Le gouvernement PS en France s’en prend aux protestations contre la guerre à Gaza

L’attaque par la police samedi à Paris d’une manifestation contre la guerre à Gaza après que le président François Hollande, du Parti socialiste (PS), a personnellement approuvé son interdiction, implique directement le gouvernement français dans le meurtre de masse commis par l’Etat israélien à Gaza. Des centaines de civils palestiniens, dont des enfants, ont été tués et des milliers d’autres blessés lors des bombardements et de l’invasion terrestre menée par Israël.

Les CRS bloquent le passage de la manifestation pro-palestinienne

Samedi, des milliers de personnes ont défié l’interdiction du PS en défilant dans différentes villes à travers la France pour à la fois manifester leur colère contre l’offensive israélienne à Gaza et leur indignation face à l’interdiction décrétée par le PS. Des protestations eurent lieu internationalement, au Moyen-Orient et en Europe, y compris à Londres, Rome et Bruxelles.

A Paris, les manifestants ont fait l’objet d’une répression violente de la part des CRS qui interpelèrent 38 protestataires.

Des milliers de gens ont manifesté pacifiquement dans plusieurs villes, dont Clermont-Ferrand, Lyon, St-Etienne, Strasbourg et Marseille. Une autre manifestation ayant eu lieu dimanche contre la guerre à Gaza, à Sarcelles dans la banlieue nord de Paris, avait donné lieu aux abords de deux synagogues à des affrontements entre la police et des manifestants. D’autres appels à manifester ont été lancés pour mercredi.

A Paris, le défilé de samedi avait débuté dans le calme à partir de Barbès, un quartier à forte population immigrée, pour se diriger vers l’Opéra Garnier. Avant que la manifestation ne commence, la police anti-émeute était déjà déployée pour la bloquer. De violents heurts se sont produits lorsque la police a accusé certains manifestants d’avoir jeté des cailloux sur la police et incendié des voitures. Selon la police, 38 manifestants ont été interpellés pour violence contre les forces de l’ordre ou pour avoir « jeté des projectiles », tels des cailloux.

Au défilé parisien, des manifestants ont condamné la violence policière à l’égard de la manifestation. Asma et Ouahiba ont dit : « On nous attaque comme du bétail. C’est ça la France? On a le droit de manifester. On n’est pas venues avec des armes. »

Des manifestants brandissant des photos du président François Hollande qualifié d’« assassin »

Louisa et Mourad dénoncent l’interdiction de la manifestation: « C’est l’interdiction qui nous a donné envie de venir. Ce qui se passe là-bas est très grave et on nous empêche de crier notre colère en manifestant. »

Un commerçant du quartier de Barbès a dit, « On est obligé de se terrer comme des rats. C’est lamentable, en plus c’est un gouvernement de gauche. »

Quant au premier ministre, Manuel Valls, il a condamné le rassemblement de samedi en disant : « Les débordements inacceptables justifient d’autant plus l’interdiction [des manifestations]. »

La décision du PS d’interdire cette manifestation est une extraordinaire attaque des droits démocratiques. Elle est cependant dans la tradition réactionnaire de la social-démocratie française. Celle-ci avait par exemple interdit l’apport de soutien aux républicains espagnols contre le dictateur fasciste Franco dans la guerre civile espagnole de 1936-1939. Cette interdiction témoigne des tensions sociales extrêmement vives dans le pays et de la nervosité du gouvernement PS, le gouvernement le plus impopulaire en France depuis l’effondrement du régime collaborationniste pro nazi de Vichy à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La semaine passée, Hollande avait personnellement défendu l’offensive menée par Israël à Gaza ainsi que l’interdiction des manifestations en France et mis en garde contre le danger d’un conflit social en France même. « Israël peut se défendre s’il est attaqué et en même temps, Israël doit avoir de la retenue… » a remarqué Hollande. « Je ne veux pas qu’il y ait des conséquences en France. Le conflit israélo-palestinien ne peut pas s’importer en France. »

Le PS a cyniquement saisi l’occasion d’une provocation organisée aux abords de deux synagogues à Paris, après la protestation du 13 juillet, par des nervis sionistes travaillant de concert avec la police, et s’en est servi comme prétexte pour une interdiction. Le gouvernement, la police et les médias ont faussement affirmé que les synagogues parisiennes avaient été prises pour cible après le rassemblement du 13 juillet par des manifestants pro-palestiniens. En faisant allusion à ces « tensions accrues », la préfecture de police de Paris a dit : « Les conditions pour que le projet de manifestation prévu demain à Paris se déroule en toute sécurité ne sont aujourd’hui pas réunies. »

Une banderole de la manifestation du 13 juillet à Paris

En fait, le rassemblement du 13 juillet a réuni plusieurs milliers de personnes. Des heurts seraient survenus entre des militants pro-israéliens et des manifestants pro-palestiniens. La police anti-émeute a attaqué les manifestants en tirant des gaz lacrymogènes.

Selon de nombreux témoignages oculaires, ce sont les groupes sionistes de droite soutenus par la police, dont la Ligue de Défense juive (LDJ) qui est interdite et le mouvement de jeunesse sioniste Betar qui ont délibérément provoqué et attaqué les manifestants palestiniens le 13 juillet.

Bernard Ravenel, l’ancien président de l’AFPS (association France Palestine Solidarité) a dit sur France24 que la LDJ était largement responsable de ces incidents… Qu’ils n’étaient venus que dans le seul but de provoquer la foule, ce que les autorités ont tristement interprété comme une marche antisémite. Ce qui est tout simplement inexact.

Sur son site web, IslametInfo a posté une séquence vidéo (video footage) montrant quelques 150 hommes juifs qui sont descendus dans la rue pour scander des slogans racistes pendant qu’ils se déchaînaient contre les manifestants. La vidéo les montre armés de bidons contenant du gaz, de spray au poivre, de barres de fer et de gourdins, certains portant des casques de motocyclistes tandis que d’autres avaient le visage masqué. Ils se sont précipités vers les manifestants pro-palestiniens avant l’éclatement des échauffourées.

Dans ses publications sur les réseaux sociaux, la milice sioniste a également promis de « s’en prendre à toutes les manifestations pro-palestiniennes. »

IslametInfo a fait état du témoignage d’un membre des forces de sécurité qui a dit : « A peine arrivées au milieu de la rue de la Roquette, ces personnes (essentiellement des familles), identifiées par leurs keffiehs [vêtement traditionnel] et drapeaux, se sont fait accueillir par des insultes et des projectiles provenant du rassemblement sioniste derrière deux lignes de CRS. Deux personnes sont revenues nous prévenir. »

Bien que le groupe, qui serait lié à la LDJ, ait violemment attaqué en plein jour les militants pro-palestiniens, les CRS n’ont arrêté aucun d’entre eux les laissant quitter librement la manifestation. Par contre, six manifestants pro-palestiniens ont été interpellés, accusés d’avoir tenté de s’introduire dans deux synagogues à Paris.

Après la manifestation du 13 juillet, le gouvernement et les médias ont diabolisé les manifestants en faisant des antisémites. Valls a déclaré : « Les attaques contre nos compatriotes juifs sont inacceptables. Les sentiments qu’ils éprouvent actuellement, nous devons évidemment (les) entendre. »

« La république n’est pas compatible avec la haine. La république n’est pas compatible avec la xénophobie. L’antisémitisme ne peut pas parler une seconde fois parce qu’on sait ce à quoi il a abouti, » a dit le ministre de l’Intérieur, Bertrand Cazeneuve, au micro d’Europe1. La comparaison faite par Cazeneuve entre l’Holocauste fasciste des Juifs européens durant la Deuxième Guerre mondiale et les personnes qui manifestent actuellement pour protester contre le meurtre à Gaza est une provocation scandaleuse et diffamatoire.

(Article original paru le 21 juillet 2014)

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