Le Parti de l’égalité socialiste du Royaume-Uni renverse une décision qui l’avait exclu de la campagne électorale dans Camden

La semaine dernière, des militants du Parti de l’égalité socialiste (SEP) ont annulé la décision d’empêcher que David O’Sullivan, le candidat du parti aux élections générales pour la circonscription londonienne de Holborn et Saint-Pancras, soit présent sur une tribune dans le cadre de la campagne électorale.

La réunion était organisée par le Réseau action climat de Camden (Climate Action Network).

En réponse à un courriel qui demandait qu’O’Sullivan participe à l’événement, Natasha Clayton, qui se décrit sur Twitter comme étant une «écoactiviste modérée par des aptitudes de type comptable», a déclaré qu’elle n’invitait que les partis «qui prévoyaient remporter une part importante des votes».

Les gens de l’auditoire votent pour O'Sullivan

Clayton a fait référence à des règlements profondément antidémocratiques de la Commission électorale qui permettent aux organisateurs d’inviter ou d’exclure des candidats selon leur «notoriété locale», «le nombre de représentants élus à l’échelle régionale ou nationale», les «récents résultats électoraux dans la région» ainsi que «les ressources disponibles et d’autres considérations organisationnelles qui limitent le nombre d’invités».

Des militants ont distribué aux gens de l’auditoire le manifeste électoral du SEP et une brochure sur laquelle on pouvait lire: «Le candidat du Parti de l’égalité socialiste David O’Sullivan a été arbitrairement exclu de l’événement CamdenCAN de ce soir dans le cadre de la campagne électorale.»

«La raison donnée par les organisateurs est que seuls les partis qui prévoient recueillir un nombre important de votes peuvent participer. Cette position n’est pas démocratique et constitue une forme de censure politique.

«Les élections devraient être décidées sur la base d’un choix éclairé des électeurs, qui doivent connaître les différences entre les partis et le bilan de tous les candidats.

«Décider que seules les positions du Parti vert, des conservateurs, des travaillistes et des libéraux-démocrates peuvent intéresser les habitants de Camden raffermit la domination de ceux qui profitent d’un important soutien financier.

«Ce mécanisme est celui qui est le plus couramment utilisé pour faire en sorte que seuls les partis et les candidats dont les positions sont acceptables pour les grandes sociétés et les banques soient entendus.

Nous demandons à tous ceux qui sont présents à la réunion de ce soir qu’ils exigent qu’on accorde à David O’Sullivan une place sur la tribune et la possibilité de présenter une perspective socialiste: une perspective visant à combattre les changements climatiques à l’aide d’une transformation de la société basée sur une production planifiée en fonction des besoins, et non des profits des grandes sociétés.

Le président a commencé la réunion en faisant référence à la brochure du SEP et c’est à ce moment qu’O’Sullivan est intervenu pour soulever une motion de procédure. Il s’est présenté et a demandé: «Pourquoi ai-je été exclu de la tribune même si je fais partie de la liste de candidats?»

«J’aimerais demander à ceux qui sont sur la tribune ce qu’ils pensent d’exclure les partis minoritaires de cette campagne électorale et du débat politique en général. Ma question s’adresse en particulier à Natalie Bennett [chef du Parti vert], parce qu’hier soir le Parti vert écossais a contesté son exclusion du débat télévisé écossais.

«Est-ce que Natalie est d’accord avec le coprésident des Verts écossais Patrick Harvie qui a déclaré que “Comme les électeurs s’intéressent à la politique et qu’il y a un déclin de l’appui pour les deux ou trois principaux partis, il est évident qu’un diffuseur [et j’ajouterais l’organisateur de cette réunion] qui ne laisserait pas de place à une plus grande diversité de positions ne répondra pas aux attentes de son auditoire.”

«Je demande à tous ceux qui sont présents d’appuyer mon droit à être sur la tribune et à expliquer ma position», a conclu O’Sullivan.

O’Sullivan demande qu’on appuie son droit à être sur la tribune pour présenter sa position

Le président a ensuite commencé à répéter le prétexte que Clayton avait utilisé pour exclure O’Sullivan et n’inviter seulement que les quatre partis qui, selon lui, avaient un «appui» parmi les électeurs. À ce moment, une personne dans l’auditoire l’a interrompu en disant: «Je n’ai jamais entendu parler de ce parti, mais je trouve totalement antidémocratique qu’un candidat officiel ne soit pas représenté.»

Le président d’assemblée a été contraint d’appeler au vote, qui s’est conclu par une large majorité en faveur de la participation d’O’Sullivan au débat. Le candidat conservateur Will Blair et la démocrate libérale Jill Fraser ont levé leur main pour qu’O’Sullivan participe, tandis que Bennett et l’ex-avocat des droits de l’homme, Sir Keir Starmer, qui représente le parti travailliste, se sont abstenus.

O’Sullivan a été accueilli par une vague d’applaudissements pendant qu’il se dirigeait vers la tribune.

En raison de son exclusion, O’Sullivan, contrairement aux autres candidats, n’avait pas en sa possession la liste des questions qui avaient été soumises plus tôt par ceux qui s’étaient enregistrés pour participer à la réunion. Néanmoins, il a été en mesure de contrer la tendance prédominante des autres candidats à blâmer les individus et leur surconsommation pour les changements climatiques. Bizarrement, une bonne partie de la réunion s’est attardée sur la façon de s’assurer que les écoliers soient minutieusement éduqués sur comment ils peuvent vivre une vie durable sans empreintes écologiques. Cela rappelait les exhortations du fameux directeur d’école Thomas Gradgrind dans Les temps difficiles de Charles Dickens, qui traitait ses jeunes élèves de «cruches» qui devaient être remplies de faits «utiles».

À l’opposé, O’Sullivan a expliqué que toute proposition sérieuse pour remédier aux effets des changements climatiques se bute à la propriété privée des moyens de production par une poignée de milliardaires capitalistes et à la division du monde en États-nations capitalistes rivaux.

O’Sullivan a dit: «C’est la division du monde en un système d’États-nations capitalistes rivaux qui empêche la mise sur pied de politiques rationnelles sur les changements climatiques et d’autres questions environnementales, qui doivent être organisées au niveau mondial. Plutôt, toutes les puissances impliquées dans les négociations sur les changements climatiques abordent la question sous l’angle des intérêts de leur propre classe dirigeante, et non du point de vue de la survie de l’humanité.»

Cela montre l’absurdité des petites mesures dans le cadre du capitalisme suggérées par tous les participants, incluant Natalie Bennett des Verts. De plus, aucun d’entre eux ne dira bien sûr quoi que ce soit concernant la menace bien plus immédiate à la survie de la planète et de la race humaine posée par le tournant vers la guerre contre la Russie qui est maintenant en cours et auquel participent toutes les puissances de l’OTAN, incluant la Grande-Bretagne.»

O’Sullivan a expliqué comment la guerre a créé un désastre environnemental au Moyen-Orient et comment cela est exclu de tout débat. Il a insisté sur le fait que la seule voie de l’avant est la lutte pour un programme révolutionnaire, incluant la nationalisation de toutes les entreprises et des banques sous le contrôle démocratique des travailleurs. Cela doit devenir le point de départ pour la réorganisation rationnelle de l’économie mondiale par l’unification internationale des travailleurs de tous les pays, l’abolition des frontières nationales et la création d’un monde socialiste.

Après le débat, plusieurs membres de l’auditoire sont restés pour parler avec O’Sullivan.

Pour plus de détails, visitez le site (en anglais): www.socialequality.org.uk

(Article paru d’abord en anglais le 11 avril 2015)

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