Medvedev se rend en Crimée et Poutine annonce un retrait partiel de troupes de la frontière ukrainienne

La visite du premier ministre Dmitri Medvedev en Crimée lundi constituait un engagement de la part de Moscou que l'intégration de la péninsule dans la Russie aura lieu rapidement. La Russie a formellement annexé la Crimée le 21 mars, après la tenue d'un référendum le 16 mars.

Medvedev a promis de débloquer des fonds pour l'éducation, la santé et les infrastructures comme les routes, les chemins de fer et les aéroports aussi vite que possible, et d'augmenter les salaires et les retraites. Un ministère a été créé spécialement dans le gouvernement pour superviser le développement de la Crimée.

Dans une émission de télévision, il a dit que le gouvernement russe va créer une zone économique spéciale pour encourager les investissements par des baisses de taxes. La Crimée étant dépendante de l'Ukraine pour l'essentiel de son eau et de son électricité, Medvedev a également promis de développer des solutions à long terme pour relier la Crimée aux réseaux d'électricité et d'eau potable russes et de construire de nouveaux réservoirs.

La visite de Medvedev visait à montrer clairement que l'annexion de la Crimée à la Russie est permanente, mais qu'elle se déroulerait pacifiquement. En même temps, dans une tentative d'apaiser les tensions avec les États-Unis après l'échec des négociations de dimanche à Paris entre les ministres des Affaires étrangères Sergei Lavrov et John Kerry, la Russie a annoncé qu'un bataillon d'infanterie motorisé était retiré de Rostov, près de la frontière est de l'Ukraine.

Plus tard lundi, l'Allemagne a fait savoir que le président russe Vladimir Poutine avait informé la chancelière Angela Merkel dans un appel téléphonique d'un «retrait partiel» de troupes de la frontière ukrainienne.

Kerry a soutenu que les forces russes devaient se retirer de leurs positions du 1er mars comme condition préalable à un apaisement de la situation, ainsi qu'à des négociations directes entre Kiev et Moscou, et la reconnaissance des élections présidentielles ukrainiennes prévues pour le 25 mai. Lavrov a réagi dimanche en affirmant que l'Ukraine devrait devenir une république fédérale qui accorderait une large autonomie aux régions de l'est et de l'ouest, où la Russie jouit d'une certaine influence, et qui reconnaîtrait le russe comme une deuxième langue. Il a également exigé la garantie que l'Ukraine n'intègre pas l'OTAN.

Le gouvernement installé par l'occident en Ukraine a dénoncé ces propositions comme «la preuve de l'agression russe». Il a qualifié la promesse de Medvedev à la Crimée de «violation directe» des règles internationales.

La question du renforcement des troupes russes a dominé les médias du monde pendant des semaines, cela faisait partie d'une campagne coordonnée pour justifier l'agression américaine et européenne contre la Russie qui se concentre sur l'annexion des États voisins du Caucase dans l'OTAN et le stationnement de troupes en Lettonie, en Lituanie, en Estonie et en Pologne.

Kerry a parlé d'un climat de «peur et d'intimidation» généré par la Russie, après les négociations dans lesquelles Lavrov a affirmé que toutes troupes proches des frontières de l'Ukraine ne seraient là-bas que pour participer à des exercices militaires. «Nous n'avons absolument pas l'intention, ni l'intérêt, de franchir les frontières de l'Ukraine», a dit Lavrov.

Le ministère de la Défense russe avait déclaré auparavant qu'il menait des exercices militaires ponctuels dans ses districts du sud et de l'ouest qui impliquent 8500 membres des unités d'artillerie des régions de Rostov, Belgorod, Koursk et Tambov, toutes proches des frontières de l'Ukraine, et près de 4000 parachutistes dans des exercices aériens dans la région de Koursk.

Le commandant suprême de l'OTAN pour l'Europe, le Général Philip Breedlove, a déclaré que les forces russes près de la frontière ukrainienne étaient «très importantes et sur le qui-vive» et pourraient constituer une menace sur la région séparatiste majoritairement russophone de Transnistrie en Moldavie.

Il n'y a eu aucune vérification des massifs mouvements de troupes attribués aux Russes par Washington, ni du nombre réel de soldats, mais cela n'a pas empêché le Guardian, journal apparemment libéral, de proclamer, «La Russie établit les termes d'un accord sur l'Ukraine alors que 40.000 soldats se massent à sa frontière».

Les estimations citées par les sources américaines allaient de 30.000 à 80.000 soldats. L'estimation ukrainienne de la semaine dernière était de 88.000, et une source du Conseil national de la sécurité évalue ce nombre à 100.000.

Le Wall Street Journal a affirmé que les troupes russes cachent leurs positions en utilisant un «camouflage» pour obscurcir les images prises par les satellites espions américains.

«L'on croit que 50.000 soldats de plus pourraient être arrivés dans la région au cours des derniers jours», a fait savoir Fox News, qui appartient à Rupert Murdoch, en citant «de nouvelles évaluations des renseignements américains» indiquant que «tout porte à croire plus que jamais que la Russie pourrait envahir l'Ukraine orientale».

Le premier ministre ukrainien Arseniy Yatsenyuk, quant à lui, a déclaré à la Fox qu'il était «encore bien possible que la Russie envahisse l'Ukraine et s'empare de son territoire».

Il n'est toujours pas clair si les nombres très variables cités tiennent compte des 22.000 soldats stationnés en Crimée. Mais le problème central pour les États-Unis pour donner une impression d'agression militaire imminente de la part de la Russie est que personne n'a pu prouver qu'il y avait un tel renforcement militaire.

En fait, c'est l'inverse.

Le 28 mars, le Daily Telegraph britannique a écrit sur un ton sarcastique de partir «à la recherche de l'armée invisible de Poutine».

Le journaliste Roland Oliphant, décrivant la situation depuis Koursk, où le président Barack Obama avait «averti vendredi que les troupes Russes “se massent le long de cette frontière”».

«Mais la force d'invasion russe, si elle est ici, est très bien dissimulée […] Au cours d'un voyage de 320 kilomètres le long de la région frontalière, les seuls blindés russes que l'on pouvait voir dans ce paysage plat étaient d'une époque bien plus ancienne et étaient exposés sur les places des villages. Les T-34 du mémorial à la guerre, qui ont gagné l'une des plus grandes batailles de chars de l'histoire ici à Koursk en 1943, n'ont pas l'air d'être prêts à descendre de leurs piédestal et foncer vers l'ouest sur l'Ukraine.»

Deux jours plus tard, NBC News a diffusé un reportage encore plus accablant, dans lequel le journaliste Jim Maceda a affirmé qu'au cours d'une visite de la frontière entre l'Ukraine et la Russie, il n'y avait «aucun signe d'un renforcement militaire».

Maceda et ses collègues Dmitry Solovyov et Alexei Gordienko ont longé la frontière de 1900 km à bord d'une mini-fourgonnette. À Sudzha, une petite ville près de Koursk, «nous n'avons vu aucun char, ni même des transports de troupes blindés».

«Nous avons voyagé près de 800 km le long de la frontière […] avant de croiser le premier signe d'activité militaire», écrit Maceda, deux hélicoptères MI-24 dans une base militaire et quelques «camions lourds […] mais où étaient les chars et l'artillerie?»

«Nous avons trouvés d'autres bases militaires, a-t-il ajouté, mais la seule activité que nous avons vu consistait en un nettoyage des latrines et un groupe d'appelés qui faisaient de la lutte. Nous avons fini notre voyage à Rostov-sur-le-Don, où la frontière russo-ukrainienne se confond avec la mer d'Azov, après 1600 kilomètres en 80 heures.»

En réaction à la conversation de Poutine avec le gouvernement Merkel, les sources du gouvernement en Ukraine ont déclarées à CNN que les troupes russes «ne reculent pas mais se repositionnent simplement plus au Nord.

«Un responsable ukrainien a déclaré que les renseignements indiquent que les troupes russes “mènent des manœuvres peu claires à la frontière ukrainienne” […] au cours d'un briefing quotidien lundi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Evhen Perebyinis a déclaré que la Russie n'avait rien dit à Kiev quant au déploiement de forces militaires dans la région. “Dans certains districts frontaliers, les troupes sont retirées, dans l'autre, elles approchent des frontières, a-t-il dit. Nous sommes inquiets au sujet de ces déplacements de l'armée.”»

Les États-Unis et leur régime fantoche en Ukraine savent qu'ils mentent, comme les médias. Il faut noter que lundi, Dmitry Tymchuk, qui dirige le Centre d'information militaro-politique à Kiev, a déclaré sur Facebook que les troupes russes à la frontière ukrainienne ont en fait été réduites à seulement 10.000. Tymchuk n'est pas un partisan de la Russie. Le Kyiv Post affirme qu'il a établi ce centre pour «contrer les mensonges de la propagande russe sur l'invasion par le Kremlin de la péninsule de Crimée qui appartient à l'Ukraine [...]»

(Article original paru le 1er avril 2014)

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