Un incendie détruit une large partie du camp de réfugiés à Grande-Synthe

Lundi soir, un incendie dans le camp de réfugiés la « Linière », à Grande-Synthe, sur la côte nord de la France, a détruit plus de 75 pour cent des 300 cabanons en bois du camp. Le camp était le dernier encore en place à loger des réfugiés essayant d’atteindre la Grande-Bretagne depuis la France.

Le camp a été construit pour héberger 700 personnes, mais en abritait plus de 1500 au moment de l’incendie. La population principale du camp était des Kurdes d’Irak. Cependant, il y a six mois, un grand nombre de réfugiés afghans sont arrivés du fait que le gouvernement français a détruit le camp principal construit par les réfugiés, à 40 kilomètres de Calais, abritant quelque 3000 réfugiés. Les réfugiés qui ont accepté de se rendre aux « Centres d’accueil et d’orientation » (CAO) ont été dispersés dans toute la France ; beaucoup de ceux qui ont refusé ont fait les 40 kilomètres depuis le camp de Linière à pied.

L’arrivée des réfugiés afghans a amené la population du camp à 1500, mais aucune nouvelle cabane n’a été construite, et bon nombre des nouveaux arrivants ont dû dormir dans les espaces communs : les cuisines, les salles à manger, etc. Dans des conditions si bondées et insalubres, des conflits à l’intérieur du camp ont éclaté. Les gens dans les huttes dormaient à cinq ou six dans les cabines de sept mètres carrés.

L’enquête sur l’incendie qui a détruit le camp n’est toujours terminée et son origine reste incertaine. Les autorités et la presse ont prétendu que le feu a été lancé lors d’une altercation à l’arme blanche entre les Afghans et les Kurdes dans laquelle quatre personnes ont été blessées. Les CRS sont arrivées et ont tiré des volées des grenades de gaz lacrymogènes dans le camp.

Bien qu’il y ait eu aussi huit pompiers présents cette nuit-là, il semble que peu de choses ont été faites pour empêcher la propagation du feu. Dix personnes ont été blessées par les flammes et, selon les informations, seulement 70 des 300 huttes ont survécu.

Deux gymnases dans la ville de Grande-Synthe ont été ouverts pendant la nuit pour accueillir des réfugiés temporairement. Cependant, seulement 500 à 1000 places ont été prises. Entre un tiers et deux tiers des réfugiés dorment apparemment dehors dans la campagne et les villages aux alentours des restes du camp.

Lors d’une conférence de presse, le lendemain matin, les responsables du gouvernement français ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention d’enquêter sérieusement sur l’incendie ou de réparer les dégâts. Au contraire, le gouvernement du Parti socialiste (PS) ayant déjà détruit le camp de réfugiés de Calais dans le cadre de sa campagne visant à réprimer les réfugiés, s’est saisit de cet incendie pour justifier la fermeture de l’autre grand camp de réfugiés dans le nord de la France, ce qu’il essayait de faire depuis un certain temps.

À la mi-mars, avant l’incendie, le ministre de l’Intérieur PS du moment, Bruno Le Roux, a appelé au démantèlement du camp de Linière « le plus rapidement possible ».

Mardi, le nouveau ministre de l’Intérieur, Mathias Fekl, est venu à Grande-Synthe et a déclaré d’emblée : « Il n’y aura pas de reconstruction de camp ici, il faut trouver les solutions adaptées. »

Apparaissant au camp de Grande-Synthe après l’incendie, le préfet de police Michel Lalande a décrit le camp comme : « un amas de cendres ». « Mais il est impossible de parcourir tout le camp et donc de se faire une idée précise de l’étendue des dégâts » a dit Olivier Caremelle, directeur de cabinet du maire. Néanmoins, sans examiner les dégâts, le préfet a affirmé : « Il sera impossible de remettre des cabanons à la place de ceux qui existaient auparavant. »

La tournée partielle du camp de Lalande ne lui a pas permis d’établir définitivement la cause du feu, et il a déclaré avec une indifférence étudiée : « Personne n’est en mesure d’expliquer comment ces événements ont pu arriver. »

Les autorités locales ont déclaré que le feu était intentionnel, puisqu’il a commencé dans de nombreux endroits à la fois, et que les réfugiés l’ont probablement commencé pendant le combat. Si tel était le cas, cela ne fait que souligner la responsabilité essentielle du PS, car il hébergeait les réfugiés dans des conditions misérables.

Les fonctionnaires français s’affairent déjà à trouver une justification fausse et « humanitaire » pour la fermeture du camp. Il y a près d’un an, le ministre de l’Intérieur d’alors, Bernard Cazeneuve, avait déclaré : « L’État n’a pas vocation à maintenir des camps qui ont un moins bon standard humanitaire que les Centres d’accueil et d’orientation (CAO). »

La tentative de Cazeneuve de tenir les CAO comme des exemples positifs du traitement par la France des réfugiés pour justifier l’écrasement d’autres camps de réfugiés est une fraude politique. De tels centres sont peu nombreux et en France, en tout cas, et sont souvent évités par les réfugiés.

Derrière la volonté du gouvernement français de démanteler le camp de Linière, il y a l’accord conclu par les gouvernements britannique et français pour arrêter l’immigration vers la Grande-Bretagne depuis la France. Dans l’accord du Touquet de 2003, les deux gouvernements ont convenu de déplacer les contrôles aux frontières britanniques à Calais, Dunkerque et Paris en France afin qu’ils puissent refuser l’entrée en Grande-Bretagne aux réfugiés et aux autres immigrants avant même qu’ils embarquent dans un bateau ou qu’ils montent dans le train Eurostar.

Lorsque l’accord a été confirmé en août dernier, et que la Grande-Bretagne a accepté d’aider à financer les opérations de la France, le Guardian a commenté : « Une déclaration conjointe de la secrétaire de l’intérieur, Amber Rudd, et de son homologue français, Bernard Cazeneuve, affirme qu’ils travailleront ensemble pour renforcer la sécurité autour de la “frontière partagée” à Calais et “fortement diminuer” les pressions migratoires qui ont attiré 7000 réfugiés autour du tunnel sous la Manche. »

En quelques mois, le camp de « la Jungle » près de Calais avait été démantelé, et maintenant la police s’attaque au camp de la Linière à Grande-Synthe.

(Article paru d’abord en anglais le 14 avril 2017)

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