La CGT tente de casser la lutte contre la loi El Khomri en isolant les grèves

Depuis plusieurs semaines, des sections de la classe ouvrière luttent contre la loi travail du gouvernement Hollande. Tentant de profiter de l'absence d'une perspective politique dans la classe ouvrière la CGT, avec le soutien de ses alliés pseudo de gauche comme le Nouveau parti anticapitaliste, isole les travailleurs par branche afin de mettre fin à la lutte. 

A quelques jours de la manifestation du 14 juin et alors qu'une campagne des médias et des partis politiques pointe du doigt les grévistes les accusant de nuire au déroulement de l'Euro de football, les appareils syndicaux négocient avec le PS pour imposer la fin des grèves aux travailleurs. 

Alors que toutes les raffineries s'étaient mises en grève quelques heures après le déblocage par les CRS des dépôts pétroliers de Fos Sur Mer, les terminaux pétroliers du Havre ont repris leurs opérations. Ceci permet aux raffineries Total de Gonfreville-l’Orcher et de Grandpuits en Seine-et-Marne, à la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme (Notre-Dame-de-Gravenchon), et à l'approvisionnement en kérosène des aéroports de Roissy et d’Orly de fonctionner normalement.

Le délégué CGT de la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher, Thierry Defresne a déclaré: « Une fois que des opérations de redémarrage à la raffinerie seront engagées, nous ne pourrons plus revenir en arrière ». La CGT signale ainsi qu'elle prépare la fin du blocage des raffineries. 

Ce syndicat se sert des votes pour ou contre la grève reconductible dans les AG pour mettre fin aux grèves. Lorsque les travailleurs souhaitent continuer la grève, la CGT fait pression pour y mettre fin. Le Monde rapporte ainsi que « De son côté, la raffinerie Total de Normandie s’apprête elle aussi à redémarrer son activité après que les salariés grévistes ont voté dans la matinée la suspension du mouvement, a annoncé la CGT. La veille au soir, ils avaient pourtant voté la poursuite de la grève par deux fois. » 

Chez Air France, d'après la direction, 27 pour cent des pilotes sont en grève. Toujours selon la direction, 85 pour cent des long-courriers et intérieurs seraient assurés et 70 pour cent des moyen-courriers. Le Figaro prétend que le mouvement de grève devrait prendre fin le 14 juin au soir. A la SNCF, le trafic devrait s'améliorer avec en moyenne 9 TGV sur 10 et 7 TER sur 10, selon les prévisions de la SNCF, ainsi que 6 Transiliens sur 10, mais seulement un Intercité sur deux. 

La CGT a bloqué des incinérateurs dans la région parisienne ainsi que dans la région marseillaise provoquant des problèmes d'hygiènes à Paris et Marseille. Pour casser le mouvement des éboueurs à Paris, qui a commencé le 30 mai, la maire PS Anne Hidalgo a fait appel à des entreprises privées pour collecter les ordures. Les syndicats ont autorisé les camions conduits par les non grévistes à travailler, aidant ainsi à organiser la casse de la grève. 

La peur de ces organisations de voir se développer une lutte de la classe ouvrière contre le gouvernement Hollande fait que la CGT et ses alliés de la pseudo-gauche isolent les travailleurs par branches et empêchent des sections plus larges de la classe ouvrière de se mettre en lutte. Tout en sabotant les grèves, soit en les cassant, soit en démoralisant les travailleurs en faisant pression sur eux pour la reprise du travail, les syndicats tentent de négocier la fin du mouvement avec le PS. 

Alors que les CRS intervenaient contre les travailleurs bloquant les dépôts pétroliers et les raffineries, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez annonçait qu’il voulait négocier avec le gouvernement. Une intervention de Martinez sur le plateau télévisé de BFM-TV confirmait la préparation de la trahison de la CGT. 

Il a déclaré: « J’ai eu pour la première fois en deux mois un appel du Premier ministre. C’est plutôt mieux quand il n’est pas dans une posture ! », a déclaré Martinez. Prié par les journalistes de dire au public ce dont il avait discuté avec Valls, cependant, Martinez a carrément refusé : « Conversation secrète », a-t-il répondu. 

A présent, une rencontre entre le dirigeant de la CGT et la ministre du Travail Myriam El Khomri doit avoir lieu le 17 juin à la demande de Martinez, comme il l'a affirmé à l'AFP. Lors de cette réunion, il sera question du déblocage du pays par des négociations qui devront permettre à la CGT de tenter d'imposer la fin de la grève aux travailleurs, sans changer fondamentalement la loi. 

Ces manoeuvres de la bureaucratie syndicale soulignent la faillite historique de la politique de la pseudo-gauche, dont le Front de gauche et le NPA, selon lesquels la lutte pouvait se développer sous le contrôle des syndicats. Ces organisations, étroitement liées au PS, se sont avérées hostiles à une lutte contre une loi pourtant honnie par 75 pour cent de la population. 

Il serait fatal dans cette situation, de laisser la lutte aux mains d’organisations vouées au compromis avec l’aristocratie financière et à la restriction des grèves au seul cadre national. Il faut donc retirer des mains des organisations syndicales la lutte contre les attaques du patronat et se joindre à la classe ouvrière des autres pays. 

Toutefois, il est de plus en plus clair qu'une lutte menée par des sections isolées de la classe ouvrière ne feront pas le poids face à une élite dirigeante déterminée à utiliser tous les moyens pour casser l'opposition et imposer son diktat. 

Le seul moyen d'aller de l'avant est de développer des organisations qui peuvent mobiliser en une lutte révolutionnaire l'opposition politique envers le gouvernement PS et l'Union européenne qui existe parmi de plus larges couches de la classe ouvrière, en France et à travers l'Europe. Ceci signifie la constructions de partis révolutionnaires du prolétariat luttant pour le socialisme à l'échelle européenne et internationale. 

Les travailleurs sont déjà mobilisés en Europe contre les attaques sociales dans le cadre de la politique d’austérité de l’UE. Les grèves des travailleurs en France ont la sympathie et le soutien des travailleurs au plan international. Les mouvements de grève contre l'austérité en Belgique et en Grèce, ainsi que la combativité croissante des travailleurs notamment en Allemagne et en Grande Bretagne, indiquent le potentiel objectif qui existe d'organiser une lutte internationale des travailleurs contre l'austérité, l’attaque des droits démocratiques par l'état d'urgence et contre la marche à la guerre.

 

 

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