Réponse à la Commission de la vie universitaire de l'Université de Melbourne

Annulez l'interdiction de l'EJIES !

Le 18 août, la Commission de la vie sociale du syndicat des étudiants de l'Université de Melbourne a refusé l'affiliation d'un groupe étudiant des Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale (EJIES), pour la troisième fois en un an. Cette commission a commis cette dernière atteinte aux droits démocratiques sous prétexte qu'elle ne pourrait pas avoir une « relation de bonne foi » avec l'EJIES, parce que le mouvement de jeunesse trotskyste s'est opposé publiquement aux précédents refus de la commission et a contré les prétextes spécieux sur lesquels ils s'appuyaient.  

L'EJIES a mené une campagne vigoureuse en défense des droits démocratiques des dizaines d'étudiants qui ont adhéré à son club et de tous les étudiants pour qu'ils puissent adhérer aux clubs de leur choix. Des étudiants, des travailleurs et des jeunes de toute l'Australie et d'autres pays ont écrit à la commission, demandant qu'elle revienne sur son interdiction. En réaction, Stephen Smith, un responsable de cette commission, a envoyé un courrier à ceux qui ont protesté contre cette décision, il y défend le refus de la commission d'affilier l'EJIES, et lance une série d'allégations sans preuves. Ci-dessous la réponse de l'EJIES.

Cher Stephen Smith,

L'Internationale des étudiants et jeunes pour l'égalité sociale (EJIES) réfute les affirmations contenues dans votre courrier du 8 septembre, envoyé apparemment à tous ceux qui ont protesté contre le dernier refus de la Commission de la vie sociale (C&CS) d'y affilier un club de l'EJIES, et insiste toujours pour que vous reveniez sur votre décision.

En tentant de justifier cette dernière interdiction de la formation d'un club de l'EJIES qui vous soit affilié, votre courrier comprend une série d'allégations sans preuves contre l'EJIES, et déforme les événements des 18 derniers mois. En particulier, vos accusations selon lesquelles la défense de principe des droits démocratiques par l'EJIES serait du « harcèlement », de l'« intimidation », et même de la « diffamation » envers la C&CS – des accusations sérieuses pour lesquelles vous ne fournissez pas la moindre preuve – souligne les motivations politiques de la décision de la commission et son hostilité envers toute tentative de lui faire rendre des comptes aux étudiants qu'elle prétend représenter.

Tout cela est d'autant plus frappant que votre courrier reconnaît que les raisons officielles du refus répété de la demande d'affiliation de l'EJIES par la C&CS, aux premiers semestres de 2014 et de 2015, étaient incorrectes. Ces décisions s'appuyaient sur l'affirmation fausse selon laquelle l'EJIES aurait des « objectifs qui recoupent » ceux du groupe pseudo de gauche Socialist Alternative. Vous écrivez maintenant que les arguments de l'EJIES, lors de sa demande du second semestre de 2015, « démontre correctement ses différences avec Socialist Alternative. » Néanmoins, la commission continue à bloquer notre affiliation.  

Permettez-nous de refaire l'historique.

Au premiers semestres de 2014 et 2015, la C&CS resta insensible aux tentatives de l'EJIES de clarifier les principales différences d'objectifs entre le mouvement trotskyste mondial, dont l'EJIES est le mouvement de jeunesse, et Socialist Alternative, une organisation de la pseudo-gauche dont les prédécesseurs ont rompu avec le trotskysme il y a des dizaines d'années. Si les demandes de l'EJIES n'étaient pas suffisamment claires, ou si elles pouvaient laisser croire aux membres de la commission qui ne sont pas familiarisés avec la politique socialiste qu'elle avait des « objectifs qui se recoupent » ou sont similaires à ceux de Socialist Alternative, cela aurait pu être rapidement clarifié, et vos inquiétudes auraient été balayées.  

De plus, vous aviez le bénéfice d'une preuve sans appel de l'erreur de votre verdict lorsque la commission a voté pour la première fois, au premier semestre 2014, sur la motion de rejet de la demande d'affiliation de l'EJIES au motif des « objectifs qui se recoupent. » La membre de Socialist Alternative présente à la commission a voté contre cette motion! C'est-à-dire qu'elle affirmait clairement que les objectifs de l'EJIES étaient complètement différents de ceux du club qu'elle représente. Apparemment, ce fait était cependant sans intérêt pour tous les autres membres de la commission. 

En 2014 comme en 2015, la C&CS a rejeté les tentatives de l'EJIES de clarifier ces questions. Elle a préféré écrire une lettre prévenant l'EJIES du rejet de sa demande déposée au premier semestre, qui incluait cette déclaration extraordinaire, « Nous recommandons que vous contactiez Socialist Alternative pour discuter de la manière dont vos objectifs pourraient être atteints par un partenariat avec eux. » 

Le fait que la C&CS se soit sentie autorisée à « recommander » aux membres de l'EJIES de former un « partenariat » avec une organisation avec laquelle ils ont des désaccords fondamentaux souligne le fait que sa décision constituait une atteinte aux droits démocratiques de l'ensemble des étudiants, et que cela allait de pair avec un assaut plus large contre les droits fondamentaux et les libertés politiques mené par les travaillistes, les libéraux, et l'ensemble de la politique officielle australienne. 

Dans ces conditions, l'EJIES s'est tournée vers une tradition établie de longue date dans le mouvement ouvrier, et a publié une lettre ouverte qui faisait appel aux sentiments démocratiques des étudiants, travailleurs et des jeunes afin de clarifier les questions en jeu. Si vous affirmez maintenant avec retard que cette lettre, publiée le 16 avril 2015, était « diffamatoire, » vous ne la citez pas, ni ne fournissez aucune indication de son contenu. 

En fait, cette lettre mettait en avant une franche défense des droits démocratiques fondamentaux, elle affirmait que « l'idée que la commission C&CS, ou toute autre organisation, devrait être en mesure de déterminer quel club peut ou ne peut pas être formé sape les droits fondamentaux des étudiants de s'organiser et d'exercer leur liberté d'expression. »

L'essentiel de cette lettre était consacré à une réfutation détaillée des affirmations selon lesquelles l'EJIES et Socialist Alternative avaient les mêmes « objectifs, » et s'appuyait sur les déclarations publiques des deux organisations. Il montrait le soutient de Socialist Alternative pour le gouvernement grec de SYRIZA, qui applique les diktats des banques européennes, sa promotion de l'opération de changement de régime menée par les Etats-Unis en Syrie, et les préparatifs d'une guerre contre la Chine, ainsi que sa défense ardente d'un syndicalisme profondément corporatiste. Dans tous ces cas, cette lettre montrait la position diamétralement opposée adoptée par l'EJIES.

Ce qui sous-tend votre hostilité à cette lettre ouverte, c'est votre opinion que toute opposition aux décisions de la commission, qu'elle soit correcte ou non, est interdite. Comme l'affirme votre courrier, « les règles applicables ne permettent aucun appel contre une décision de rejet d'une demande d'affiliation. »

Cet argument, plus digne d'un état policier que d’une commission du syndicat étudiant d'une université, démontre le caractère anti-démocratique de toute la conduite de la C&CS sur cette question. Votre courrier affirme en somme que puisque la commission est un organe élu, ses décisions sont inattaquables par les étudiants et les clubs dont les demandes d'affiliations ont été rejetées. Dans cette nouvelle théorie des procédures démocratiques, toute protestation, tout désaccord ou opposition publique est considéré comme un acte de lèse-majesté. C'est de là que découlent les diverses allégations sans fondement lancées contre l'EJIES dans votre courrier et dans le dernier refus de la commission.

Votre défense de l'absence de tout droit de faire appel est d'autant plus frappante que la commission a fait par deux fois une mauvaise interprétation de la demande de l'EJIES. Votre courrier admet, par deux fois, que Socialist Alternative et l'EJIES n'ont pas en réalité d' « objectifs qui se recoupent. » Vous notez que lors de la réunion de la commission qui a discuté de la demande déposée par l'EJIES au second semestre de 2015, notre troisième demande en 18 mois, vous « avez présenté une motion pour leur accorder un accord de principe, » parce que l'EJIES « démontre correctement leurs différences avec Socialist Alternative. »

Vous poursuivez en affirmant que vous avez retiré cette motion parce que « la commission C&S a soulevé des inquiétudes sur la relation qui pourrait exister entre notre service et l'EJIES, étant donné qu'ils ont tenté de nous intimider pour obtenir leur affiliation. » Vous avez ensuite introduit une motion pour ne pas autoriser l'affiliation de l'EJIES au prétexte que « l'équipe et la commission de la C&S ne peuvent pas procéder à l'affiliation avec ces contacts sur la base de la bonne foi. »

Il n'y a rien dans votre courrier qui indique que cette décision ait été prise sur une base autre que l'opposition de l'EJIES aux précédentes décisions de la commission, dont vous reconnaissez pourtant implicitement qu'elles étaient incorrectes. En d'autres termes, l'EJIES s'est vue effectivement interdite pour avoir protesté et tenté de corriger une atteinte à son droit fondamental de former un club d'étudiants, alors qu'elle remplissait toutes les conditions requises.

C'est pour couvrir la nature du comportement de la commission dans cette affaire, que vous essayez de dénigrer la campagne de l'EJIES comme un « mode opératoire d'intimidation et de harcèlement. » En fait, l'EJIES s'est conduite d'une manière entièrement principielle, a décrit correctement les déclarations et les décisions de la commission, et a révélé leur contenu objectivement anti-démocratique. C'est la commission qui se sent maintenant contrainte d'en venir à la diffamation, pour brouiller les pistes.

Vous concluez en affirmant que la présentation des actions de la commission par l'EJIES comme « refusant la possibilité à l'EJIES de se réunir et de s'organiser sur le campus en tant que groupe politique, » serait fausse et continuez en affirmant, « L'EJIES est la bienvenue pour se réunir et s'organiser sur le campus, nous disons simplement qu'en raison de la relation négative entre les demandeurs et notre service nous ne croyons pas pouvoir avoir une relation de travail avec eux. »

Aucune personne ayant un intérêt pour les droits démocratiques dans les universités n'acceptera cet argument. Si les étudiants ne retiraient aucun bénéfice en adhérant à des clubs étudiants, le service C&CS du syndicat étudiant et votre propre commission, n'existeraient pas.

Sans affiliation, l'EJIES est sujette au harcèlement par la sécurité du campus durant ses campagnes, doit payer des tarifs exorbitants pour les salles de réunion, et se voit refuser les financements, contrairement à tous les autres clubs affiliés.

En empêchant l'EJIES de s'affilier, vous niez aux nombreux étudiants qui ont exprimés leur intérêt à nous rejoindre la possibilité de jouir des droits accordés aux membres des autres groupes, dont ceux affiliés à d'autres organisations politiques. La seule conclusion que l'on peut tirer des actions de la C&CS est qu'elle a des motifs politiques cachés qui déterminent ses tentatives d'empêcher l'EJIES de former un club et de s'y affilier.

L'EJIES appelle tous les étudiants et tous ceux concernés par la défense des droits démocratiques à demander que la C&CS revienne immédiatement sur sa décision. Nous insistons également, une fois de plus, pour que vous reveniez sur les allégations fausses contenues dans votre courrier.

Cordialement,

EJIES de l'Université de Melbourne

( Article original paru le 17 Septembre 2015 )

 

Loading