Perspectives

Un mois avant l’élection présidentielle aux États-Unis – ce qui nous attend

La campagne électorale présidentielle américaine, pour laquelle il ne reste plus qu’un mois, est actuellement menée à un niveau si avili et sale qu’elle en est presque indescriptible. Un autre exercice de diffamation, de dénigrement, d’injures mutuelles, et d’évasion des questions relié par la télévision nationale se profile ce dimanche soir, dans le deuxième débat présidentiel.

Les deux principaux candidats, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, sont les personnalités politiques les plus impopulaires de l’histoire moderne des États-Unis, chacun est détesté par plus de la moitié de la population, chacun est considéré à juste titre comme un menteur qui fait des choix intéressés. L’un est un bigot fascisant et démagogue, l’autre un larbin de Wall Street et de l’appareil de renseignement militaire.

Dans le dernier mois de la campagne, les apologistes habituels du Parti démocrate – les syndicats, les éditorialistes des médias libéraux depuis le New York Times jusqu’à la revue The Nation, les défenseurs des politiques identitaires de la classe moyenne supérieure – redoubleront leurs assertions que l’élection de Clinton face à Trump est la seule chose qui empêche l’effondrement de la démocratie américaine.

Comme The Nation l’a écrit dans sa déclaration éditoriale typiquement hyperbolique approuvant Clinton la semaine dernière, la plaidoirie de l’ex-secrétaire d’État « peut se résumer en deux mots : Donald Trump ». Même les journaux pro-républicains de longue date ont fait chorus avec des avertissements que l’élection du Trump porterait un coup dévastateur à la stabilité politique des États-Unis. Le magazine The Atlantic est allé jusqu’à souligner que son approbation de Clinton était seulement le troisième de son histoire, après son soutien de Lyndon Johnson contre Barry Goldwater en 1964, et d’Abraham Lincoln en 1860. 

Il convient de souligner que si la démocratie américaine est dans un tel état fragile, elle doit l’être pour des raisons beaucoup plus profondes que la campagne électorale d’un milliardaire des casinos et de l’immobilier à Manhattan, qui est actuellement tout juste derrière Clinton dans les sondages. Les « grand sages » des rédactions ne tentent ni d’expliquer les causes de cette crise à leurs lecteurs ni de présenter une justification convaincante pour expliquer pourquoi l’élection de Clinton plutôt que Trump va sauver le pays de la catastrophe imminente. 

Il y a un fossé énorme entre ce dont les candidats parlent chaque jour dans la campagne électorale et les mesures que la classe capitaliste américaine se prépare à implémenter une fois que la question de l’identité du prochain occupant de la Maison-Blanche a été réglée. Voici trois questions majeures qui sont peu susceptibles d’être mentionnées, et encore moins discutées sérieusement, dans le débat de dimanche : 

La crise mondiale grandissante du capitalisme : Selon un rapport publié par le Fonds monétaire international avant sa réunion annuelle, qui a commencé vendredi à Washington, la dette dans le secteur non financier de l’économie mondiale a doublé en termes nominaux depuis l’année 2000, en atteignant une somme impressionnante de 152 000 milliards de dollars l’an dernier, plus de 225 pour cent du PIB mondial. Cette bulle financière insupportable, combinée avec des structures bancaires affaiblies et l’aiguisement des tensions commerciales entre les grandes puissances, rend un krach du marché comme en 2008, mais à une échelle encore plus grande, de plus en plus probable, conduisant à une dépression mondiale. 

La poussée des États-Unis vers la guerre avec la Russie et la Chine : L’Administration Obama a intensifié sa campagne de dénigrement et de dénonciation de la Russie vendredi, avec le secrétaire d’État, John Kerry, exigeant une inculpation pour des crimes de guerre pour les bombardements des civils en Syrie qu’il attribue aux russes, tandis qu’un rapport officiel du gouvernement des États-Unis a attribué à la Russie le piratage dans les systèmes de vote des États américains et les ordinateurs du Comité national démocrate. En même temps, le Pentagone augmente sa pression militaire sur la Chine concernant l’occupation des îlots en mer de Chine méridionale. Le prochain président des États-Unis prendra ses fonctions au bord de la guerre avec une voire deux puissances nucléaires. 

La lutte de classe croissante aux États-Unis : Alors que Clinton fait campagne comme le continuateur des « succès » supposés de l’Administration Obama, Trump joue sur les conditions économiques lamentables pour de larges couches de la classe ouvrière. Mais s’ils propagent la complaisance ou professent l’alarme, les deux candidats sont complètement hostiles à tout mouvement d’en-bas. Les revendications de Trump pour « la loi et l’ordre public » seraient appliquées avec une force brutale contre les luttes de la classe ouvrière. Clinton s’est allié aux syndicats, qui cherchent à saboter toute lutte pour défendre les emplois et les salaires, et aux machines politiques urbaines qui contrôlent les forces de police engagées dans la violence quotidienne contre les travailleurs et les jeunes. 

Ce sont ces processus, qui peuvent se résumer comme la désintégration du capitalisme mondial et l’effondrement de l’équilibre social dans tous les grands pays, et qui sont à l’origine des proclamations de plus en plus nerveuses et alarmistes des éditorialistes libéraux. Le sol est en effet en train de se dérober sous leurs pieds, mais non pas à cause de la personnalité de Trump. Il n’est seulement qu’un symptôme nocif de la désintégration globale. Leur véritable crainte est le déclenchement d’un mouvement venant d’en-bas contre les deux partis et le système capitaliste qu’ils défendent.

Le Parti de l’égalité socialiste (SEP) se présente dans les élections de 2016, afin de préparer les travailleurs et les jeunes pour les grands événements qui vont éclater après le 8 novembre sinon dans les dernières semaines avant le vote. Nos candidats, Jerry White pour président et Niles Niemuth pour vice-président, avertissent que les campagnes électorales des candidats capitalistes visent à dissimuler le développement de la crise et à désarmer les travailleurs. 

Dans un mois, nous exhortons tous nos partisans à voter pour White et Niemuth. Cependant, notre campagne n’est pas fondamentalement au sujet des votes, mais sur la construction d’un parti politique pour mener les luttes à venir. Rejoignez le Parti de l’égalité socialiste, participez à la lutte pour le socialisme. Afin d’organiser un mouvement contre la guerre et le système capitaliste qui en est la cause, et de se préparer à ce qui nous attend, le SEP et l’International des Jeunes et étudiants pour l’égalité sociale organisent une conférence le 5 novembre à Detroit, « Le socialisme contre le capitalisme et la guerre ». Pour plus d’informations, visitez le site Web de la conférence, socialismvswar.com

(Article paru d’abord en anglais le 8 octobre 2016)

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