Selon un rapport de l'OIT, le chômage des jeunes en hausse pour la première fois depuis trois ans

Le nombre de jeunes chômeurs parmi les 15 à 24 ans dans le monde passera à 71 millions cette année, en hausse pour la première fois depuis 2013. C’est ce que révèle le rapport Perspectives pour l’emploi et le social dans le monde publié la semaine dernière par l'Organisation internationale du travail (OIT). 

L'organisation onusienne pour le Travail estime que le taux global de chômage des jeunes atteindra 13,1 pour cent cette année, contre 12,9 pour cent l'an dernier, et qu’il restera à ce niveau jusqu'en 2017. 

Ventilé par régions, le taux de chômage était le pire pour les jeunes des pays arabes et d’Afrique du Nord, où 30,6 et 29,3 pour cent respectivement vivent dans la pauvreté. Le plus grand nombre de jeunes chômeurs se trouve en Asie où près de 33 millions d’entre eux cherchent du travail mais ne peuvent trouver un emploi.

Huit ans après le déclenchement de la crise financière et des années de croissance économique mondiale faible, un nombre croissant de jeunes dans le monde est actuellement condamné à une vie de chômage et de pauvreté. Les gouvernements du monde entier ont mis en œuvre des politiques d'austérité sévères au cours de la dernière décennie pour tenter de résoudre la crise économique aux dépens de la classe ouvrière et des pauvres. 

La hausse du chômage des jeunes est alimentée par un ralentissement, et une inversion pure et simple, de la croissance économique au niveau mondial, en particulier dans les pays émergents et en développement. 

La croissance économique mondiale pour 2016 est actuellement prévue à 3,2 pour cent, près d'un demi-point de pourcentage en dessous de ce que prévoyaient les économistes à la fin de l'an dernier. La croissance économique des pays en développement était de 4,2 pour cent, le taux de croissance le plus bas depuis 2003.

Au plus fort de la Grande Récession, les principaux économistes avaient prédit que les économies en développement, notamment le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, serviraient de moteurs économiques pour relancer le système capitaliste mondial. 

Mais le rapport de l’OIT pointe le ralentissement continu de l'économie chinoise et des récessions plus sévères que prévu en Russie et au Brésil comme responsables de la hausse du chômage mondial des jeunes 

L'économie russe devrait se contracter de 1,2 pour cent cette année après une contraction de 3,7 pour cent en 2015, après avoir été frappée par l'effondrement des prix du pétrole et les sanctions économiques mises en place par les États-Unis et l'Union européenne. Le taux de chômage des jeunes a augmenté sensiblement en Russie, passant de 13,9 pour cent en 2013 à 15,5 pour cent cette année.

Le Brésil qui se trouve actuellement dans la pire crise économique depuis la Grande Dépression, a connu une hausse du taux de chômage des jeunes à près de 18 pour cent, contre 15,1 pour cent il y a trois ans. 

Alors que l'économie chinoise croît encore officiellement, la croissance de la deuxième plus grande économie du monde a ralenti de manière significative. La part des jeunes demandeurs d'emploi incapables de trouver un travail est passée en Chine de 11,8 à 12,3 pour cent ces trois dernières années. 

En plus des 71 millions de jeunes chômeurs, l'OIT signale qu'il y a encore 156 millions de jeunes qui travaillent mais vivent néanmoins dans une pauvreté allant de modérée à extrême. Cela signifie qu'environ 38 pour cent des jeunes dans le monde, bien qu’ayant un travail, peinent à subsister dans des conditions extrêmement difficiles. 

Le taux de pauvreté chez les travailleurs ayant un emploi est le pire en Afrique subsaharienne où 70 pour cent des jeunes qui travaillent vivent dans la pauvreté. Les jeunes de ces pays sont contraints de travailler juste pour subvenir aux nécessités les plus élémentaires. Souvent, leur salaire ne permet même pas cela. 

Les jeunes de 15 à 24 ans ont remplacé les personnes âgées en tant que groupe le plus menacé par la pauvreté dans les pays que l'ONU qualifie de développés, y compris dans l'Union européenne, aux États-Unis, au Canada, en Australie et au Japon. 

Selon le rapport de l'OIT, 12,9 pour cent des jeunes travailleurs de l'Union européenne sont fortement menacés de pauvreté, ce qui signifie qu'ils gagnent moins de 60 pour cent du revenu médian. Le taux de pauvreté des jeunes travailleurs à l'intérieur de l'UE varie considérablement selon les pays, allant de moins de 5 pour cent en République tchèque à 35 pour cent en Roumanie. 

Les jeunes des pays de l'UE sont de plus en plus contraints d'accepter des emplois à temps partiel à bas salaires, qui n'incluent pas les avantages du travail traditionnel à plein temps, conduisant à des taux plus élevés de pauvreté. L'emploi est particulièrement précaire pour les jeunes vivant dans les pays soumis aux régimes d'austérité brutaux, anti-ouvriers, de l'UE et du FMI depuis 2008, comme la Grèce, l'Espagne, l'Italie et le Portugal. 

La part des jeunes obligés de prendre un emploi temporaire parce qu'ils n'ont pas pu trouver d’emploi fixe dépasse les 50 pour cent au Portugal, en Grèce, en Pologne et en Italie.

Les emplois non volontaires à temps partiel représentaient 70 pour cent de tous les emplois à temps partiels en Italie et environ 60 pour cent en Grèce et en Espagne. 

L'OIT évalue le taux de chômage des jeunes aux États-Unis à 12 pour cent, en hausse par rapport à l'an dernier. Elle a également constaté qu'un nombre important de jeunes Américains ne bénéficient ni d’une éducation, ni d’une formation professionnelle ; près de 20 pour cent des jeunes entre 25 et 29 ans tombent dans cette catégorie. 

Les difficultés rencontrées par les jeunes travailleurs aux États-Unis sont aussi visibles dans la part croissante des jeunes vivant avec leurs parents. Un rapport Pew publié plus tôt cette année a révélé que, pour la première fois de l'histoire américaine moderne, les personnes âgées entre 18 et 34 ans étaient plus susceptibles de vivre chez leurs parents qu'avec un partenaire ou un conjoint. 

Si le rapport de l’OIT montre que les conditions de vie des jeunes travailleurs varient selon les pays, ils sont tous, qu'ils vivent et travaillent en Afrique subsaharienne, en Russie ou aux Etats-Unis, confrontés à un ennemi commun, le système capitaliste.

Il n’y aura pas de fin à la souffrance causée par la pauvreté et la précarité imposées aux jeunes dans le monde sans une lutte unie de la classe ouvrière au-delà des divisions d'âge et de frontières nationales, pour renverser le capitalisme et réorganiser la société afin de subvenir aux besoins humains au lieu de servir les intérêts des capitalistes. 

(Article paru en anglais le 27 août 2016)

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