La police belge arrête six suspects dans les attentats sur Bruxelles

Deux semaines après les attentats de Bruxelles, qui ont fait une trentaine de morts et des centaines de blessés, six suspects ont été interpellés dont Mohamed Abrini, l’homme le plus recherché d’Europe depuis l’arrestation le 18 mars de Salah Abdeslam impliqué dans les attentats de novembre sur Paris. 

Les attentats de Bruxelles avait révélé la défaillance des services de renseignement belges et européen. Dès décembre un rapport soumis par policier de Malines avait localisé Abdeslam, sans que cela n'aboutisse à son arrestation. Les renseignements belges avaient aussi reçu des informations de la Turquie et d'Israel sur les éléments islamistes autour d'Abdeslam susceptibles d'avoir été ses complices lors des attentats de Paris du 13 novembre et aussi lors de la préparation d'attentats dans l'aéroport et le métro de Bruxelles. 

Mohamed Abrini était connu par la police pour « ses contacts dans les cercles islamistes radicaux et djihadistes à Molenbeek-Saint-Jean en Belgique ». Il est soupçonné d’avoir joué un rôle actif dans les attentats de Bruxelles, son ADN ayant été retrouvée dans deux planques du quartier de Schaerbeek utilisées par les terroristes et d’être la troisième personne au chapeau que l’on voit sur la caméra de l’aéroport bruxellois qu'il confirmera par la suite aux enquêteurs.

Pour sa défense, Abrini a affirmé avoir été forcé de monter dans un taxi avec les frères El Bakraoui pour se rendre à l’aéroport. Il affirme s’être enfui après avoir entendu les deux explosions, qu’il ne s’était jamais rendu en Syrie, et qu’ « il ne ferait pas de mal à une mouche ». 

Il aurait eu selon des reportages dans la presse britannique des photos de la ville de Birmingham sur son téléphone portable, ce qui a poussé certains à spéculer que les réseaux islamistes vont à présent cibler des villes en Grande Bretagne. 

Mohamed Abrini est soupçonné d’être parti en Syrie durant l’été 2015. Les enquêteurs en déduisent qu’Abrini « est probablement parti en Syrie en juin 2015 et n’a probablement pas passé beaucoup de temps sur place ». Selon Le Monde, « Abrini réapparaît dans le viseur des services de renseignement au lendemain des attentats du 13 novembre. Il est soupçonné d’avoir effectué deux trajets entre Bruxelles et Paris avec les frères Abdeslam dans les jours précédant les attaques, afin de louer des chambres à Bobigny et Alfortville, qui serviront de planques aux commandos. ». 

Le parquet de Bruxelles a révélé l’identité de deux des six suspects, Osama K. et Hervé B. M. Osama K aurait été recherché sous l’identité d’emprunt, Naim Al-Hamed, figurant sur son faux passeport syrien. Il serait arrivé en Europe avec le flux de migrants par l’île grecque de Leros, le 20 septembre 2015. Il était accompagné durant son périple par Ahmed A., alias Mounir Ahmed Alaaj, interpellé le 18 mars à Molenbeek avec Salah Abdeslam. 

La sixième personne arrêtée venait de purger une peine de prison en Belgique après être revenue de Syrie, selon le ministre de la justice Koen Geens. 

Se basant sur le procès verbal de la police belge, Mohamed Abrini et Salah Abdeslam ont été très vite identifiés comme ayant participé aux attentats de Paris. Abrini a pu rester cacher sur Bruxelles car « Il disposait selon toute vraisemblance des complicités suffisantes pour être exfiltré, alors que les services d’enquête ne l’avaient pas encore identifié », prétend Le Monde

Ces révélations montrent une fois de plus des défaillances remarquables des agences de renseignement. Les complices d’Abrini leur étaient connus, elles connaissaient leur faux noms, ils savaient où ces islamistes se rendaient, et elles ne les ont pas arrêtés – et ce, alors que les migrants fuyant la guerre en Syrie étaient rigoureusement contrôlés aux portes de l'Union européenne, souvent numérotés comme l'étaient les détenus des camps nazis, pour ensuite les déporter ou leur voler leurs économies. 

Par contre, Osama K et ses proches ont pu avec leur faux passeports aller jusqu'en Belgique, malgré le fait qu'un des suspects avaient déjà été arrêté par les autorités turques. 

Ces défaillances soulignent l'importance du soutien de factions de l’appareil du renseignement à la guerre en Syrie et envers l’EI. Les milieux terroristes islamistes ont été utilisés en Syrie pour mener une guerre contre le régime d’Assad pour le compte des puissances impérialistes. Les terroristes ont pu se rendre en Syrie et revenir en Belgique sans être inquiétés par la police, établissant un vaste réseau en Europe pour envoyer des jeunes radicalisés en Syrie. 

Les défaites militaires de l'EI et d'Al Qaïda en Syrie et en Irak et le rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie sur la question syrienne qui tend à quelque peu relâcher la pression sur le régime d'Assad font que ces forces islamistes que soutient la France en Syrie se retourne à présent contre leurs alliés impérialistes. 

Le caractère réactionnaire de l'intervention impérialiste en Syrie et des forces mobilisées par cette guerre ressort clairement des attentats sanglants en France et en Belgique. Les islamistes font subir aux populations européennes le genre d'attentat sanglant qu'ils ont d'abord fait subir, avec l'aide des services de renseigment européens et américains, aux villes syriennes. Quant aux services de renseignement, ils semblent être débordés par le vaste réseau d'islamistes armés qu'ils ont construit et dont ils sont complices. 

Tous les attentats commis en Europe ont été l’oeuvre de terroristes bien connus des services de renseignement, qui ont minimisé ou fermé les yeux sur le risque posé par des attentats préparés en Europe. 

Alors que les frères Kouachi et Coulibaly, qui ont commis les attentats contre Charlie Hebdo, étaient considérés comme dangereux par le renseignement français, Coulibaly a pu se fournir en armes auprès d’un marchand d’armes ayant été dans un groupe paramilitaire du parti d’extrême droite, proche du FN et aussi indic des forces de l'ordre.

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