Perspectives

Le discours d’Obama en Australie: une menace de guerre contre la Chine

Les remarques faites samedi par Barack Obama à l’Université de Queensland pendant son séjour en Australie pour le sommet des dirigeants du G20 est une réaffirmation belliqueuse de ce que les Etats-Unis utiliseront tous les moyens dont ils disposent, y compris la guerre, pour empêcher tout défi posé par la Chine à l’hégémonie américaine en Asie-Pacifique.

Une bonne partie du discours était consacrée à passer en revue les déploiements militaires et les intrigues diplomatiques contre la Chine que Washington a menés depuis l’annonce par Obama du « pivot vers l’Asie » devant le parlement australien en 2011. Il s’est vanté de la manière dont les Etats-Unis ont renforcé leurs liens avec le Japon, la Corée du Sud et les Philippines, ont ouvert de nouvelles bases en Australie et à Singapour, ont encouragé l’Inde à jouer un plus grand rôle militaire dans la région et poursuivi des relations plus serrées avec le Vietnam, la Malaisie et la Birmanie.

La Chine, par contre, fut débattue sous l’angle de suspicions « quant au genre de rôle qu’elle jouera » dans la région. Les platitudes citées par Obama comme quoi les Etats-Unis ont salué la croissance économique de la Chine furent rapidement suivies par des prétentions que Pékin devait « adhérer aux mêmes règles que les autres pays » – des règles dictées par Washington – pour éviter tout conflit.

Obama a souligné que le pivot vers l’Asie était indissociable de la guerre menée par les Etats-Unis au Moyen-Orient, de ses interventions en Ukraine contre la Russie et de l’escalade des opérations menées en Afrique sous le mot d’ordre de la lutte contre le virus Ebola. « Dans chacun de ses efforts internationaux, certains de nos plus solides partenaires sont nos alliés et amis dans cette région, dont l’Australie, » a déclaré le président. « Notre rééquilibrage ne consiste pas seulement à ce que les Etats-Unis s’investissent davantage en Asie, mais aussi que la région Asie-Pacifique s’investisse plus avec nous dans le monde entier. »

Les Etats-Unis, en d’autres termes, sont en train de cultiver leurs alliés en Asie – notamment l’Australie et le Japon – comme leurs partenaires non seulement dans une potentielle guerre nucléaire avec la Chine, mais dans l’intensification d’actions dans le but d’asseoir leur hégémonie sur toute la masse terrestre eurasienne et la planète entière. Washington est également en train de se préparer pour le jour où les tensions qui couvent entre les principales puissances impérialistes européennes, telles l’Allemagne et la France, exploseront en surface.

Le moindre mot prononcé par Obama au sujet du programme économique et politique de l’impérialisme est un mensonge. Dans sa façon hypocrite habituelle, il a réitéré les prétextes idéologiques discrédités par lesquels la classe dirigeante américaine justifie depuis un siècle la poursuite irresponsable de sa domination économique et géopolitique mondiale.

« Nous pensons, » a affirmé Obama, « qu’un ordre de sécurité efficace pour l’Asie ne doit pas être basé sur les sphères d’influence, la coercition ou l’intimidation des grands pays envers les petits, mais sur des alliances pour la sécurité mutuelle, un droit international et des normes internationales qui sont respectées. »

Ces paroles sont prononcées par le représentant d’un gouvernement qui se conduit sur la scène internationale avec un total mépris des lois. La classe dirigeante américaine a depuis longtemps renoncé à adhérer au droit international en fait de souveraineté nationale, s’arrogeant le droit d’intervenir partout où elle estime que ses « intérêts nationaux » sont menacés. L’ensemble de sa politique étrangère est fondé sur la coercition et l’intimidation.

L’Amérique, a poursuivi Obama, défend « l’ouverture des marchés et un libre négoce qui soient équitables et libres. »

Depuis l’effondrement financier de 2008, la Réserve fédérale américaine a recouru à la politique monétaire expansionniste (« quantitative easing ») pour manipuler la valeur des monnaies et les taux d’intérêt pendant que le gouvernement et les tribunaux protégeaient les banques et les spéculateurs pour ne pas avoir à rendre compte de la crise sociale que leurs activités criminelles ont infligée à des centaines de millions de gens. Washington cherche à former des blocs commerciaux discriminatoires tels le partenariat transatlantique (Trans-Pacific Partnership, TPP) qui exclura la Chine et forcera ses membres à accepter les termes fixés par les entreprises américaines et qui leurs sont favorables. 

D’une façon tout à fait absurde, Obama a déclaré, « Nous croyons en la démocratie – que l’unique source de légitimité est l’approbation de la population, que chaque individu est né libre et égal en droits, des droits inaliénables, et qu’il incombe aux gouvernements de faire valoir ces droits. » 

Ceci venant d’un président au service d’une oligarchie financière ultra-riche et qui contrôle tous les aspects de la vie politique américaine, qui a supervisé le renforcement d’un massif appareil de renseignement pour espionner le monde entier et qui affirme avoir le droit d’assassiner des citoyens américains sans procès en bonne et due forme. Les Etats-Unis sont déchirés par des inégalités qui ont atteint un niveau grotesque et un degré d’injustice et de brutalité étatiques stupéfiant. Ils prennent de plus en plus le caractère d’un Etat policier.

Décuplant ses mensonges, Obama a dit: « En tant que puissance du Pacifique, les Etats-Unis ont investi leur sang et leurs ressources pour promouvoir cette vision… Des générations d’Américains ont servi le pays et sont morts en Asie-Pacifique pour que les gens de la région puissent vivre en liberté. Donc, personne ne devrait jamais contester notre façon de résoudre les problèmes ou notre engagement envers nos alliés. »

La véritable histoire de l’impérialisme américain en Asie est celle de l’hostilité à la paix, du massacre de masse et de crimes de guerres historiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, il avait cherché à détruire le Japon en tant que rival impérialiste et à imposer sa domination face à la Chine. Pour obliger le Japon à se rendre – et pour montrer sa volonté de recourir à une violence extrême pour assurer sa position hégémonique mondiale – des villes entières furent réduites en cendre par des bombes incendiaires et Hiroshima et Nagasaki furent incinérées par des bombes atomiques.

Les Etats-Unis ont dépensé d’énormes ressources, dont la vie de milliers de jeunes Américains, pour tenter d’écraser les mouvements anticoloniaux qui ont éclaté dans la région, tout particulièrement avec la révolution chinoise de 1949. Des millions sont morts entre 1951-1953 dans la guerre de Corée et davantage encore sont morts en Indochine dans la guerre du Vietnam. Quelque 500.000 millions de personnes ont été massacrées dans le coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis en 1965 en Indonésie. Des Etats policiers parrainés par les Etats-Unis en Corée du Sud, à Taïwan, en Thaïlande, aux Philippines, à Singapour et en Malaisie ont brutalement réprimé des militants démocratiques et des syndicalistes.

Certaines régions d’Asie ne sont devenues la cible d’investissements de la part d’entreprises américaines et d’autres transnationales que parce que les intrigues américaines, combinées à la faillite politique et aux trahisons de la direction des luttes anticoloniales, ont fait en sorte que leurs populations subissent l’oppression et l’exploitation. Plus tard, les grandes entreprises firent de la Chine la base principale de leurs activités après que le Parti communiste chinois stalinien eut rétabli les relations capitalistes et prouvé par le massacre de la Place Tiananmen qu’il utiliserait l’appareil militaire et de renseignement pour écraser la classe ouvrière chinoise.

Vingt-cinq ans après Tiananmen, la prétention cynique et frauduleuse d’Obama d’un soutien, de la part des Etats-Unis à la démocratie est un appel implicite lancé aux riches couches de la classe moyenne privilégiée qui n’apprécie pas les limitations constantes de sa liberté individuelle et de son mode de vie. Obama a de plus déclaré que tout comme dans d’autres pays d’Asie, « la population de Hong Kong défend ses droits universels. » Parallèlement aux préparatifs militaires, Washington tente de cultiver une base sociale en Chine qui pourrait servir à développer des mouvements visant à déstabiliser le régime en place – calqué sur les « révolutions de couleur » pro-impérialistes survenues dans divers pays.

Le régime stalinien chinois est incapable d’apporter une quelconque réponse crédible à la propagande impérialiste ou d’en appeler à la classe ouvrière internationale pour s’opposer aux préparatifs de guerre. Il représente une élite capitaliste corrompue et népotiste qui a accumulé une énorme richesse grâce à sa collaboration avec l’impérialisme et sa répression impitoyable des aspirations démocratiques et sociales de la classe ouvrière chinoise opprimée. L’unique réponse de Pékin à la politique belliciste d’Obama sera d’intensifier sa vaine course à l’armement avec Washington dans l’espoir qu’elle résultera en un quelconque compromis, qui en réalité ne servira qu’à accroître le risque de guerre.

La classe ouvrière internationale, sous la direction du Comité International de la Quatrième Internationale, est la seule force capable d’unifier la lutte révolutionnaire mondiale pour le socialisme nécessaire pour mettre un terme au capitalisme et empêcher la catastrophe qu’il est en train de préparer.

(Article original paru le 17 novembre 2014)

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