La police attaque des manifestations contre la loi travail à travers la France

Alors que le PS se préparait à imposer la loi travail à l'Assemblée nationale à Paris, des dizaines de milliers de personnes manifestaient contre la loi dans des villes à travers la France. La décision méprisante et provocatrice d'utiliser l'article 49-3 afin d'imposer la loi sans vote au parlement avait attisé la colère des manifestants, et la police les a violemment attaqués dans plusieurs villes. 

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Toulouse et à Nantes, ainsi que plusieurs centaines à Lyon et à Caen. Il y a eu plusieurs interpellations, dont neuf à Toulouse, huit à Lyon, cinq à Nantes, et trois à Bordeaux. 

Au Havre, les manifestants ont saccagé le siège du PS, selon un rapport de la préfecture. 

Dans plusieurs villes, on a signalé des affrontements entre des jeunes et des membres du service d'ordre des syndicats, notamment de la Confédération générale du travail (CGT) stalinienne. Les services d'ordre syndicaux avaient indiqué avant les manifestations qu'ils travailleraient avec les forces de l'ordre afin d'encadrer la manifestation et d'empêcher des conflits. 

A Marseille, où plusieurs milliers de manifestants ont défilé, de violents accrochages se sont déroulés près de la place Castellane entre des jeunes et le service d'ordre des syndicats portuaires. 

A Paris, il y a eu de violents affrontements avec les policiers, ainsi qu'une prise à partie des services d'ordre syndicaux. Des manifestants scandaient « S.O. collabos » et « S.O., flics, même combat ». Après un premier affrontement entre manifestants munis de bouteilles de verre et gendarmes qui tiraient des lacrymos, la manifestation s'est dirigée vers les Invalides ; les manifestants se sont trouvés piégés par les gendarmes dans la rue ainsi que les soldats armés de fusils d'assaut qui gardaient les Invalides. 

Après un affrontement entre les gendarmes et un petit nombre de casseurs non-identifiés, les forces de l'ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et ont chargé la foule. Au moins deux manifestants ont été blessés à la tête, et quatre personnes ont été interpellées. 

Les reporters du WSWS ont interviewé des manifestants aux Invalides. Un étudiant, Emilien, a souligné que les casseurs qui s'affrontaient aux forces de l'ordre n'étaient pas présents au départ de la manifestation, mais s'étaient glissés pendant la manifestation dans un groupe d'anarchistes qui eux étaient pacifiques. 

Il a également dénoncé la décision de Hollande d'avoir recours au 49-3 pour imposer la loi : « Cest un acte d'autoritarisme, c'est une preuve d'impuissance politique et ideologique. Du coup, il se repose sur la force pour passer des lois qui vont attaquer l'ensemble des salariés et précariser les jeunes, et qui n'ont aucune légitimité ». 

Emilien a dit que le rôle du PS est « de défendre le système du capital et sa place dans ses mécanismes », et a ajouté : « Il ne mise pas vraiment sur une réélection, et de toute façon ce sont des lois de fond, des choix de civilisation, le capitalisme sauvage comme ils l'envisagent. Le côté démocratique et le côté parlementaire passe totalement derrière le côté technocratique ». 

Il a de nouveau souligné ses suspicions quant à des casseurs qui intervenaient dans les manifestations mais qui semblaient travailler étroitement avec les forces de l'ordre afin de lancer des provocations. Il a dit, « J'ai surtout vu des gens qui s'inséraient dans les cortèges à des endroits précis, ce n'était pas fait au hasard. Il y avait après des forces de l'ordre qui étaient préparées pour réprimer, mais réprimer pas juste des groupes mais l'ensemble du cortège ». 

Le WSWS a aussi parlé à Didier, qui se disait écologiste déçu des Verts et craignait les retombées politiques à plus long terme de la loi El Khomri. Se moquant des prétensions de Hollande à être « grand tacticien », Didier a dit, « La droite va revenir ... ils [les ministres PS] vont être balayés d'ici quelques mois, ce qui est encore plus triste de cette loi issue de la gauche. La gauche ne veut plus rien dire, nous sommes dans une période pré-révolutionnaire ». 

Evoquant l'époque de la Terreur pendant la Révolution française, il a ajouté, « La Constitution de 1793 reconnaît le droit à l'insurrection quand une loi ne respecte pas la légitimité. ... Quand une loi est injuste, on ne la respecte pas ».

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