La pseudo-gauche française s'aligne sur les attaques de Valls contre la classe ouvrière

Les partis de la pseudo-gauche française tentent de bloquer l'opposition au nouveau gouvernement du Parti socialiste (PS) du premier ministre Manuel Valls, que le président François Hollande a nommé sur la base d'un programme économiquement libéral de loi et d'ordre après la défaite du PS aux élections municipales de mars.

Les partis petits-bourgeois réactionnaires comme le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et le Front de gauche tentent de soumettre la classe ouvrière au programme de droite de Valls. Ils cherchent à minimiser l'importance du virage à droite que le PS prépare, tout en préservant la crédibilité du PS et de leurs propres alliances politiques avec lui.

Le NPA a affirmé avec complaisance que rien ne changerait avec le nouveau gouvernement. Dans un communiqué du 31 mars intitulé «Avec Valls, Hollande ne changera pas de politique», il y écrit: «Après la claque reçue ce week-end, Hollande a été contraint de remplacer Ayrault par Valls. La chose a le mérite d’être clair. Il n’a pas l’intention de changer de politique. Il va poursuivre sa soumission aux exigences du patronat.»

Dans un autre communiqué du 2 avril, il ajoute: «Comme on pouvait s'y attendre, ce nouveau gouvernement n'apporte pas de grande nouveauté.»

Le NPA cherche à passer sous silence de manière éhontée le caractère du nouveau gouvernement Valls. Hollande met l'ex-premier flic de France aux commandes pour intensifier ses attaques contre la classe ouvrière tout en lançant des appels militaristes et autoritaires qui renforceront le Front national (FN) néo-fasciste. Le NPA, qui a soutenu l'élection de Hollande et l'installation du précédent gouvernement PS contre la classe ouvrière, signale qu'il continue à soutenir son évolution vers la droite. Les critiques creuses du NPA contre le PS sont profondément malhonnêtes. En 2012, le NPA a soutenu l'élection de Hollande contre son rival de droite Nicolas Sarkozy, tentant de promouvoir les illusions placées dans le PS. Admettant que Hollande adopterait des politiques de libre marché et ignorant des dénonciations réactionnaires contre les Roms, il affirmait que l'on pourrait faire pression sur le PS pour qu'il adopte des politiques de gauche.

Le résultat des élections municipales est une réfutation complète de ces mensonges politiques. Après une défaite humiliante pour le PS, qui a perdu près de 155 villes de plus de 10.000 habitants, et une victoire du FN qui a pris 15 villes et 1200 sièges de conseillers municipaux, le PS, de manière prévisible, se tourne encore plus vers la droite.

Cela souligne la désintégration politique de l'ensemble du cadre en faillite des politiques «de gauche», depuis le PS social-démocrate réactionnaire jusqu'au NPA de pseudo-gauche. Avec l'intensification des politiques d'austérité et autoritaires de Valls, le principal bénéficiaire au sein de l'élite politique sera à nouveau le FN.

La promotion des politiques fascistes par ces organisations émerge clairement dans leur soutien au coup d'État fasciste soutenu par les États-Unis et l'Union européenne pour faire tomber le président ukrainien Viktor Ianoukovitch le 22 février, que le NPA a applaudi comme un soulèvement populaire à Kiev. Si la bourgeoisie française devait mettre le FN au pouvoir en France, les forces de la pseudo-gauche tenteraient de s'y adapter.

Tandis que de vastes couches de la population cherchent une autre politique, elles sont confrontées à une situation où les forces qui passent pour «plus à gauche» que le PS – le NPA ou le Parti communiste français (PCF) stalinien – sont des partis réactionnaires profondément impliqués dans la montée du néo-fascisme. Ce ne sont plus que les ombres politiques d'un PS discrédité, profondément hostiles à une lutte politique de la classe ouvrière contre Hollande.

Le NPA appelle à participer à une manifestation impuissante le 12 avril organisée avec le Front de gauche, une coalition qui rassemble des alliés de longue date du PS au Parlement, en affirmant: «Il faut construire l’opposition à ce gouvernement, construire la riposte sociale en commençant par le 12 avril. Il n’y a que cela qu’ils peuvent entendre!»

Ce genre de manifestation est une impasse politique pour la classe ouvrière. Le PS «n'entend» pas les manifestations contre ses politiques. Il considérera la manifestation du 12 avril en particulier comme une manifestation organisée par ses alliés politiques et un obstacle au développement de ce qu'il craint le plus: un mouvement de la classe ouvrière politiquement indépendant contre le gouvernement Valls.

D'autre part, la coalition du Front de gauche entre le Parti de gauche (PDG) de Jean-Luc Mélenchon et le PCF – qui avait également appelé à voter Hollande en 2012 – cherche à sauver les petits alliés parlementaires du PS. Ils veulent créer l'illusion que des forces comme le Front de gauche ou les Verts, les alliés de longue date des coalitions de «gauche plurielle» du PS, pourraient devenir une alternative au PS.

Mélenchon a critiqué Hollande parce qu'«à un désastre électoral, le président répond par un suicide politique». Il a appelé à la construction d'«une nouvelle gauche, capable d'être majoritaire dans notre pays».

Le PG a applaudi le refus des Verts de servir sous Valls après avoir participé au gouvernement Ayrault dirigé par le PS. Cette action des Verts n'est qu'une manœuvre cynique pour tenter de garder leurs distances avec le PS et éviter d'être trop discrédités par ses politiques de droite.

Applaudissant les élections municipales à Grenoble, où une coalition Verts-PG l'a emporté, le secrétaire national du PG Eric Coquerel a déclaré: «Les choses sont claires. Nous nous félicitons évidemment de la sortie d’EE-LV du gouvernement. C’est un acte important de ce quinquennat. Il ouvre pour nous concrètement des possibilités de rapprochement entre le FDG et les écologistes comme nous avons su le faire avec réussite aux Municipales. Ce peut être le socle d’une majorité alternative.»

En fait, le Front de gauche et le NPA ne sont inquiétés que par ce que l'installation de Valls, une personnalité ouvertement droitière, puisse provoquer l'opposition des travailleurs et des jeunes à gauche de toute l'élite politique.

(Article original paru le 8 avril 2014)

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