Le Nouveau Parti anticapitaliste appelle à une escalade de l'intervention en Ukraine

Après sa déclaration saluant le gouvernement Syriza de la Grèce au moment où celui-ci se soumettait au diktat d'austérité de l'Union européenne, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) français de la pseudo-gauche a publié une nouvelle déclaration, prônant cette fois une intervention militaire en Ukraine, sous la conduite de l'ONU et dirigée contre la Russie.

Une fois de plus, la déclaration est publiée frauduleusement sous le nom du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), qui publie le World Socialist Web Site. Soulignons encore une fois l'avertissement répété à plusieurs reprises par le CIQI: seules les déclarations publiées sur le WSWS sont l'expression du CIQI.

Cette déclaration du NPA, intitulée «Ukraine: déclaration de la IVe Internationale», dit: «Nous soutenons tous les efforts pour un cessez-le-feu avec un contrôle international nécessaire, contre toute offensive militaire. Le déploiement de Casques bleus de l’ONU venant de parties non impliquées dans ce conflit pourrait être nécessaire.»

La tentative du NPA de camoufler les projets d'intervention impérialiste en Ukraine en une opération de maintien de la paix de l'ONU est une fraude cynique. Ses hypothétiques «Casques bleus» occuperaient l'Ukraine de l’Est, menaçant directement la frontière avec la Russie. Si ces troupes devaient vraiment tenir la région contre «toutes les offensives militaires», elles devraient être en mesure de dissuader la Russie d’attaquer et, si nécessaire, de vaincre une offensive de l'armée russe. Autrement dit, elles devraient avoir le soutien de l'OTAN et, en cas de guerre, principalement des forces nucléaires de l'OTAN.

Le recours aux «Casques bleus» de l'ONU est devenu le processus habituel pour imposer les intérêts impérialistes dans diverses parties du monde, dont Haïti, la Bosnie et de nombreux pays du continent africain.

Une telle escalade du conflit entre l'OTAN et les forces soutenues par la Russie présenterait le danger d'une guerre mondiale, danger qui est reconnu même par les politiciens bourgeois. Comme il partait pour Minsk le mois dernier pour des pourparlers de cessez-le- feu visant à sauver le régime de Kiev d'une nouvelle défaite, le président français François Hollande a averti que les puissances de l'OTAN pourraient se trouver dans une «guerre totale» avec la Russie.

Mais le NPA va témérairement de l'avant avec des commentaires qui rappellent en tout point la propagande de la CIA en disant que la Russie est l'agresseur et en passant totalement sous silence le rôle de l'OTAN. C’est l'OTAN a provoqué la guerre en soutenant un putsch conduit par les fascistes à Kiev.

Le NPA écrit: «Redoutant un mouvement sociopolitique comme Maïdan, Poutine a décrit le régime post-Ianoukovitch de Kiev de façon extrêmement déformée comme étant dominé par des fascistes antirusses, pour légitimer l’annexion de la Crimée et le soi-disant besoin de “protéger” les populations russophones. Alors qu’“Ukrainiens” était souvent assimilé avec “fascistes”, la “guerre hybride” instrumentalisée par Moscou dans l’est de l’Ukraine pour déstabiliser le tournant du pays vers les institutions occidentales a transformé la vie politique en Ukraine.»

Ceci est une dissimulation éhontée de l'intervention de l'impérialisme occidental en Ukraine et de son recours à des forces intermédiaires fascistes. Les organisations affiliées au NPA ont soutenu et, en fait, participé à un putsch en février 2014, soutenu publiquement par des responsables américains et européens qui s'étaient rendus à Kiev. Ce coup d'Etat a été mené par des milices fascistes, tel Secteur droit, et a installé au pouvoir un régime violemment droitier.

Les dénégations du NPA sur le fait que des fascistes antirusses ont mené le putsch soutenu par l'Occident à Kiev sont des mensonges éhontés qui contredisent même les propres reportages faits par le NPA l'année dernière depuis la Place de l'Indépendance de Kiev (Maïdan) au milieu des manifestations droitières.

L'année dernière, Ilya Budraitskis du Mouvement socialiste de Russie (RSM) de la pseudo-gauche a salué le rôle du groupe pro-nazi Secteur droit à la tête du putsch. Il a écrit: «Sans les partisans d’extrême droite d'une “dictature nationale” de Secteur droit, il n’y aurait jamais eu de barricades sur Hrushevskoho ou de ministères occupés transformés en “quartiers généraux de la révolution”. Il n’y aurait tout simplement pas eu un seul des événements qui ont effectivement empêché la consolidation d'un “parti de l'ordre” et la mise en place d'un “état d'urgence” d'en haut. »

En fait, Secteur droit, après avoir mis en déroute le Berkut, police antiémeute du président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch, a été rapidement intégré dans le régime proaméricain de Kiev. L'un des trois partis au pouvoir est le Parti Svoboda, dont les tristement célèbres positions antirusses ont été officiellement condamnées par une résolution adoptée au Parlement européen en 2012.

La présentation du NPA de l'annexion de la Crimée par la Russie comme étant un acte de conquête est un mensonge de plus. Dans les régions de l'Ukraine ayant soit une majorité de Russes, telle la Crimée, soit une importante minorité, telle l'Ukraine de l’Est, les gens ont réagi au putsch en refusant de reconnaître le régime de Kiev. La guerre civile a éclaté au moment où Kiev envoyait quelques unités de l'armée, complétées par des troupes de choc fascistes, tels Secteur droit ou le Bataillon Aidar, pour noyer dans le sang cette opposition populaire.

Le soutien du NPA à une politique impérialiste qui risque de déclencher une guerre mondiale démontre qu'il est un ennemi implacable de la classe ouvrière.

La déclaration du NPA dit en outre: «Nous ne reconnaissons à la Russie aucun “droit historique” à contrôler ou démanteler l’Ukraine (…) Nous ne reconnaissons pas non plus de légitimité à l’expansion de l’OTAN après la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991 ni aux divers projets et moyens utilisés par l’impérialisme occidental pour tenter de dominer les choix politiques ukrainiens. Mais c’est en fait l’expérience passée des politiques Grand-Russes, la nature répressive du régime de Poutine, la guerre dans le Donbass et l’annexion de la Crimée qui ont renforcé la légitimité de l’OTAN pour une part croissante de la population ukrainienne. »

Il s'agit là d'une rhétorique cynique visant à justifier le soutien du NPA aux opérations impérialistes en Ukraine. L'affirmation du NPA que l'OTAN dispose d'une légitimité auprès des travailleurs ukrainiens après avoir soutenu le putsch droitier du Maïdan est un mensonge flagrant. Le régime de Kiev est confronté à des protestations grandissantes contre ses réductions des subventions à l'industrie et sur les biens de consommation, ses mesures pour privatiser les services publics de base et sa tentative de recruter des dizaines de milliers d'Ukrainiens pour se battre dans l'Est. La réponse de la population, d'après les collectivités territoriales de l'ouest de l'Ukraine, est l'insoumission généralisée.

Le refus du NPA de reconnaître une quelconque «légitimité à l'expansion de l'OTAN» en Europe de l'Est après la dissolution de l'URSS par les staliniens est une esquive trompeuse. Le NPA refuse tout simplement de dire vers qui se porte sa loyauté. En fait, il soutient tacitement les forces d'extrême droite impliquées dans le putsch de Kiev et fait tout son possible pour soutenir le régime fantoche de l'OTAN en Ukraine.

Il ne fait pas de doute qu'il existe une opposition en Ukraine et en Europe de l'Est au nationalisme russe du régime de Poutine, et avant cela au nationalisme de la bureaucratie soviétique d'où a émergé en 1991 l'oligarchie d'affaires russe après la restauration du capitalisme en URSS. Toutefois, le NPA fait appel à cette opposition sur des positions de droite. Il s'oppose à l'unification de la classe ouvrière européenne dans une lutte internationale contre à la fois les puissances de l'OTAN et l'oligarchie russe. Au lieu de cela, il attise le nationalisme d'extrême droite des petites puissances afin de les utiliser comme intermédiaires de l'impérialisme contre la Russie.

L'attitude du NPA envers l'oligarchie capitaliste postsoviétique en Russie et envers le régime de Poutine est réactionnaire. Il n'émet pas de critiques de la restauration du capitalisme en URSS en 1991, et approuve sans réserve les politiques antidémocratiques du régime de Kiev dans l'ancienne république soviétique de l'Ukraine. Ce que le NPA ne peut pas tolérer dans le régime russe n'est pas son caractère capitaliste, mais le fait qu'il constitue un obstacle à la politique étrangère impérialiste, que le NPA est prêt à soutenir, même au risque de provoquer une conflagration mondiale.

(Article original paru le 11 mars 2015)

 

 

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