La crise des réfugiés révèle le coût humain des guerres « humanitaires » du NPA

La crise des réfugiés en Europe a mis en lumière le rôle criminel des partis de la pseudo-gauche qui ont défendu les guerres impérialistes sous des prétextes « humanitaires ». Défenseur acharné des guerres en Libye, en Syrie et en Ukraine, le NPA en France a oeuvré constamment pour étouffer l'opposition populaire à des guerres qui ont provoqué la pire crise des réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale et la mort de 3.000 d’entre eux. 

Après avoir exprimé sa « colère » et sa « rage face au cynisme et à l'hypocrisie des dirigeants européens, » le NPA écrit dans son article « Bienvenue aux réfugiéEs » que la responsabilité de la mort de ses migrants retombe sur « les frontières qui tuent. Et plus les frontières sont hautes, plus les risques pris par les migrantEs sont mortels. Alors, la réponse est aussi simple que le constat : ouvrons les frontières et l’hécatombe s’arrêtera». 

Cette réponse cynique est dépourvue de tout contenu sérieux. Le NPA n'a pas plus l'intention que les gouvernements européens d'abolir les frontières. En fait, l'Union européenne renforce les frontières européennes et accélère les préparatifs pour une escalade de la guerre en Syrie, qui ne ferait qu'intensifier la crise des réfugiés. 

Quand le NPA se pose en défenseur internationaliste du droit de libre circulation et se prononce pour l’abolition des frontières, ses slogans sont frauduleux. Le NPA soutient les mouvements séparatistes bourgeois en Ecosse et en Catalogne. Ceux-ci veulent créer des frontières et des autorités nationales nouvelles pour entretenir des liens plus directs avec l'UE et avec le capital financier international, afin de mieux exploiter leur propre classe ouvrière. 

Par contre, le NPA maintien un silence absolu sur la responsabilité de ses guerres dans les souffrances de millions de personnes et la mort de milliers de réfugiés innocents, noyés en Méditerranée ou étouffés dans les camions des trafiquants. Depuis 2011, selon les statistiques officielles, 300.000 personnes ont fui la Libye, 4 millions la Syrie (plus les 7 millions qui sont des réfugiés à l'intérieur du pays) et 2 millions l'Irak. 

Dans tous ces pays, l’hécatombe sociale résulte d'interventions impérialistes que le NPA a bruyamment soutenues, sous le prétexte nauséabond que c'était une défense humanitaire des populations concernées. En fait, le NPA faisait la politique d'une couche pro-impérialiste de la petite bourgeoisie, qui se moquait éperdument des centaines de milliers de vies que coûteraient leurs guerres. 

Quand la France et les pays de l'OTAN ont lancé la guerre en Libye en 2011, l'universitaire Gilbert Achcar a donné la ligne du NPA : « Nous sommes dans un cas où une population est vraiment en danger et où il n'y a pas d'autre alternative pour la protéger. L'attaque des forces de Kadhafi est une question d'heures ou de jours. On ne peut, au nom de principes anti-impérialistes, s'opposer à une action qui va empêcher le massacre de civils ». 

«Bien sûr nous savons tous que la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne sont pas poussés par une soudaine gentillesse - mais par des intérêts stratégiques dans cette région riche en pétrole », a écrit Bertil Videt, membre dirigeant d'un parti danois lié au NPA. Mais il a ensuite écarté ces considérations et déclaré son soutien à la guerre : « nous devons fournir de meilleures alternatives que l'affichage de blogs de solidarité et d'anti-impérialisme. » 

Quant à Olivier Besancenot, il a suggéré tout bonnement que la France procure des armes à l'opposition libyenne : « Notre solidarité pleine et entière va au peuple libyen auquel il faudrait donner les moyens de se défendre, les armes dont il a besoin pour chasser le dictateur, conquérir la liberté et la démocratie ». Quand, après six mois de violents combats qui ont fait plus de 30.000 morts et dévasté le pays, les rebelles libyens ont capturé, torturé, et assassiné Kadhafi, le NPA s'est réjoui de ce qu'il appelait une « bonne nouvelle ». 

Une fois que les puissances impérialistes ont vu qu’il était possible de détruire Kadhafi en utilisant le prétexte d’une guerre « humanitaire », Assad était marqué comme la prochaine cible. Le NPA s’est exécuté sans objection pour soutenir ce même genre de guerre en Syrie. Achcar a rencontré des opposants libyens liés à la CIA afin de les conseiller sur comment présenter la campagne pour renverser Assad. 

Quand les médias ont avoué le caractère islamiste et terroriste de la rébellion syrienne, ceci n'a pas refroidi l'enthousiasme du NPA. Besancenot a attaqué ceux qui s’opposaient à l'armement par la France de rebelles dits « modérés » en disant : « Ceux qui disent 'il ne faut surtout pas donner d'armes parce que cela va finir chez les djihadistes', c'est déjà le cas ... », avant d'ajouter, « C'est ma constance en tant qu'internationaliste de faire confiance aux peuples pour décider de leur propre destin ». 

A présent, 11 millions de Syriens ont dû fuir une guerre qui a coûté la vie à plus de 200.000 d’entre eux et réduit en ruines de larges portions d'Alep, Homs et d'autres villes. Le NPA n'a commencé à critiquer les milices islamistes en Syrie que lorsque l'une d'entre elles, l'Etat islamique (EI, ou Daech) a commencé à attaquer le régime irakien soutenu par Washington, Paris, et leurs alliés. 

Le NPA n’a rien d’un parti révolutionnaire, c’est un parti réactionnaire, pro-guerre, issu d'une mince couche aisée d'universitaires pro-impérialistes, de bureaucrates syndicaux et de magouilleurs politiques promus par les médias. Ils appliquent un mince vernis de « gauche » aux opérations sanglantes de forces d'extrême-droite, pourvu que celles-ci restent alignées sur l'impérialisme français. Il n’a pas défendu les populations d’Afrique et du Moyen Orient contre les puissances impérialistes, mais soutenu le bain de sang qui est en cours. 

Le NPA s'est fait l'écho des médias français quand ils ont attaqué Kadhafi, Assad, Daech et finalement Poutine et les séparatistes russophones en Ukraine. Il a raconté les mensonges les plus éhontés et soutenu les guerres les plus pourries, sans s'inquiéter des conséquences pour des millions de gens. 

La souffrance des réfugiés et la mort de milliers d'entre eux exposent ceux qui ont attaqué l'opposition du WSWS aux guerres comme un vulgaire soutien de Kadhafi ou d’Assad sans compassion pour les souffrances des peuples libyen ou syrien. En attaquant ces guerres, le WSWS se fondait sur une analyse scientifique des intérêts du prolétariat international. 

En dénonçant tout examen du caractère impérialiste des guerres lancées par l'OTAN, avons-nous écrit à l'époque, le NPA « proclame son hostilité ouverte au marxisme qui insiste sur le fait que l'attitude d'un parti de la classe ouvrière à l'égard de la guerre doit se fonder sur le caractère social et de classe des régimes qui la mènent. Les marxistes sont opposés par principe à une guerre menée par des grandes puissances impérialistes telles les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France contre un ancien pays colonial opprimé comme la Libye ». 

Ce sont les mensonges « humanitaires » du NPA qui ont préparé le terrain pour le désastre en train de se dérouler. Le WSWS les a critiqués sur la base d’une perspective principielle, trotskyste.

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