Le gouvernement français engage des poursuites contre un organisateur des manifestations pour Gaza membre du NPA

Le gouvernement du président François Hollande a lancé des poursuites contre Alain Pojolat, un membre de l’organisation soi-disant de gauche NPA (Nouveau parti anticapitaliste), qui était l'un des organisateurs de deux manifestations interdites en France contre le massacre commis par l'armée israélienne à Gaza.

Le procès est prévu pour le 22 octobre au Tribunal correctionnel de Paris. Pojolat risque une amende pouvant atteindre 7500 euros et 6 mois de prison. 

Pojolat a été choisi parce qu'il avait envoyé le courriel qui demandait l’autorisation de manifester à la préfecture de Paris au nom des organisations participantes, dont l'Union générale des étudiants palestiniens (GUPS), l'Union juive française pour la paix (UJFP), le syndicat Solidaires, Ensemble (une organisation membre du Front de gauche stalinien), et le NPA. 

L’interdiction des manifestations décrétée par le gouvernement PS (Parti socialiste) de François Hollande était elle-même une atteinte grave aux droits démocratiques. La décision du PS de poursuivre Pojolat est une attaque de plus visant à faire taire toute personne qui organiserait une manifestation contre des atrocités soutenues par l'Etat français. 

Les travailleurs doivent s'opposer à cette persécution politique, qui est frauduleusement déguisée en « procès » et s'opposer à toutes les attaques du gouvernement Hollande contre les droits démocratiques. 

Dès le début de ses attaques contre Gaza, le gouvernement israélien avait le soutien de Hollande et du PS au pouvoir en France. Au cours d'un entretien téléphonique du 9 juillet avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Hollande a, d'après un communiqué de l' Elysée, « exprimé la solidarité de la France » avec Israël, ce communiqué allait jusqu'à soutenir explicitement les massacres à Gaza : « Il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population... » 

L'interdiction des manifestations par le PS, qui visait à faire taire l'opposition à la carte blanche aux massacres donnée par Hollande à Netanyahu, s'appuyait sur une provocation cynique. 

Les arguments du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve pour justifier cette interdiction s’appuyaient sur des actes prétendument « antisémites » s’étant produits dans de précédentes manifestations. Cependant, les seuls incidents qui ont pu être confirmés étaient des attaques contre des manifestants pro-Gaza de la part de militants de la Ligue de défense juive, une organisation d'extrême-droite qui est interdite en Israël. 

Comme l'avait indiqué le WSWS à ce moment-là, Bernard Ravenel, ex-dirigeant de l'Association France-Palestine solidarité, avait déclaré à France24 : « La LDJ était en grande partie responsable de ces incidents (...) ils n’étaient venus que dans le seul but de provoquer la foule, ce que les autorités ont tristement interprété comme une marche antisémite. Ce qui est tout simplement inexact. » (lire : Le gouvernement PS en France s’en prend aux protestations contre la guerre à Gaza). 

La décision du PS de poursuivre en justice un membre du NPA pour ce genre de prétexte fabriqué constitue une mise en garde pour la classe ouvrière.

Il est bien connu que le NPA a les liens les plus étroits avec le PS ; il a appelé à l'élection de Hollande en 2012 et soutenu les guerres et interventions françaises en Libye, Irak et Ukraine. Si le PS peut employer ce genre de coups tordus pour faire condamner une organisation aussi bien intégrée dans l'élite dirigeante, il se servira de tous les moyens, y compris les plus sournois et les plus brutaux, pour empêcher les manifestations de la classe ouvrière. 

L'interdiction de manifestations et les poursuites contre ses organisateurs ont des implications tout à fait sinistres. Le gouvernement Hollande est le gouvernement le plus impopulaire de France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il organise une sévère austérité sociale à l'intérieur du pays et participe à l'éxtérieur à d’agressives interventions impérialistes – y compris à la campagne de l’OTAN visant à attiser le conflit avec la Russie à propos de l'Ukraine et qui risque de déclencher une nouvelle guerre mondiale partant d’Europe. 

L'impérialisme français est particulièrement brutal dans sa tentative de recoloniser les régions du Moyen-Orient et d’Afrique faisant partie de son ancien empire colonial. En 2013, Hollande a envoyé l'armée française au Mali et, en janvier de cette année à nouveau dans une ancienne colonie française, la Centrafrique, pour renforcer sa position stratégique dans la région du Sahel, riche en ressources naturelles. 

Le programme de Hollande consiste maintenant à faire la guerre à l'extérieur et à mener la guerre de classe à l'intérieur. Pour financer ces guerres et pour se conformer au Traité de Maastricht qui impose aux gouvernements de l’UE de ne pas faire de nouvelles dettes au-delà de 3 pour cent du PIB, Hollande a annoncé 50 milliards d'euros de coupes, principalement dans les programmes sociaux, à appliquer dans les mois qui viennent. 

Si Hollande a pu continuer sur cette voie, c'est principalement parce que les organisations de la pseudo-gauche qui protestaient contre la guerre à Gaza – comme le NPA, le Front de Gauche, et le syndicat Solidaires – ont par ailleurs fait taire activement l'opposition aux guerres et aux coupes sociales de Hollande. Il y a cependant dans les cercles dirigeants des craintes croissantes que n’explosent les manifestations d’opposition sociale de la part de la classe ouvrière à l'austérité et à la guerre. 

En tentant d'interdire les manifestations contre l’invasion de Gaza et en poursuivant en justice l'un de leurs organisateurs, le PS cherche à créer un précédent pour la répression tant judiciaire que physique des travailleurs et des jeunes qui manifesteront dans la période à venir. 

(Article original paru le 29 août 2014)

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