, se fondait sur des allégations à l’encontre de leur père. Les documents critiquent M. Dibrani pour « le mauvais entretien de l’appartement que la famille occupe, le stationnement devant l’immeuble de plusieurs véhicules hors d’usage lui appartenant, des insultes adressées à l’encontre de la direction et des personnels sociaux ; des absences répétées des enfants au sein des écoles et collèges qu’ils fréquentent ; une absence de recherche sérieuse d’emploi. »

Le fait que l'on se saisisse de telles allégations pour justifier l’expulsion de Leonarda reflète le climat politique réactionnaire qui règne actuellement en France.

La décision du tribunal, fondée sur la recommandation du gouvernement de rejeter la demande de la famille de Leonarda pour l’obtention d’un titre de séjour ou pour le droit d’asile, a été accueillie par un silence total de la part des groupes de pseudo-gauche. Du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) au groupe SOS Racisme, affilié au PS et au prédécesseur du NPA, la Ligue communiste révolutionnaire, en passant par le syndicat Solidaires Etudiants, il n’y a pas eu un mot de protestation.

Le dirigeant de SOS Racisme en région parisienne, Blaise Cuesso, a défendu la politique du gouvernement PS en suggérant qu’il est relativement neutre et ne met pas en œuvre son « véritable » programme. Il s’est plaint en disant, « Nous sommes face à un gouvernement isolé de la société civile. »

Cuecco affirme que le gouvernement PS évite la question de comment « liquider le projet sarkoziste. » Mais, comme la majorité des travailleurs en sont maintenant bien conscients, le président François Hollande n’avait non seulement pas l’intention de le faire mais est déjà en train d’aller plus loin que son prédécesseur droitier.

En novembre dernier, Cuecco avait fait de belles promesses selon lesquelles son organisation lutterait pour continuer la mobilisation des étudiants pour défendre Leonarda après les vacances. Cependant, tout comme les dirigeants des autres organisations de pseudo-gauche et « humanitaires », il a battu en retraite pour épargner au gouvernement tout embarras à l’approche des élections municipales de mars où l’on s’attend à ce que le Front national (FN) fasciste gagne du terrain.

La popularité du gouvernement est actuellement à un niveau historique tellement bas en raison de sa politique d’austérité qu’il considère que le discours d’extrême-droite de Valls est un atout pour en appeler au sentiment néofasciste et miner le vote du Front national néo-fasciste (FN).

(Article original paru le 4 février 2014)

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