Ne touchez pas au Detroit Institute of Arts ni aux retraites!

Les médias de Detroit ont rapporté lundi que plusieurs fondations privées sont proches d'un accord pour fournir des millions de dollars dans le but allégué de protéger le Detroit Institute of Arts (DIA) et les retraites des travailleurs de la ville dans la procédure de cessation de paiement. 

Lawrence Porter, président de l'Enquête ouvrière

L'une des règles de base que les travailleurs apprennent de cette procédure de cessation de paiement est de ne rien croire de ce que disent les médias, les juges, les politiciens ou les bureaucrates. La proposition de « grande négociation » impliquant Ford, Kellogg, Kresge et d'autres fondations ne fait pas exception. Cela ne protégera ni le DIA ni les retraites des travailleurs. 

Les termes de ce plan sont délibérément vagues. D'après le médiateur, le juge Gerald Rosen, cette « offre d'assistance philanthropique vraiment généreuse » se monte à 330 millions de dollars au cours d'une période qui s'étend sur deux décennies. Les responsables de l'état qui sont censés apporter 100 millions de dollars ont montré peu d'intérêt à fournir les moindres fonds, ayant coupé toute aide publique au DIA au cours de la dernières décennie. 

Même si l'argent se matérialise, cela ne se montera qu'à une faible portion des 3,5 milliards de dollars de retraites et 5,7 milliards de dollars d'assurance-maladie des retraités qui sont dus aux travailleurs. 

Ce plan est censé mettre fin à l'appartenance du DIA au domaine public vieille d'un siècle et confier le contrôle de ses chefs-d'oeuvre inestimables aux puissants intérêts patronaux et financiers derrière ces fondations. Pour cette seule raison, il faut s'y opposer. Ces œuvres d'art appartiennent aux gens de Detroit, non aux banquiers de Wall Street ou aux fondations soutenues par les grands groupes! 

Ces fondations ne sont pas des « bonnes œuvres » neutres, ce sont des opérations valant plusieurs milliards de dollars qui ont été impliquées dans le démantèlement de l'éducation publique, la promotion des écoles privées et autres initiatives pro-patronales aux États-Unis et partout dans le monde. 

Comme tout le reste à propos de cette mise en faillite, cette proposition a été conçue dans le dos des travailleurs. D'après le Detroit News, le juge Rosen a négocié ses conditions la semaine dernière lors de discussions avec les créanciers, un comité de retraités contrôlé par les syndicats et ces fondations dans les bureaux new-yorkais de Jones Day [le cabinet d'avocats international qui représente la municipalité de Detroit dans cette procédure, ndt]. C'est le cabinet où travaillait le liquidateur judiciaire Kevyn Orr. Il est au centre de la conspiration qui vise à détruire les retraites et à piller la ville pour le compte des banques et des créanciers. 

Rosen – qui a été appointé par le juge Steven Rhodes du tribunal de commerce – avait rédigé un précédent accord avec Jones Day pour confier plus de 165 millions de dollars à Bank of America et à la banque suisse UBS, en dépit du fait que, d'après Orr lui-même, ces banques ont attiré la ville dans des accords financièrement désastreux sur les taux d'intérêt qui étaient probablement illégaux. 

Le nouveau projet d'accord vise à réaliser « un accord d'ensemble bien équilibré sur les discussions en rapport avec cette faillite, » a dit Rosen dans sa déclaration. Ce sont des noms de code pour un accord avec les syndicats dans le but d’accepter une réduction massive des retraites des travailleurs et endosser le plan d'ajustement de Orr afin de restructurer la ville pour le compte de Wall Street et des spéculateurs fonciers. 

Bien conscients de l'opposition massive aux attaques contre le DIA et les retraites, les médias et l'élite politique ont mis en avant cette proposition pour tenter d'endormir la population. 

Il faut arracher ce masque et démentir ces mensonges et cette désinformation. Ce pourquoi le Socialist Equality Party organise l'Enquête ouvrière sur la faillite de Detroit et les attaques contre le DIA et les retraites. Les travailleurs et les jeunes doivent avoir accès à la vérité afin de contrer cette conspiration. 

Notre enquête est indépendante de toute section de l'élite politique et patronale – le Parti démocrate, le conseil municipal, le gouvernement Obama, les syndicats – ils sont tous déterminés à faire payer la classe ouvrière pour cette crise causée par les banques et les compagnies automobiles. Ce sera une enquête par et pour la classe ouvrière. 

Je demande instamment aux travailleurs et aux jeunes de s'inscrire aujourd’hui à cet événement d'une importance critique. 

Pour plus d'informations, consultez detroitinquiry.org

(Article original paru le 14 janvier 2014)

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