Le Nouveau parti anticapitaliste couvre son soutien à la guerre en Libye

Après avoir appuyé avec enthousiasme la guerre de l’OTAN en Libye en tant que mission de sauvetage « humanitaire », même qualifiée de « révolution », le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) cache maintenant son soutien à la guerre impérialiste. Blanchissant son bilan sanglant, il se présente sans vergogne comme un adversaire de la guerre qu’il a effectivement promu tout au long de 2011.

Le mois dernier a marqué le cinquième anniversaire du renversement du régime libyen, ainsi que de la torture et de l'assassinat de son chef, le colonel Muammar Kadhafi, par des milices islamistes soutenues par l’OTAN. Les rapports officiels, y compris un rapport publié en septembre par le Parlement britannique, montrent que la guerre civile catastrophique qui dévaste la Libye est un produit direct de la campagne de l’OTAN. Le prétexte que la guerre de 2011 était un conflit « humanitaire » n’était qu’une fraude pour justifier l’éviction de Kadhafi et son remplacement par un gouvernement de marionnettes soutenu par l’Occident cherchant à piller le pétrole de la Libye.

Maintenant, au milieu des préoccupations croissantes de la population à l’égard de la guerre et au milieu des divisions croissantes sur la politique de l’OTAN de soutenir les milices islamistes dans la guerre en Syrie, le NPA essaie d’enterrer son propre bilan de soutien aux horribles guerres impérialistes.

Le 31 octobre, le NPA a publié un article intitulé « Cinq ans après l’intervention, le désastre ». Il a écrit : « Le rapport parlementaire britannique confirme les critiques exprimées des opposants aux menées bellicistes [du Premier ministre britannique d’alors, David] Cameron, et [du Président français d’alors, Nicolas] Sarkozy ».

L’auteur de l’article, Paul Martial, a écrit comme si les lecteurs avaient totalement oublié le soutien agressif du NPA pour la guerre menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis en Libye il y a cinq ans. Le NPA ne s’est pas opposé aux plans bellicistes et aux rationalisations « humanitaires » cyniques des criminels de guerre à Paris, à Londres et à Washington. Il les a soutenus énergiquement.

Dès le début de la guerre, le NPA et les partis semblables de la pseudo-gauche ont soutenu internationalement la guerre. Ils ont présenté le Conseil national de transition (CNT) à Benghazi — une formation pro-impérialiste de droite composée d’anciens ministres du régime de Kadhafi, de milices islamistes liées à Al-Qaïda, d’agents de la CIA et de chefs tribaux libyens — comme des combattants « révolutionnaires » contre Kadhafi.

Cachant le soutien du NPA pour la guerre impérialiste, Martial invoque le rapport parlementaire britannique, il écrit : « Le rapport estime par ailleurs que la menace contre les civils a été largement exagérée, se fondant uniquement sur la rhétorique de Kadhafi, alors que les faits infirment ses diatribes. En effet, les villes qui ont été reprises par ses troupes n’ont pas donné lieu à des massacres de civils ».

Ces remarques constituent un acte d’accusation non seulement pour les gouvernements britannique et français, mais pour le NPA qui poursuit une ligne identique. Deux semaines après la guerre, le NPA a publié un rapport sur un « Débat sur l’intervention en Libye ». Il s’alignait totalement sur les appels à attaquer la Libye afin d’arrêter un massacre par les troupes de Kadhafi en écrivant : « Parce que Kadhafi est prêt à massacrer son peuple, parce qu’il lui a promis “un bain de sang” et que nous savons très bien qu’il tiendra cette promesse en cas de victoire, nous voulons d’abord et avant tout sa défaite ».

Les événements ont justifié l’opposition marxiste du WSWS à la guerre libyenne et au rôle réactionnaire des partis pseudo-gauchistes comme le NPA. Critiquant des déclarations proguerre du NPA à l’époque, le WSWS a écrit que le NPA « déclare son hostilité ouverte au marxisme, qui insiste sur le fait que l’attitude d’un parti ouvrier envers une guerre doit être fondée sur le caractère social et de classe des régimes qui la mènent. En particulier, les marxistes s’opposent à une guerre dirigée par des puissances impérialistes comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France contre un pays opprimé et ex-colonial comme la Libye par principe ».

Le soutien du NPA à cette guerre réactionnaire l’a profondément enfoncé dans les mensonges et la criminalité politique.

Pendant que l’OTAN préparait son intervention militaire, en février 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 1970 imposant un embargo sur les ventes d’armes à la Libye. Violant la résolution, les puissances occidentales ont continué à fournir les armes à leurs forces par procuration islamistes. Martial écrit : « Le rapport des parlementaires britanniques confirme aussi une autre violation de la résolution instaurant un embargo militaire total sur le pays. Ainsi par le biais du Qatar et des Émirats arabes unis, des missiles antichars français Milan ont été fournis aux rebelles ».

Comme Martial et ses collègues écrivains et rédacteurs en chef du NPA le savent bien, le NPA avait demandé à haute voix et avec insistance que la France et les autres puissances impérialistes violent l’embargo.

À la veille des frappes aériennes britanniques et françaises le 19 mars 2011, le NPA a exigé que la France arme l’opposition libyenne. Dans un communiqué de presse de la veille, il écrivait : « Notre solidarité pleine et entière va au peuple libyen auquel il faudrait donner les moyens de se défendre, les armes dont il a besoin pour chasser le dictateur, conquérir la liberté et la démocratie ».

Lorsque la France a avoué avoir fourni des armes aux rebelles libyens, en violation de la résolution 1970 de l’ONU, le NPA — loin de critiquer les politiques illégales du gouvernement Sarkozy de droite — a intensifié son soutien au viol de la Libye.

Alors que les frappes aériennes de l’OTAN tuaient des dizaines de milliers de civils et menaient finalement à la torture et au meurtre extrajudiciaire de Kadhafi, le NPA a salué le résultat comme une « bonne nouvelle », affirmant qu’une révolution avait été menée à bien. Il a déclaré : « La chute du dictateur Kadhafi est une bonne nouvelle. Le NPA est entièrement solidaire du processus révolutionnaire qui continue dans la région arabe ».

Le NPA s’est enthousiasmé pour cette situation clamant que : « C’est une nouvelle vie qui s’ouvre pour le peuple libyen. La liberté, les droits démocratiques, l’utilisation des richesses dues aux ressources naturelles pour la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple sont maintenant à l’ordre du jour ».

Cinq ans plus tard, les mensonges du NPA ont été réfutés par la réalité sanglante de l’effondrement économique et la propagation de la guerre civile en Libye. En ce moment, la plupart des Libyens font face à la pénurie de nourriture et de fournitures médicales et des milliers fuient le pays en raison du bain de sang qui continu.

Le mois dernier, la Banque mondiale a mis en garde que l’économie libyenne était « presque effondrée » en raison de la flambée de l’inflation et l’effondrement de la production pétrolière. En raison de la baisse des prix du brut et de la faiblesse de la production, les réserves de change de la Libye ont chuté de 107,6 milliards de dollars en 2013 à 43 milliards de dollars à la fin de cette année. La production de pétrole, qui représente environ 80 pour cent de l’économie libyenne, est tombée à un peu plus d’un tiers de ce qu’elle était avant la guerre de l’OTAN en 2011.

Maintenant, le NPA appuie avec ferveur la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN en Syrie sur la base des mêmes prétextes « humanitaires » frauduleux, qualifiant une sale guerre impérialiste de révolution, tout en reconnaissant qu’elle est dirigée par Al-Nusra. Comme en Libye, le résultat a été la dévastation d’une société entière, avec plus de 300 000 morts et plus de 10 millions de civils fuyant le pays.

Le NPA et les groupes semblables de pseudo-gauche qui se sont alignés derrière les prétextes cyniques des droits de l’homme pour des interventions impérialistes agressives portent la responsabilité politique et, peut-on ajouter, morale pour les catastrophes que ces guerres ont causées pays après pays.

(Article paru d’abord en anglais le 10 novembre 2016)

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