La réunion publique du PES à Paris appelle à un boycott actif des élections françaises

Le 1er mai, le Parti de l'égalité socialiste (PES), la section française du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), a organisé une réunion publique à Paris pour expliquer son appel à un boycott actif des élections présidentielles françaises, c'était la première depuis sa fondation l'année dernière. Les intervenants étaient Alex Lantier, secrétaire national du PES, et Johannes Stern, un membre dirigeant du Sozialistische Gleichheitspartei (SGP), la section allemande du CIQI.

Une soixantaine de personnes étaient présentes, dont un contingent important d’immigrés et de jeunes tamouls de la région parisienne, ainsi que des lecteurs du World Socialist Web Site et des participants à la manifestation du 1er mai durant laquelle des tracts pour la réunion étaient distribués par l'équipe du PES. Des membres et des partisans du PES sont venu depuis Marseille, Amiens, l'Alsace, la Bretagne et la Bourgogne. 

Lantier a expliqué le sens politique d'un boycott actif et la raison pour laquelle le PES rejette l'argument selon lequel il faudrait soutenir le banquier Emmanuel Macron, qui est soutenu par le Parti socialiste (PS) au pouvoir, comme un moindre mal face à la candidate néo-fasciste Marine Le Pen. 

Macron est un allié de Washington et de Berlin, il soutient leurs initiatives guerrières contre la Syrie, la Corée du Nord, et la Russie (une puissance nucléaire), il a déclaré qu'il restaurerait le service militaire obligatoire. Lantier a relevé que lorsqu'il était ministre du gouvernement PS profondément impopulaire, Macron a soutenu l'état d'urgence, une mesure dictatoriale, et imposé des dizaines de milliards d'euros de coupes dans les budgets sociaux tout en contribuant à faire passer des lois de « réforme » du Code du travail qui ont sapé les droits des travailleurs. Il a joué un rôle central dans la politique du PS qui a transformé la France en un régime autoritaire.

Une partie de l'assistance à la réunion

Les deux candidats présentant une menace mortelle pour la classe ouvrière, la seule possibilité d'avancer est de prendre le chemin de la révolution, a expliqué Lantier. Le candidat de la France insoumise (FI), Jean-Luc Mélenchon, prépare un piège pour la classe ouvrière. Les électeurs de la FI sont opposés à Macron, comme 7 électeurs français sur 10. Mais, tout en refusant de soutenir ouvertement Macron pour éviter de se discréditer, Mélenchon ne propose qu'un choix entre un vote blanc et un vote Macron. Il a déclaré qu'il accepterait d'être Premier ministre pour Macron, ce qui est une acceptation implicite de la politique étrangère guerrière de Macron. 

Cette réunion du PES fut le premier événement organisé par une section française du CIQI depuis 1971, année où celui-ci s'est séparé de l'Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert. Lantier a fait remarquer que L'OCI avait rompu avec le trotskysme en s'appuyant sur la perspective nationaliste de former une Union de la gauche avec les staliniens du Parti communiste français (PCF) et le Parti socialiste (PS) nouvellement formé. L'OCI a joué un rôle important dans l'établissement du PS comme le principal parti de gouvernement « de gauche » de la classe capitaliste française. 

Quarante-six ans plus tard, le PS est en crise terminale, discrédité par toutes les mesures d'austérité, les mesures d'état policier et les guerres imposées par François Hollande, et éliminé au premier tour des élections présidentielles. Lantier a insisté sur le fait que l'appel à un boycott actif et la préparation des luttes révolutionnaires dans la classe ouvrière exigeaient un passage en revue détaillé des courants politiques de gauche en France et internationalement, et un retour à la lutte de principe, inconciliable, du CIQI pour le trotskysme. Il a appelé l'audience à soutenir le PES et à y adhérer. 

Stern a insisté sur l'opposition du CIQI à un soutient à Macron, expliquant que Macron, parmi tous les candidats à la présidentielle, avait été le partisan le plus enthousiaste d'une militarisation de l'Union européenne (UE) en collaboration avec Berlin. Les objectifs d'un réarmement de l'Europe, et en particulier de l'Allemagne, soutenu par Macron, impliquent des universitaires allemands qui réécrivent l'histoire de l'impérialisme allemand au 20e siècle et vont jusqu'à minimiser les crimes des nazis et de Hitler lui-même.

Une discussion animée à suivi ces rapports, avec plusieurs questions du public et des contributions de membres du PES. 

Un membre du public a demandé s'il était possible d'appeler à un boycott des élections, étant donné qu'une victoire de Le Pen est maintenant envisageable. Passant en revue l''histoire de la montée du FN depuis sa fondation en 1972, Lantier a expliqué que le boycott n'est pas simplement un choix politique correct en regard des dangers posés par une présidence Macron, mais c'est la seule politique qui peut empêcher la montée du FN. Le FN n'a pu gagner un électorat de plus en plus important que parce qu'il pouvait se poser de manière démagogique en parti d'opposition, pendant que les alliés du PS comme le PCF et l'OCI bloquaient l'opposition de gauche au PS.

Un autre membre du public a demandé en quoi consiste un boycott actif, et si cela veut simplement dire ne pas voter. Les intervenants ont expliqué que le PES et le CIQI encouragent les plus larges manifestations et grèves contre les deux candidats. Il est nécessaire d'exposer leur nature réactionnaire et celle de leurs alliés politiques, et de lutter pour préparer les travailleurs à des luttes révolutionnaires contre le candidat qui sortira vainqueur le 7 mai, quel qu'il soit. Ils ont ajouté que la réunion et la construction du PES comme avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière étaient des éléments extrêmement importants de la campagne pour un boycott actif. 

Interrogés sur la possibilité d'une alliance impérialiste franco-allemande contre les États-Unis, les intervenants ont fait référence aux conflits entre les puissances impérialistes au sein de l'OTAN. Ils ont surtout expliqué que la tâche qui s'impose à la classe ouvrière n'est pas de prédire les alignements diplomatiques instables qui pourraient provoquer une guerre, mais d'intervenir pour stopper la guerre avant qu'elle n'éclate ; comme l'a remarqué Trotsky, la tâche de l'avant-garde révolutionnaire est de « suivre la carte, non de la guerre, mais de la lutte des classes ». 

Membre dirigeant du PES, V. Gnana a parlé du rôle du CIQI dans le développement d'un cadre de travailleurs Tamouls et la construction du PES au Sri Lanka. Le CIQI a lutté contre la grande trahison du LSSP, sa capitulation devant le pablisme [LCR-NPA en France, ndt] et son entrée dans un gouvernement bourgeois en 1964, une politique qui a en fin de compte divisé les travailleurs du Sri Lanka entre Cingalais et Tamouls. Le CIQI y a mené une lutte de plusieurs dizaines d'années, qui lui a permis de fonder une section française et de donner aux travailleurs immigrés en France un parti qui les représente.

De nombreux membres du public sont restés après la fin de la réunion pour discuter de la situation politique, du marxisme, et du mouvement trotskyste. Le PES a vendu des copies de sa déclaration de principes et de sa déclaration sur les élections de 2017. Un appel aux dons reçut une réponse importante, et plusieurs membres du public ont décidé de maintenir le contact avec le PES ou de demander à adhérer.

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