France: la police s'en prend aux immigrés à Calais

L’intensification des attaques contre les immigrés constitue la réaction du gouvernement du Parti socialiste à la montée du vote pour les néo-fascistes aux élections européennes cette semaine. 

Mercredi matin à 8 heures, des centaines de policiers anti-émeutes ont démantelé un campement improvisé de migrants dans la ville portuaire de Calais. Trois camps abritant en tout 800 immigrés clandestins de toutes les nationalités, la plupart syriens, afghans et africains, ont été démolis par la police et les occupants ont été contraints de se disperser pour éviter une mise en détention. La plupart d'entre-eux avaient eu vent de l'opération de police et s'étaient enfuis avant l’arrivée de celle-ci. 

Cette intensification des attaques contre les immigrés de la part des autorités françaises est la réponse du gouvernement du Parti socialiste (PS), dirigé par le Premier ministre Manuel Valls, à la victoire il y a quelques jours du Front national néo-fasciste aux élections européennes. Le gouvernement et les partis traditionnels de l’opposition parlementaire comme l'UMP, réagissent en persécutant les immigrés, faisant ainsi la promotion du programme du FN. 

Le prétexte officiel du raid était le besoin de traiter une épidémie de gale parmi les migrants. Cependant, aucune des unités de douches ni aucun des vêtements propres promis n'étaient disponibles pour ceux qui ont dû fuir l'opération de police. Cécile Bossy de l'organisation caritative Médecins du monde a déclaré, « Ils n'ont pas proposé les douches qui étaient supposées être mises en place lors de l'évacuation. » 

Des bus étaient alignés en vue de l'évacuation vers une destination inconnue, mais très peu de migrants se sont embarqués, craignant que ce ne soit là un stratagème pour les écarter de Calais. Des migrants aidés par des groupes de soutien se sont heurtés à la police. 

Calais est devenu la dernière escale pour des milliers de réfugiés qui fuient les guerres et la famine et tentent de rejoindre l'Angleterre de l'autre côté de la Manche. Les camps de Calais ont été détruits à plusieurs reprises, la dernière fois en 2009 par le président conservateur de droite Nicolas Sarkozy, qui les qualifiait de « jungle. » 

Au moins huit migrants sont morts à Calais cette année, écrasés en tentant de monter à bord de camions ou de bus pour traverser la Manche. Il y a trois semaines, un afghan de 23 ans, Asif Hussainkhil, a été récupéré juste avant de tomber en hypothermie, il dérivait dans la Manche sur un radeau de fortune. Son radeau était fait de planches de bois, d'un flotteur, d'une bâche goudronnée et d'un pied de table en guise de mât avec un drap de lit pour servir de voile. Il n'a pas été découragé pour autant et a dit qu'il tenterait à nouveau le voyage. 

Le PS suit la même voie réactionnaire que le FN et l'UMP. Ces dernières mesures contre les migrants suivent l’arrivée en tête à l’élection européenne, avec 33,6 pour cent des voix dans la circonscription Nord-Ouest, de la dirigeante du FN Marine Le Pen. Ce résultat, bien au-dessus des 25 pour cent obtenus sur l'ensemble du territoire, est le plus élevé du FN. 

Celui-ci a également pris le contrôle de la ville de Hénin-Beaumont, non loin de Calais, à la suite de décennies marquées par la corruption dans une mairie dirigée par le Parti socialiste, soutenu par le Parti communiste français stalinien (PCF). 

La ville de Calais elle-même a été dirigée pendant des décennies par le PCF jusqu'à ce que les gaullistes de l'UMP la prennent en 2008. Le bilan de ces partis qui ont fait fermer les industries traditionnelles et ont créé un chômage de masse, a permis au FN néo-fasciste de se présenter de manière démagogique comme le seul parti d'opposition. 

Le traitement infligé aux migrants de Calais par le gouvernement PS, qui a reçu moins de 14 pour cent aux élections européennes, est un exemple très clair des attaques de plus en plus fortes menées dans toute la France contre les travailleurs immigrés. 

Le gouvernement PS a mené des déportations de masse des Roms et, par son choix en mars de l'ex-ministre de l'Intérieur Manuel Valls comme nouveau Premier ministre, il a lancé un appel à l’extrême-droite pour une politique de loi et d’ordre. 

(Article original paru le 29 mai 2014)

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