Perspectives

Après les conventions, les démocrates attaquent Trump de la droite

Après les conventions républicaine et démocrate, la campagne pour les élections présidentielles a pris un tournant extraordinaire, révélant la profonde crise de tout le système politique.

Le Parti démocrate, la campagne Clinton, la Maison-Blanche d'Obama et une grande partie des médias ont lancé une violente campagne contre le candidat républicain fascisant Donald Trump, mais cette campagne anti-Trump est elle-même de droite et militariste.

La convention républicaine à Cleveland a marqué l'émergence au sommet de la politique bourgeoise une tendance profondément anti-immigrante, chauvine et autoritaire qui tente d'exploiter les revendications de couches sociales dévastées par l'effondrement du capitalisme américain et mondial et les politiques réactionnaires de toutes les institutions politiques.

Les deux partis de la grande entreprise sont responsables d'avoir attisé une culture politique réactionnaire. Les républicains, en particulier, ont pendant longtemps cultivé un élément néo-fasciste, utilisant la radio-poubelle, Fox News, et d'autres sections des médias pour promouvoir des formations telles que le Tea Party, et ainsi pousser la politique officielle vers la droite.

Mais actuellement, l'élite dirigeante a de sérieuses inquiétudes par rapport aux possibles conséquences d'une présidence Trump. Certains craignent qu’une administration Trump serait tellement imprudente qu'elle provoquerait un degré tel d'opposition populaire qu'elle remettrait en question la stabilité de tout le système politique.

En même temps, les positions rendues publiques par Trump sur la politique étrangère – en particulier ses réservations concernant les guerres néo-coloniales de Washington au Moyen-Orient, sa remise en question de l'alliance de l'OTAN dominée par les États-Unis, et ses ouvertures amicales envers le président russe Vladimir Poutine – sont vues comme étant tellement éloignées du consensus bipartite autour de la politique étrangère au point d'être inacceptables.

Dans ces conditions, le Parti démocrate voit l’occasion de réaffirmer son rôle historique en tant que premier parti de l'impérialisme américain et de légitimer une politique hautement militariste et profondément impopulaire.

La Convention nationale démocrate de la semaine dernière à Philadelphie était dominée par la promotion des politiques raciales et de genre comme moyen politique pour rallier la base sociale du parti, la classe moyenne aisée, derrière un programme de militarisme et de guerre.

En pleine convention présentant principalement des intervenants noirs, femmes, et gais, la campagne Clinton et les sections des médias menées par le New York Times, ont lancé une chasse aux sorcières à la McCarthy sur la base d'accusations sans fondements selon lesquelles le gouvernement russe aurait piraté les serveurs internet du Comité national démocrate, volé des courriels révélant les tentatives des représentants pro-Clinton de miner la campagne primaire de son rival Bernie Sanders et les aurait fournis à WikiLeaks supposément pour influencer le vote de novembre vers le candidat supposément pro-Moscou, Trump.

Le dernier soir de la convention, Khizr et Ghazala Khan, les parents d'un officier de l'armée musulman américain tué en Irak en 2004, ont dénoncé Trump pour ses attaques racistes contre les musulmans. Quand Trump a répondu avec une insulte anti-musulmane contre le couple, les démocrates et une grande partie des médias ont lancé une campagne virulente contre le candidat républicain, l'accusant d'être anti-patriotique et hostile à l’armée des États-Unis, et affirmant qu’il était inapte à devenir le commandant en chef de l’impérialisme américain.

Le vulgaire compromis sur la base duquel les défenseurs de la politique identitaire se rangent derrière la politique de guerre des démocrates a été résumé après la convention avec l'annonce selon laquelle les nouveaux navires de guerre de la Navy serait nommés d'après l'ancien activiste des droits civiques et député de longue date, John Lewis, et le membre gai du Conseil des autorités de surveillance à San Francisco qui a été assassiné en 1978, Harvey Milk.

À la sortie de la convention, la campagne de Clinton se vante des appuis reçus de milliardaires tels que Michael Bloomberg, Mark Cuban et Warren Buffett, de représentants républicains insatisfaits, et du complexe militaire et de renseignement. De là l'éventail de 25 généraux retraités et d'amiraux sur la tribune de la convention démocrate lors du discours d'acceptation de Clinton pour la nomination présidentielle du parti.

Les déclarations les plus récentes proviennent de la part de Paul Wolfowitz, le secrétaire adjoint à la Défense adjoint sous George W. Bush et l'un des planificateurs dirigeants de la guerre en Irak, qui a dénoncé Trump et affirmé qu'il voterait probablement pour Clinton.

Mardi, Obama a insisté sur le thème du manque de respect de Trump pour l’armée, dans une attaque sans précédent sur le candidat républicain, le qualifiant d’«inapte» et de «non qualifié». Ses déclarations étaient particulièrement remarquables pour l'occasion: une rencontre de la Maison-Blanche avec le premier ministre de Singapour en visite, un exercice de diplomatie officielle qui exclut normalement la politique intérieure des États-Unis.

Faisant référence aux «dénonciations répétées» des déclarations de Trump par des républicains de haut rang, particulièrement pour ses attaques sur la famille Khan, Obama a dit, «Je crois qu’ils devraient se poser la question suivante: s’ils doivent sans cesse dénoncer en des termes tranchants ses paroles, pourquoi l'appuient-t-ils? Qu’est-ce que ça dit sur un parti si cet homme est son dirigeant?»

Le New York Times a publié un éditorial mardi, sans aucun doute coordonné avec la Maison-Blanche, demandant que «les républicains mous» retirent leur appui pour Trump après ses attaques sur la famille Khan et ses remarques sur l'Ukraine et la Crimée qui «ont renforcé l’idée qu'il est sympathique par rapport à Vladimir Poutine, le président autoritaire et anti-occidental de la Russie».

L'administration Obama et les démocrates attendent l'élection de novembre pour intensifier leur intervention militaire au Moyen-Orient et provoquer une confrontation avec la Russie. La décision d'ouvrir un nouveau front dans les guerre américaine supposément menée contre l'EI avait déjà été prise quand Obama parlait lors de la convention, mais il n'a rien dit à la population américaine. Lundi, par contre, les États-Unis ont lancé des frappes aériennes sur la ville libyenne de Syrte, dans ce que le Pentagone a qualifié de vaste campagne illimitée.

Mardi, le département d'État a dit qu'il enquêterait sur les accusations selon lesquelles des forces du gouvernement syrien utiliseraient des armes chimiques contre les forces interposées des États-Unis à Alep, possiblement un prétexte pour intensifier la guerre de Washington pour le changement de régime contre le gouvernement de Damas appuyé par la Russie.

On tait délibérément le sujet de la guerre durant la campagne électorale de 2016. Ceci était la responsabilité particulière du principal rival de Clinton, Bernie Sanders, qui se décrit comme une «socialiste», et qui a limité ses remarques à des critiques occasionnelles du vote de Clinton pour la guerre en Irak il y à 14 ans, tout en appuyant les politiques de guerre actuelles et tout aussi criminelles de l'administration Obama en Irak, en Syrie, en Afghanistan, au Yémen et en Lybie, et ses préparatifs de guerre contre la Russie et la Chine.

Le Parti de l'égalité socialiste est le seul parti qui lutte pour mobiliser la classe ouvrière aux États-Unis et à travers le monde contre la guerre impérialiste et la menace grandissante d'une nouvelle guerre mondiale. Notre campagne électorale en 2016, qui présente Jerry White comme président et Niles Niemuth comme vice-président, est basée sur la perspective selon laquelle la classe ouvrière internationale jouera le rôle dirigeant dans le combat contre la guerre – un combat qui doit être basé sur la lutte pour mettre fin au capitalisme, la cause fondamentale de la guerre, et établir des gouvernements ouvriers pour le socialisme. Nous exhortons tous les lecteurs du World Socialist Web Site à se joindre à cette campagne et à participer à son développement. 

(Article paru d’abord en anglais le 3 août 2016)

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