La CGT rejoint un mouvement d'extrême-droite contre les migrants à Calais

Sous prétexte de défendre l’emploi, la CGT a rejoint lundi dernier la manifestation d’extrême droite pour le démantèlement de la « jungle », le camp de réfugiés à Calais. La bureaucratie syndicale apporte ainsi son soutien à la propagande néofasciste et au PS, qui veut à présent demanteler et détruire la « jungle », afin de diviser les travailleurs et de désorienter leur opposition aux guerres et aux mesures d'austérité du PS.

Après plusieurs rassemblements dans le Nord et sur Paris, le « Grand rassemblement du Calaisis », prétendument « mouvement citoyen et apolitique », a mené une action le 5 septembre, coupant en deux l’autoroute A16 par des camions et des tracteurs.

La manifestation regroupait des syndicats patronaux et néofascistes sur une politique anti-immigré. Le collectif d’entreprises et commerces de Calais, le syndicat de policiers FO, la Fédération nationale des transporteurs routiers, des agriculteurs par l'intermédiaire de la FDSEA notamment, ainsi que la CGT réclamaient le démantèlement de la « jungle » et la fin de la « pression migratoire ».

Un tract CGT a circulé parmi les dockers et travailleurs portuaires pour appeler à la « mobilisation générale », prétendument afin de sauver le port, « en grand danger ». Le tract proposait de former une chaîne humaine le long du port et de bloquer les routes avec des opérations escargot avec les agriculteurs, commerçants et transporteurs. La CGT proposait ainsi de mener précisément les actions voulues par le Grand rassemblement du Calaisis.

Contacté par le site web Médiapart, le secrétaire de la CGT des ports et docks à Calais, Hervé Caux, à d'abord répondu en déclarant que le tract était « apolitique, pas la CGT ». Interrogé plus tard par les journalistes de ce site sur la présence d'adhérents de la CGT à la manifestation, il a brusquement mis fin à l'interview, déclarant qu'il « ne répond pas à Médiapart ».

Le lendemain de cette manifestation d'extrême droite, se sentant exposée, la CGT a fait sortir une déclaration dans L'Humanité, le journal stalinien français. Le but de sa déclaration était de couvrir sa politique réactionnaire et de se prémunir contre des critiques depuis sa gauche de son alignement politique sur l'extrême droite. Elle présentait faussement la CGT en tant qu'allié anti-impérialiste des migrants, tout en se faisant l'echo des dénonciations médiatiques de leur volonté de se rendre au Royaume Uni.

Elle y affirmait que « Depuis plusieurs années, les populations du Moyen Orient et d'Afrique orientale subissent de multiples conflits, bien souvent provoqués et entretenus dans l'intérêt capitaliste des grandes puissances telles que la France, l'Angleterre, les Etats-Unis, privant au passage ces peuples et leurs pays de leurs richesses, les laissant dans la misère, la pauvreté, et le désarroi. Aujourd'hui, dans le Calaisis, 10.000 réfugiés ayant fui ces conflits, vivent dans des conditions inhumaines, indignes du pays des droits de l'Homme. Chaque jour, ils mettent leur vie en péril en tentant de rallier l'Angleterre, injustement présentée comme un eldorado, mais en réalité vivier d'une main d'œuvre bon marché et exploitée ».

Quel mensonge répugnant ! Tout en participant à des manifestations aux côtés de l'extrême droite anti-immigré, la CGT tente de se faire passer pour une organisation internationaliste et anti impérialiste.

En fait, la CGT et ses alliés politiques défendent les guerres impérialistes ainsi que la politique anti immigré du PS, qu'ils ont aidé à faire élire en 2012. Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et le Front de gauche (FdG) ont soutenu les guerres menées par procuration en Syrie et en Libye avec l’aide des forces islamistes. Ces guerres ont semé le chaos à travers cette région, en provoquant le déplacement de dizaines de millions de personnes et la mort de centaines de milliers de gens.

La CGT elle-même a rejoint le NPA et le FdG en participant à la promotion médiatique de la guerre. Le 5 décembre 2012, alors que le Pentagone se préparait à avouer que parmi ses milices d'opposition en Syrie étaient composées de terroristes liés à Al Qaïda, la CGT a signé avec Solidaires et la FSU une déclaration qui applaudissait l'intervention de l'OTAN en Syrie.

Dénonçant seulement le régime « sanguinaire » d'Assad, la CGT, Solidaires, et la FSU ont appelé à une intervention plus forte de l'OTAN, faisant passer les visées capitalistiques des puissances impérialistes pour des vecteurs de démocratie. Les centrales syndicales, selon leur déclaration commune publiée dans L'Humanité, « appellent la communauté internationale à redoubler d’efforts et de détermination pour que soient enfin respectés les droits humains et que cesse cette barbarie ».

Cette orientation de classe réactionnaire est partagée jusqu'aux plus hautes instances dirigeantes de la CGT.

Interrogé sur la manifestation d'extrême-droite à Calais le mercredi 7 septembre à Nantes, Philippe Martinez a défendu la présence de militants CGT dans cette manifestation : « Oui, il y a une mobilisation qui interroge à Calais mais les motivations des uns et des autres ne sont pas les mêmes. Or certains s'en servent pour attiser la haine. Cela fait 14 ans que ça dure, cette histoire. Je veux dénoncer l'attitude du patronat, qui fait du chantage et répète que si on ne démantèle pas la jungle, ce sont les boîtes qui vont fermer… ».

En expliquant que des points de vue divergents existent parmi les manifestants sans en critiquer aucune, Philippe Martinez fait le silence sur la collaboration politique entre la CGT et divers groupes néofascistes qui développent une propagande agressive et des actions violentes sur Calais. Il couvre ainsi l'action réactionnaire de la CGT.

Ce qu’expose la participation de la CGT au côté du patronat dans une manifestation néofasciste sur Calais, c’est son son hostilité envers les intérêts du prolétariat international. Son orientation nationaliste héritée du PCF stalinien, vers une union de la « gauche » autour du PS, s'est transformée au courant de décennies depuis la restoration capitaliste menée par les staliniens en URSS en 1991. En bloquant les luttes contre divers gouvernements, notamment du PS, elle a présidé à la destruction de sa propre base ouvrière.

Coupée des travailleurs qui la boudent de plus en plus sur les lieux de travail, forcée à se faire financer à 95 pour cent par l'Etat et le patronat, la bureaucratie syndicale française est devenue une coquille vide, pilotée par la bourgeoisie afin d'étrangler les luttes ouvrières.

Le fait que la CGT organise à présent des actions communes avec l'extrême-droite et les syndicats patronaux marque une étape majeure dans l'évolution réactionnaire des couches sociales aisées dont est tirée sa bureaucratie. Les syndicats et la pseudo gauche sont incapables de représenter une opposition à la politique du gouvernement Hollande et à sa politique d'Etat policier. En fait, ils le soutiennent, par la participation de la CGT à la manifestation néofasciste sur Calais.

Le traitement des travailleurs étrangers a souvent dévoilé le caractère nationaliste et antiouvrier de la politique de la CGT. En 2009, des sans papiers ont occupé la Bourse du Travail près de la Place de la République à Paris, pour exiger que la CGT lutte pour la régularisation des sans papiers. Ils avaient été évacués violemment par les CRS, que la CGT avait appelées à l'occasion, grâce à l'étroite collaboration qui existe à présent entre les appareils syndicaux et les forces de l'ordre.

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