La richesse des milliardaires explose avec la hausse des marchés boursiers

Le nombre de milliardaires dans le monde a enregistré une nette augmentation en 2016, avec 233 personnes de plus, pour atteindre un record de 2043, selon une étude annuelle du magazine Forbes. C’est la première fois que la liste des gens les plus riches dans le monde de Forbes inclut plus de 2000 personnes.

La richesse combinée de ceux qui sont sur la liste des milliardaires de Forbes a augmenté de 18% pour atteindre 7,67 billions $, une somme stupéfiante, plus que le produit intérieur brut de presque tous les pays, excepté les plus riches. L’impulsion immédiate derrière cette augmentation est la croissance des marchés boursiers, qui ont atteint des records depuis l’élection américaine du président Donald Trump, et l’augmentation du prix du pétrole sur les 12 derniers mois.

Plus fondamentalement, la concentration grandissante de richesse parmi les plus riches du monde représente une régression sociale dans laquelle les ressources de la société sont pillées au nom de la poursuite effrénée du profit privé.

L’homme le plus riche au monde reste le fondateur de Microsoft Bill Gates, dont la fortune est passée à 86 milliards $, une augmentation de 11 milliards $. Le deuxième est l’investisseur Warren Buffet (75,6 milliards $), suivi de près par le troisième plus riche et fondateur d’Amazon Jeff Bezos (72,8 milliards $). Bezos a enregistré la plus importante hausse de sa valeur nette l’année dernière, empochant 27,6 milliards $ de plus.

Carlos Slim Helu du Mexique est numéro six sur la liste Forbes avec une fortune nette de 54,5 milliards $. Malgré une augmentation de 4,5 milliards de dollars de son avoir net l’année dernière, Slim, qui était à la quatrième position, a descendu dans la liste. En tout, la valeur nette des milliardaires mexicains a augmenté de 17% en 2016 pour atteindre 116,7 milliards $.

Les 10 plus riches milliardaires sur la liste Forbes ont une richesse combinée de 558 milliards $, plus que le produit intérieur brut du Venezuela. Seulement huit de ces milliardaires possèdent autant de richesse que la moitié inférieure de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes selon Oxfam.

Les États-Unis continuent d’avoir le plus grand nombre de milliardaires au monde, avec un record de 565, une augmentation de 25 par rapport à l'année dernière. La Chine suit avec 319 et l’Allemagne est troisième avec 114. La Chine a eu le plus de nouveaux milliardaires l’an dernier avec 76.

En Inde, où 13 travailleurs de l’usine automobile de Maruti Suzuki ont été condamnés à la prison à vie sur des accusations fabriquées de toutes pièces, il y a 101 milliardaires, faisant de ce pays appauvri le quatrième sur la liste en termes de super riches. À 23,3 milliards, le magnat des télécommunications Mukesh Ambani est l’homme le plus riche en Inde, dans un pays où le salaire moyen n'est que de 295 $ par mois.

Quatorze milliardaires vivent en Afrique subsaharienne, une autre région marquée par sa forte proportion de personnes qui vivent dans l'extrême pauvreté. Le plus riche est le Nigérien Aliko Dangote (12,1 milliards $), le président de Ciment Dangote, le plus grand producteur de ciment d’Afrique.

Le président des États-Unis Donald Trump est 544e sur la liste, avec une valeur nette estimée à 3,4 milliards $, largement basée sur ses avoirs dans le marché immobilier new-yorkais.

Pendant ce temps, aux États-Unis, la rémunération des cadres supérieurs a également augmenté en 2016, dépassant des niveaux déjà obscènes. Le salaire médian des directeurs généraux des 104 plus grosses sociétés américaines a augmenté de 6,8% en 2016 pour atteindre 11,5 millions $, selon le Wall Street Journal. Deux fois plus de PDG ont vu leur rémunération augmenter même avec des baisses de salaire, la majeure partie de leur rémunération étant accordée sous forme d'actions.

Le PDG le mieux rémunéré aux États-Unis, Thomas Rutledge de Charter Communications, a empoché 98,5 millions $, une augmentation de 42%. Le PDG d’Estée Lauder Fabrizio Freda a amassé 48,4 millions $ pendant que le PDG de Nike Mark Parker mettait la main sur 47,6 millions $. Le PDG de Caterpillar Jim Umpleby a eu 18 millions $ d’une société qui fait l'objet d'une enquête par le gouvernement fédéral pour une combine de fraude fiscale.

Ces chiffres montrent à quel point la population mondiale se fait piller par l’élite financière qui a amassé une fortune sur une échelle qui n’a aucun précédent historique. La hausse de ces fortunes coïncide avec un processus de destruction sociale à travers lequel la vaste majorité de la population mondiale se fait dépouiller de ses ressources dans le but de financer des baisses d'impôt pour les riches et une augmentation des dépenses militaires.

Une grande partie du monde subsiste avec moins de 2 $ par jour. La famine menace 20 millions de personnes au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et au nord-est du Nigeria, le produit de guerres prédatrices attisées par les États-Unis.

En Europe occidentale, l’État-providence mis en place dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale se fait démanteler pendant que l’Allemagne et d’autres puissances impérialistes se réarment en préparation d’une guerre.

Pendant ce temps, aux États-Unis, le filet de sécurité sociale déjà inadéquat se fait davantage couper pour fournir des baisses d'impôt aux riches et paye pour une grande augmentation dans les dépenses militaires. L’espérance de vie aux États-Unis a décliné pour la première fois en 23 ans en 2015 après des décennies de stagnation ou de baisse de revenu, des coupes dans les soins de santé et d’autres programmes sociaux, et une épidémie de toxicomanie.

Aux États-Unis, durant les quatre dernières décennies, les administrations démocrates et républicaines ont procédé simultanément et sans interruption au démantèlement des gains sociaux de la classe ouvrière afin d’enrichir l’aristocratie financière.

Ce processus s’est intensifié avec l’élection en 2008 de Barack Obama, dont l'administration a fourni de manière illimitée les liquidités nécessaires pour renflouer Wall Street et qui, à travers ses politiques d'assouplissement quantitatif, a ouvert le robinet de la réserve fédérale pour inonder d’argent les marchés boursiers.

Les politiques d’Obama ont pavé la voie à l’élection du milliardaire Trump, le représentant direct de l’élite financière criminelle. Depuis l’élection, les marchés boursiers ont atteint des niveaux records avec l’anticipation de baisses d'impôt supplémentaires pour les riches et le démantèlement des réglementations au niveau de la santé, de la sécurité et de l’environnement dans l’intérêt de gonfler les profits des sociétés.

Il y a un consensus bipartite au Congrès américain pour une refonte du système de santé basée sur un accès plus restreint et la réduction des coûts afin que plus d’argent puisse être disponible pour l'armée et baisses de taxe. Les démocrates et les républicains ont tous deux rejeté la notion que la santé est un droit social qui devrait être disponible gratuitement pour tous, disant qu'«il n’y a pas d’argent».

Toutefois, comme le démontre la liste des milliardaires de Forbes, il y a des ressources en quantité pour satisfaire tous les besoins sociaux pressants. C’est l’organisation actuelle et irrationnelle de la société et la subordination de tous les aspects de la vie économique et sociale sous le capitalisme aux demandes de l’aristocratie financière rapace qui est le principal obstacle au bien-être de la population mondiale.

C'est pourquoi la classe ouvrière doit unir ses forces internationalement pour la transformation socialiste de la société. Ce qui veut dire: saisir la richesse des sociétés et de l’élite financière et de placer les grandes banques, les sociétés pétrochimiques et industrielles, les transports et les soins de santé sous la propriété et la direction démocratique de la classe ouvrière. Ces ressources doivent être utilisées pour élever le niveau de vie de la population mondiale et fournir des salaires décents, des soins de santé, l’éducation et un toit pour tous.

(Article paru en anglais le 22 mars 2017)