Face aux luttes des salariés, Macron accorde un sursis à GM&S

Alors que les salariés de l'équipementier automobile GM&S Industry en redressement judiciaire menacent de faire exploser leur usine à La Souterraine dans la Creuse, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire (ex-Les Républicains) a obtenu de Renault et de PSA des garanties pour accorder un délai supplémentaire à GM&S, le temps que d'éventuels repreneurs se manifestent.

Les travailleurs de GM&S sont en lutte depuis décembre et le placement en redressement judiciaire de l'équipementier après que Renault et PSA aient décidé de se tourner vers des sociétés étrangères. Les syndicats avaient négocié un plan de licenciement pour rendre GM&S plus compétitive. Face au blocage de reprise des négociations de Renault et de PSA, les salariés ont décidé de détruire leurs outils et installé des bonbonnes de gaz et des bidons d’essence dans leur usine pour faire pression sur leurs principaux clients.

Le ministre de l'Economie s'est engagé devant les représentants de l'intersyndicale à « déployer tous les efforts nécessaires » pour garantir un accroissement des commandes auprès de PSA et Renault, qui pèsent à eux deux 90 pour cent des revenus de l'usine de GM&S Industry.

Après s'être entretenu pendant le week-end avec les patrons de Renault et PSA, Carlos Ghosn et Carlos Tavares, Le Maire a obtenu une hausse des commandes de PSA de 10 à 12 millions d'euros, et un doublement des commandes de Renault de 5 à 10 millions d'euros. Une source proche du dossier a expliqué aux Echos qu'« Il faut une pression politique pour débloquer les choses, sinon c'est plié » .

L'accord obtenu par le ministre de l'économie ne garantie pas aux 277 salariés de GM&S Industry la sauvegarde de leurs emplois. Le tribunal de commerce de Poitiers peut à présent accorder un délai supplémentaire aux parties mais, comme le souligne Bercy, seulement afin que d'éventuels repreneurs se manifestent.

Comme le rapporte Les Echos, GMD – le seul repreneur actuel, qui est aussi un concurrent de GM&S – compte sauvegarder seulement une centaine d'emplois pour pérenniser le site de La Souterraine Pour l'intersyndicale, la société « serait viable à moyen ou long terme avec des recettes équivalentes à 33 millions d'euros et 215 salariés environ ». L'augmentation des commandes obtenue par le gouvernement Macron permet un chiffre d'affaire pour la société de 25 millions d'euros.

Face à la lutte des salariés de GM&S, Le Maire a obtenu un sursis avec le soutien des syndicats, car il craint que le conflit des travailleurs de l'équipementier automobile avec les constructeurs comme PSA et Renault ne se développe en un mouvement plus large. Le gouvernement Macron est très faible et impopulaire. Il a été élu alors qu'un Français sur trois a voté nul ou s'est abstenu. Bruno Le Maire ne voulait pas risquer un mouvement des travailleurs plus large contre les licenciements alors que le gouvernement assure l'intérim en attendant les législatives de juin.

Toutefois, cette victoire partielle ne doit obscurcir ni le caractère fondamentalement réactionnaire du nouveau gouvernement Macron, ni la défaillance des syndicats, qui ont totalement isolé la lutte des travailleurs de GM&S.

Le gouvernement Macron se prépare à mener une contre-révolution sociale avec la participation des syndicats pour la réforme du Code du Travail, que l'exécutif imposera par ordonnances, sans passer par le parlement. C'est une offensive sans merci contre l'emploi.

Cette réforme prévoit l'instauration d'un plafond et d'un plancher pour les indemnités prud’homales pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, ce qui veut dire faciliter les licenciements et la suspension des allocations en cas de refus de 2 emplois décents (selon des critères de salaire et de qualification) ou si l'intensité de la recherche d'emploi est insuffisante.

Les syndicats qui ont soutenu Macron au second tour de la présidentielle feront partie des négociations pour la réforme du Code du Travail, qui ira plus loin que la loi El Khomri. Le rapport de France Stratégie remis au Premier ministre le 5 mai dernier « considère qu’il serait souhaitable qu’avant le lancement des travaux le Gouvernement consulte tout d’abord les partenaires sociaux sur les réformes importantes qu’il souhaite réaliser sur les sujets relatifs au Code du travail, ainsi que sur les objectifs et la nature des travaux qu’il entend confier à cette commission. »

Plus largement, la bourgeoisie ne pardonne pas l'opposition de la classe ouvrière comme l'avait noté le négociateur pour GM&S Industry : «Ce qui leur est reproché, c’est un mouvement social qui avait conduit au blocage de l’approvisionnement il y a plusieurs années, ainsi que la défaillance des deux derniers repreneurs».

Dès que le gouvernement qui sera avec Macron sera stabilisé après les élections législatives, il voudra lancer l'offensive contre les travailleurs pour rendre l’économie française plus compétitive.

La défense des travailleurs de GM&S nécessite l'élargissement de la lutte aux travailleurs des autres branches pour préparer un mouvement politique contre les licenciements de masse que prépare Macron et la bourgeoisie dans son ensemble. Le rôle des syndicats, comme le démontre entre autres le cas de GM&S, sera de temporiser le plus possible et puis d'engager les luttes sous les conditions les plus défavorables, en les isolant, afin de ne pas trop déstabiliser Macron.

Les travailleurs ne pourront remporter aucune victoire réelle sans ôter le contrôle de leurs luttes aux appareils syndicaux et lutter indépendamment de tous les partis et organisations liées au PS et à Macron. Pour cela il faut que les travailleurs rompent avec les syndicats qui font partie prenante de la politique d'attaques contre les acquis sociaux et les emplois des travailleurs, et qu'ils luttent sur un programme révolutionnaire, internationaliste et socialiste.

 

 

 

 

 

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