Dans son interview, Macron maintient le cap de sa politique militariste et anti-ouvrière

Dans un contexte international de plus en plus tendu et volatile, alors qu‘en France la colère monte face à la crise et à la politique sociale du gouvernement, Emmanuel Macron a donné dimanche sa première grande interview télévisée depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq mois.

Les médias voulaient donner au chef de l’État l'occasion de rassurer la bourgeoisie, inquiète qu‘une crise politique majeure se développe en France et au plan international. En moins de six mois, la bulle Macron que les médias patronaux avaient créée lors de la campagne et de l‘élection présidentielles s‘est entièrement dégonflée ; le gouvernement fait face à une colère montante.

Le gouvernement Macron risque d’être isolé en Europe alors qu‘en Allemagne l‘élection a vu les conservateurs et les sociaux-démocrates alliés de Macron subir de fortes pertes et l'extrême-droite entrer en force au parlement et en Autriche probablement au gouvernement. Une crise politique explosive se développe en Espagne, où Macron soutient le gouvernement post-franquiste qui se prépare à intervenir militairement contre la population catalane.

Dans le contexte de menace de guerre internationale, où Trump menace la Corée du Nord de guerre nucléaire et l'Iran d'une suspension de l'accord nucléaire, l‘impérialisme français est placé devant des choix existentiels.

L‘interview n‘a cependant fait que renforcer l‘impression de crise qui existait déjà alors qu‘on n‘a rien pour remplacer la bulle Macron. Sur tous les sujets abordés par les journalistes, Macron a répondu invariablement qu‘il maintiendrait le cap. Il continuerait à détruire les acquis sociaux parce que, selon Macron, on lui a en avait donné le mandat. Il avait raison de réduire le niveau de vie des retraités, de réduire l‘aide au logement, et de soumettre les chômeurs à des contrôles humiliants. Il donna pour tout des exemples censés prouver ce qu‘il disait.

Il continuerait de favoriser les riches parce que c‘est eux qui faisaient avancer le pays. Il a défendu l‘élimination de l’impôt sur la fortune (ISF): « Quel était le résultat de l’ISF? On a perdu beaucoup de talents, je crois à la cordée. Je veux que ceux qui réussissent tirent les autres »; mais ces « autres » devaient « s'engager dans la société », c‘est à dire faire ce que les riches leur disent.

Quand on lui a rappelé ses propos à juste titre mal reçus de « fainéants » et de « ceux qui foutent le bordel » pour attaquer ceux qui s‘opposaient à sa politique et faisaient valoir leurs droits, il les a justifiés: « J'ai toujours essayé de dire les choses et de m'approcher d'une forme de vérité [...] donc je nomme. »

Il a encore ressorti des tiroirs la vieille idée de la « participation », déjà avancée par un de Gaulle ou un Raymond Barre pour tenter de lier les travailleurs aux intérêts du patronat tout en les divisant. Il voulait continuer son étroite collaboration avec les syndicats: « Je compte sur les chefs d'entreprises, les syndicats et les salariés pour mener le dialogue social. »

Macron est apparu comme le banquier arrogant qu‘il est en réalité. Ses efforts pour faire croire qu‘il se préoccuperait, au cours d‘une phase de « réflexion » sur la « protection » des employés, de ceux qu‘il est en train de priver de leurs acquis n‘ont fait que souligner son indifférence complète pour les énormes difficultés auxquelles font face la plupart des gens.

Une indifférence époustouflante lorsqu‘il est en est venu, à la fin de l‘interview, à parler du gouvernement américain. Alors que l‘administration Trump est en train de pousser le monde vers une guerre générale nucléaire, Macron a refusé de prendre ses distances vis-à-vis des déclarations incendiaires, fascistes, de Trump sur l’annihilation de la Corée du Nord. L‘alliance avec les Etats-Unis était inébranlable et Trump n‘était pas dangereux. « Chacun sa personnalité », a-t-il déclaré.

S‘il ne s‘est pas étendu sur la sécurité (la « lutte contre le terrorisme ») en tant que telle, il n‘en a pas moins indiqué clairement la direction où il voulait aller. Il propose de suivre le chemin tracé par Sarkozy et Hollande avant lui, c'est-à-dire de manier la thématique politique du Front national et de poursuivre rapidement le mouvement vers un Etat policier.

Dans un net appel à l’extrême-droite il a dit souhaiter que « tout étranger en situation irrégulière qui commet un acte délictueux soit expulsé. Dès les prochains jours, nous prendrons des décisions d’organisation... Au début de l’année prochaine, une nouvelle loi en matière d’asile et d’immigration sera prise pour durcir les règles ».

Il s‘agit là de la préparation d‘une attaque de grande envergure contre tous les immigrés. Le « souhait » de Macron reprend clairement la revendication cynique de l’extrême-droite de « lutte contre l‘immigration illégale » destinée à mobiliser les forces de sécurité et donner une base « légale » à la violence contre les immigrés.

Macron essaie par là de conforter ses bases dans les forces de sécurité et dans l‘électorat d’extrême droite, un appel que les travailleurs doivent comprendre comme un avertissement.

Reprendre la politique des néofascistes a été une constante des gouvernements français depuis 2002, qui ont tous déplacé leur base de soutien vers les forces d‘extrême-droite, avec pour résultat de renforcer l‘original et de faire monter la cote de Marine Le Pen. Une des premières phrases du discours de Macron le soir de son élection à la présidence, a été de lancer un « salut Républicain » aux électeurs du FN.

Dans une situation où l‘extrême-droite entre au parlement allemand pour la première fois depuis 1945 et parvient au pouvoir dans d‘autres pays de l‘Union européenne et aux Etats-Unis, Macron indique clairement qu‘il se dirige lui aussi vers un régime autoritaire et d‘extrême droite.

Pour finir, les journalistes posèrent à Macron la question surprenante dans une interview à l’Élysée à un président élu il y a cinq mois, s‘il se représentait dans cinq ans, mettant en doute sa capacité à réussir sa présidence. En lui rappelant que le dernier président Hollande lui non plus ne s‘était pas représenté, ils ont mis le doigt sur l‘instabilité croissante aux sommets de l’État français.

La question était aussi un signe à Macron que s‘il continuait comme cela, il risquait de devenir un « président potiche » entraînant une vacance du pouvoir, une situation pouvant déclencher des luttes de factions virulentes comme c‘est le cas aux Etat-Unis actuellement.

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